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L’estime de soi ça ne se trouve pas dans une boîte de Cracker Jack

durée 18h00
15 octobre 2023
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Alexandra Loiselle-Goulet

Du plus profond dont je me souvienne, je n’ai jamais eu une bonne estime de moi. Je me trouvais laide, grosse, différente des autres… Et pourtant, je ne l’étais pas. Mais d’où venais donc ce manque ?

Au fil des thérapies que j’ai suivies, j’ai compris. TSÉ la phrase anodine « t’es belle ! » ? On ne me l’a jamais dit ! Faut toujours que je le demande… « Me trouves-tu belle ? »

Et la réponse à ma question est rarement convaincante. Donc la base de mon estime de moi-même a été mal construite. Et les répercussions ont été désastreuses.

TSÉ la petite rondelette qui se faisait dire « C’est du gras de bébé, tu vas le perdre, inquiète-toi pas… » c’était moi. Sauf que ce « supposé gras » est resté jusqu’à la fin de l’adolescence… Tu imagines, les pensées qui se faufilaient dans ma tête ? Pourquoi, les filles de mon école ont des amoureux et pas moi ? Pourquoi, les filles ont toutes l’air plus belles que moi ? Pourquoi, j’ai des épaules carrées comme des joueurs de football ? Pourquoi, pourquoi et re pourquoi.

L’anxiété d’être aimé a débuté dans ces âges-là. J’ai commencé à nourrir mon hamster.

J’ai toujours été entouré de gens minces. Personne de ma famille à un surplus de poids sauf moi. Dès que je m’enthousiasmais sur le nouveau restaurant du coin ou que je me faisais une joie de choisir ce qu’on mangerait pour Noël, on se faisait un malin plaisir de me pincer le gras du ventre et de me dire gentiment « Si j’étais toi, je ne penserais pas à manger, tu as des réserves… » Comment veux-tu ne pas être complexée ? Comment veux-tu te trouver belle ?

Au fil des années, j’ai développé de la jalousie pour les femmes qui m’entourait. Mes amies que j’admirais, mes collègues de travail et surtout ma mère. Comment une femme aussi belle et aussi parfaite physiquement avait pu enfanter une petite boulotte ? Je ne le sais ben pas.

La regarder me renvoyait toujours à ce dont je rêvais, être svelte. Je m’amusais à l’admirer durant qu’elle s’habillait pour sortir. Quelle belle femme ! Mais la colère était présente. J’en voulais donc à la vie.

Et quand tu te tapes sur la tête à propos de quelque chose, crois-moi, c’est vraiment pas long que tu continues ce manège sur d’autres sphères de ta vie. J’étais juste une pas bonne, je n’avais pas de qualités, j’étais une mauvaise personne, etc. (J’arrête, car j’en aurais pour longtemps et je crois que tu comprends le principe)

Mon humour par contre, m’a souvent sauvé la vie. Lorsque tu es drôle, tu monopolises l’attention, les gens t’aiment et toi en retour tu reçois ce dont tu as besoin, des compliments. C’est paradoxal non ? Je ne te le fais pas dire.

J’aurais aimé être la plus belle dans le regard de mon père. J’aurais aimé qu’il me trouve fine, drôle, intelligente. Mais malheureusement, ce ne fut pas le cas. Du moins si ce l’était, il l’a bien gardé pour lui. J’ai dû reconstruire mon estime pièce par pièce après l’avoir galvaudé à droite et à gauche. Car à force de l’avoir tellement cherché, je me suis rendu malade. Mais sérieusement dans mon cas, ç’a été salutaire.

On dit souvent que nous faisons l’inverse avec nos enfants que ce que nos parents nous ont fait… Avec ma fille sur ce point, c’est vrai. Je dois lui dire que je l’aime 1000 X plus tôt qu’une.

Je dois lui dire qu’elle est belle 800 X par jour. Elle a juste 10 ans, mais je lui rappelle souvent que l’important, c’est d’être fière de soi-même et que la vie est une montagne de sentiments positifs et négatifs. Je tiens bien honnêtement qu’elle ne vive pas le vide et le désarroi que j’ai vécu.

Aujourd’hui, je suis bien avec moi-même… Ben je suis en cheminement. Je suis taille plus et je souhaite être bien dans ma peau, enfin. Je veux être ce genre de modèle pour elle et pour chaque fille qui se regarde avec dédain. Je pars de très loin et j’y arrive, tranquillement. Être en santé, bouger et surtout être heureuse d’être moi.

Alexandra