Oublie ça la pilule miracle ça existe pas
Alexandra Loiselle-Goulet
Une pilule, une petite granule, une crème, une pommade… Tu as maintenant la chanson en tête hein ? Avoue que je commence fort ! Non, plus sérieusement, je vais te parler d’antidépresseurs. La pilule qui te fait peur, celle que tu redoutes à cause des effets secondaires possibles et aussi celle qui te permettra peut-être de remonter du fond de ton baril. La pilule miracle ? Non.
J’ai pris des AD (tu auras compris que c’est le diminutif d’antidépresseur right ? Fiou, je voulais être certaine) pendant plusieurs années. J’en ai pris pour plusieurs raisons. Dépression, anxiété et SPM tellement fort qu’il me donnait des pensées suicidaires tous les mois. Désagréable tu dis ? L’enfer une semaine par mois. J’ai commencé mon aventure avec ce type de pilule à l’âge de 26 ans. Une tentative de suicide suivi d’une dépression majeure m’y a obligé.
Cette fameuse pilule dont tout le monde parle
Je n’ai franchement pas aimé ma première expérience. J’avais des symptômes tellement désagréables que ça camouflait le côté positif. Des nausées, de la fatigue au point de ne pas sortir du lit et la tête qui me tourne comme si j’avais bu comme seul Éric Lapointe sait le faire.
Le délai de carence passé (comme tu dois le savoir, mais je l’explique aux gens qui n’en ont jamais pris, ça prend en moyenne de 4 à 6 semaines pour que les effets agréables commencent ! C’est long, je te l’accorde.) Je continuais à vouloir disparaître de la surface de la Terre. Je me sentais tellement larve que je m’habillais même pu… On s’entend que ce n’est pas de bon augure ! J’ai vu mon doc et up, on change le médicament.
Faire de l’exercice au lieu de prendre cette pilule ?
Après quelque temps sur la 2e pilule, je me sens enfin mieux. Pas que ma vie était devenue rose et pleine de licornes, mais j’étais maintenant capable de m’endurer, de sourire et de revoir mes amis. Donc 6 mois plus tard, je parle à mon doc et il voit que je vais mieux, que j’ai recommencé à travailler et que je m’entraine alors il me suggère de l’arrêter.
J’avais quand même pris 40 livres et même en bougeant, ma graisse restait coller à mes hanches comme du miel après les doigts. Il me dit en mots clairs : « Alex, à la dose que tu prends, la sérotonine que t’apporte l’entrainement est presque équivalent ce que la pilule te procure. Veux-tu essayer de la sevrer ? » Que penses-tu que j’ai répondu ? OUIIIIIII !
Le crash après la tempête
L’arrêt de la pilule a fonctionné pendant quelques années. Mais plus l’anxiété gagnait du terrain dans ma tête, plus je perdais complètement la carte ! Je ne me contrôlais plus. J’étais prisonnière de ma tête.
Je t’avoue que ma thérapie sur la gestion de l’anxiété et pour mon trouble de la personnalité limite est arrivée juste point. J’étais en train de cracher. Louis-H Lafontaine et le Dr David m’ont sauvé la vie. Je me suis rendu compte que peu importe la pilule que tu prends, si tu ne travailles pas sur toi, ça ne fonctionnera jamais vraiment.
La pilule est un pansement qui t’empêche de saigner
Ne crois pas au miracle. Pour être bien avec ses problèmes de santé mentale, il faut de l’effort et de la volonté. Si tu joues à la victime, mais que tu prends ta petite pilule, ben je t’annonce que lorsque tu essayeras de lâcher ta béquille, tu tomberas !
La pilule t’aidera à calmer tes émotions lorsque l’anxiété monte pour que justement ton jugement ne soit pas guidé que par elles. Pour avancer dans un changement de mentalité, tu as besoin de ton côté « raisonnable ». Je sais que trouver la bonne molécule et le bon dosage peut être très ardu (j’en suis la preuve, après 5 essais, je n’ai toujours pas trouvé vraiment), mais ne lâche pas. Et surtout, svp, aime-toi assez pour travailler sur toi-même.
Tu es responsable de tes actions et c’est important d’en prendre conscience. Si tu travailles fort, crois-moi, la vie te montera que tu avais raison de persévérer.
Je sais que ce n’est pas facile, je suis de tout cœur avec toi
Courage
Alexandra
PS Svp, ne fais aucun changement de dose ou ne décide pas d’arrêter par toi-même. Consulte ton médecin (je sais ce n’est pas facile). C’est ensemble que vous trouverez la bonne solution.