Trop ressentir les émotions, c’est l’enfer
Alexandra Loiselle-Goulet
Ressentir les émotions, c’est normal, tu me diras. Sauf que… trop les ressentir, c’est l’enfer. Ferme tes yeux et imagine un volcan en éruption. C’est exactement ça ! Tout est à puissance 1000 ! Quand je te dis tout, c’est TOUT ! C’est ça, en autre, être TPL.
Bon, tu n’as jamais lu sur ce trait de personnalité, je te prie svp d’aller faire tes devoirs. Mais en gros, le trouble de personnalité limite est une tempête intérieure difficile à maitriser.
Quand je ressens de la peine
Je suis assis, tout bonnement, et j’écoute un film avec des chips au ketchup (pas de jugements ici, j’adore les chips pis n’importe quelles sortes en plus !). La fille s’amourache du beau soldat pis il doit partir à la guerre. Comme tu devineras, ils s’écrivent et bref elle se tanne de l’attendre… Il a de la peine et tu sais quoi ?
Moi aussi. Je me mets à pleurer. Une vraie fontaine. Tu crois que ça s’arrête là ? Le film est terminé que je suis encore tourmentée. Je ressens SA peine. Je feel un mauvais coton comme si c’était mon histoire. Je sais c’est lourd. Tu ris, hein ? Penses-y deux minutes. Si je ressens tout ça pour un film… tu ne veux pas me voir dans un enterrement ou à l’annonce d’une mauvaise nouvelle.
Quand je ressens de la colère
Une chose est certaine, je ne passe pas inaperçue. Lorsque je suis en colère, je grogne. Que ce soit pour une injustice ou une banalité (ben pour les autres, car pour moi, ce n’est jamais banal), je monte aux barricades. Je défends la veuve et l’orphelin, je m’assure que les règles soient respectées ou que mon entourage soit dans leur droit. J’ai des valeurs et j’y tiens mordicus.
Pas de compromis (avec l’âge et les thérapies, tout ce paragraphe est tout de même en voie d’extinction, mais en SPM ou dans des journées plus anxieuses, je suis encore comme ça). Si je me fâche, tu le sais. J’ai l’air d’une folle, je le sais. Mais honnêtement, lorsque je suis dans cette émotion, je m’en fous. Par contre, la culpabilité traine souvent derrière… La sagesse vient avec le temps. J’y arrive doucement.
Quand je ressens de la passion
Les TPL, souvent, sont des gens passionnés. Passionnés des arts, créatifs et engagés socialement. Ce qui fait que lorsque la discussion tourne autour de ce que l’on aime, on l’exprime, fort. J’évite de parler de politique ou de religion parce que ça se peut que je m’emporte. Je suis une fille d’opinions !
J’écoute celle des autres, ne t’imagine pas le contraire, mais je t’avoue que j’ai un faible pour les débats d’idées. Ça me nourrit tellement ! Sauf que trouver des gens aussi passionnés que moi, ce n’est pas évident.
Mon dieu Alex relaxe ! Même si on en parle toute la soirée, ça ne changera pas le monde !
Pour moi oui, ça change mon monde.
Quand je ressens de la joie
Lorsque je suis heureuse, je le suis pas à peu près. Ça frise l’euphorie ! Que ce soit parce que je trouve un 5 $ par terre ou parce que ma banque m’a fait un virement en trop ou ben parce que j’ai reçu mes nouveaux cahiers commandés sur Amazon, le bonheur je le ressens. Me semble que je danserais comme dans « Singin' in the Rain » avec mes bottes d’eau pis mon beau chapeau !
Bon mauvais exemple, je déteste la pluie. Ah ! comme dans la Mélodie du bonheur alors ! La vie est belle, les oiseaux chantent (dans ma tête) le vin est bon ! J’ai le cœur gonflé de ce sentiment si précieux. Ces instants de folies sont tout simplement magiques. Je te souhaite au moins une fois de ressentir tout ça.
Les émotions doivent être vécues. Les miennes le sont amplement. J’ai souvent passé pour une folle, une fille avec de grosses ambitions, une colérique, une braillarde. J’ai été une fille qui a longtemps pensé qu’elle était trop. Je me suis dépréciée plus qu’à mon tour. Mais tu sais quoi ? En somme, je suis une fille qui ressent.
Souvent, ça fait mal. Mais au final, je me sens vivante. Et pour ça, je ressens de la gratitude d’être moi, tout simplement.