L’automutilation — Quand le mal te fait du bien.
Alexandra Loiselle-Goulet
L’automutilation est un geste complexe. Plusieurs significations peuvent être reliées à cet acte manqué. Il est souvent pratiqué chez les adolescents de plus de 15 ans et chez les gens avec un trouble de personnalité limite. Parlons en détail de ce comportement peu orthodoxe.
D’où ça vient l’automutilation ?
Cette action peut avoir une dimension religieuse et/ou culturelle dans certains coins de la planète. Tu me diras culturelle ? Se faire mal ? La réponse est oui ! Dans certaines cultures, il y a des rites de passage fait par des marquages aux corps (tu te souviens de l’indien Lakota ? Sa tribu en est un exemple.) Ou tout ça peut être aussi un geste d’appartenance à un groupe comme les Marins américains ou simplement des détenus en prison.
Sache que si les critères d’intégration sociale, d’esthétisme (comme un tatou ou un piercing) ou de rituel de passage à l’âge adulte ne sont pas présents, le comportement prend une tournure pathologique.
Mais Alex, c’est quoi coup donc l’automutilation ?
L’automutilation c’est se faire mal à soi-même (je sais que tu avais compris, mais je pars de la base !) Mais pourquoi s’infliger ça ? L’automutilation est utilisée pour faire face à des émotions ou des situations difficilement gérables.
Souvent, les individus se sentent dépassés par tout ce qu’ils leur arrivent et prenne cette manière d'agir pour canaliser leur stress. Drastique comme moyen ? Malheureusement, c’est le seul moyen qu’ils connaissent et qui fonctionne, alors ils s’y rattachent. À partir de ce moment, le cercle vicieux débute…
Mon adolescent se mutile, pourquoi ?
1 ado sur 6 s’automutilera pour une raison ou pour une autre. Un chiffre jugé conservateur par le Children Hospital, mais la réalité pourrait être tout autre. Ce comportement touche autant les filles que les garçons. Les coupures faites avec rasoirs, lames, couteaux ou ciseaux représentent la forme d’automutilation la plus utilisée.
Souvent, ils se blessent au bras, aux jambes et au torse pour être certains que l’endroit peut être couvert par un morceau de vêtement. L'automutilation est le résultat de gros tourments intérieurs fréquemment dû aux expériences très douloureuses et non résolues. Le tout peut être un contrecoup de l’intimidation en milieu scolaire et/ou violence psychologique, sexuelle ou physique. Ce geste malsain est en quelque sorte un mécanisme de défense dû à la détresse qui les hantent. Ce comportement peut devenir très addictif.
Qu’est-ce que je fais maintenant ?
Je sais, c’est difficile à entendre pour toi qui es parent (ou qui tu aimes simplement quelqu’un qui s’adonne à cette activité). Sache que tu as des ressources. L’individu qui s’automutile a couramment l’impression d’être une mauvaise personne. Il croit qu’il mérite le mal qu’il se fait. Svp, aide-le à changer cette perception.
Voici quelques pistes :
• Dites-lui que vous l’aimez et souvent à part ça !
• Expliquez-lui que vous êtes en mesure de l’écouter sans jugement (très important)
• Ne jamais faire sentir ton ado coupable ou honteux de son geste. Ne montre pas de dégoût ou de répulsion envers lui. Vous allez alimenter la problématique.
• Faites-lui écouter des films tristes ou des comédies. L’important c’est qu’il ressente et ses émotions autrement qu’en se blessant.
• Faites-lui beaucoup de câlins. Les accolades font s’écrêter l’hormone ocytocine. Cette substance chimique nous attache aux autres.
• Et dernier truc, ne lui dites pas d’arrêter son comportement (sérieusement, il se sait que ce n’est pas sain), car si c’était aussi simple que ça, il n’en serait pas là. Si tu le prives drastiquement de son geste, ce peut être dangereux et pourrait faire monter son impulsivité. Tu ne veux pas ça hein ?
Va chercher de l’aide
Je t’en prie, ne garde pas ce fardeau sur tes épaules. Va chercher de l’aide d’un professionnel. Le psychologue, le travailleur social, le TES ou le psychiatre (pédopsychiatre pour ton ado) pourront fouiller et l’aider à résoudre son problème subjacent.
Je sais, ce n’est pas facile pour toi, mais courage, c’est une problématique qui se règle bien, lorsque traitée. C’est une bonne nouvelle ça non ?
Courage
Alexandra