Annoncé il y a eu peu plus d’une semaine, le début des travaux de construction d’une conduite d’amenée d’eau potable et du remplacement du système de traitement des eaux usées dans le secteur du Domaine-en-Haut, à Vaudreuil-Dorion, ne fait pas l’unanimité dans le quartier.

Depuis 2010, les quelque 43 résidences du quartier résidentiel sont visées par un avis d’ébullition après qu’un virus Coliphage-F spécifique (E.coli) et une concentration élevée en chlore aient été détectés dans le puits artésien commun.

Néomédia est allé à la rencontre de quelques citoyens du secteur et a été à même de constater qu’il est impossible de boire une claire et limpide. D’une couleur jaunâtre avec des particules en suspension, l’eau offerte par une résidente avait une forte odeur de soufre.

À lire également

Eau potable et eaux usées du secteur Domaine-en-Haut: les travaux débuteront cet automne

« Je ne donne même pas de cette eau à mon chat »

Déménagée dans le secteur en décembre dernier, Nancy Campbell habite une modeste maison mobile, du secteur, avec ses deux enfants et leur chat. « Avant d’acheter la maison, personne ne m’a avisé de la situation de l’eau. Si j’avais su, jamais je ne serais déménagé ici », confiait-elle en disant s’inquiéter pour sa santé et celle de ses proches.

« Parfois, l’odeur de chlore et de soufre est tellement forte, que ça donne le goût de vomir. Quand on remplit la baignoire, l’eau est brune. Au début, ma fille refusait de prendre son bain. Je ne donne même pas de cette eau à notre chat et je ne cuisine pas avec. Même bouillie, je ne prendre pas de chance. À long terme ça peut être dangereux pour notre santé ».

Selon Santé Canada, la consommation d’eau infectée à la bactérie E.coli peut causer d’importants dangers pour la santé.

Certaines personnes peuvent être gravement malades et devoir être hospitalisées. Dans de rares cas, des symptômes potentiellement mortels peuvent se manifester, notamment :

• insuffisance rénale

• accident vasculaire cérébral

• convulsions (tremblements graves et incontrôlables du corps)

La majorité des gens se rétablissent complètement. Par contre, d’autres peuvent souffrir d’effets permanents sur leur santé, comme des dommages aux reins.

Réparer oui, mais à quel prix ?

Un autre propriétaire qui a préféré parler sous le couvert de l’anonymat ne tient pas à ce que les travaux se fassent. Rencontré chez lui, l’homme a laissé savoir être totalement en désaccord avec le projet. « Ça fait une vingtaine d’années que j’achète mon eau en bouteille et j’aimerais mieux que ça reste comme ça. Là, ils vont nous raccorder à l’usine et il va falloir que l’on paye ? Non merci, je vais continuer d’aller acheter mon eau ».

Une pétition signée par les résidents du secteur avait d’ailleurs été déposée à la Ville en 2010. Les citoyens s’étaient alors fortement opposés aux travaux.

Pour sa part, Nancy Campbell voit le projet annoncé par la Ville d’un bon oeil. Cela dit, à l’instar de son voisin, l’idée de voir son compte de taxes municipales augmenter ne l’enchante guère. « Je ne comprends pas pourquoi nous devrions payer pour avoir accès à de l’eau potable. Les municipalités ne sont-elles pas dans l’obligation de desservir leurs citoyens en eau ? Il me semble que ça devrait être la norme non? », se questionne la résidente.

Il suffit de quelques recherches pour comprendre que non, rien dans la réglementation n’oblige une municipalité à alimenter en eau potable sa population. Qui plus est, « la municipalité peut décider qu’elle n’implantera pas de services d’aqueduc et d’égout à l’extérieur des périmètres d’urbanisation et des zones prioritaires d’aménagement identifiés au schéma d’aménagement et de développement afin de concentrer le développement urbain dans les secteurs viabilisés et « viabilisables », pouvons-nous lire sur le site du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

Qu’ils le désirent, ou non, les travaux se réaliseront dès cet automne et inévitablement tout le monde verra son compte de taxes municipales augmenter.

Dans une lettre acheminée aux propriétaires du secteur du Domaine-en-Haut en juin dernier, et dont Néomédia a eu copie, on indique que les frais seront repartis à l’ensemble des citoyens de Vaudreuil-Dorion selon la répartition suivante: 74% aux résidents du Domaine-en-Haut et 26% à l’ensemble de la Ville.

Aux dires de la Ville, aucun citoyen ne s'est prononcé sur le dossier, à la suite de la réception de la missive. Une séance d'information a été tenue et aucune question n'a été posée. Ne voyant aucune opposition au règlement d'emprunt, le conseil municipal a finalement adopté le règlement d'emprunt tel que présenté aux citoyens.

Ainsi, il a été estimé que pour les résidents directement touchés, la charge fiscale supplémentaire annuelle s’élève à près de 1587$/année, et ce, pour une période de 30 ans. Ce montant inclut les travaux de construction de l'amenée de la conduite d'eau potable, mais également, le remplacement du système de traitement des eaux usées et est basé sur une évaluation foncière s'élevant à 200 000$.

À ce jour, aucune date n’a été confirmée pour le début des travaux.