Systèmes hautement technologiques
La complexité des véhicules risque de créer des problèmes sur les routes
Par La Presse Canadienne
Des associations faisant la promotion de la sécurité sur les routes veulent attirer l’attention des autorités et des consommateurs sur les risques que représente la complexité toujours plus grande des véhicules.
De plus en plus de systèmes hautement technologiques sont installés dans les véhicules, mais cela ne les rend pas nécessairement plus sûrs.
Tesla est un exemple. L’entreprise a subi les foudres de ses détracteurs en permettant que des jeux vidéo soient installés sur la console et puissent être lancés pendant que le véhicule se déplace.
Mais même les actions les plus normales, comme changer la musique ou utiliser le système de navigation, peuvent distraire sérieusement le conducteur.
«C’est de plus en plus un problème majeur, souligne Ian Jack, vice−président aux affaires publiques à l’Association automobile canadienne (CAA). C’est devient de plus en plus difficile pour les gens de s’occuper de toutes ces choses dans un véhicule.»
Prise individuellement, chaque innovation est un bien en soi, mais c’est le fardeau cumulatif sur les épaules du conducteur qui pose problème, souligne M. Jack.
«La quantité de distractions potentielles que ces technologies ajoutent à la conduite est le vrai problème.»
La CAA prévoit de lancer bientôt une campagne de sensibilisation afin de mieux renseigner les conducteurs des risques d’êtres distraits au volant par des systèmes de divertissement.
La distraction au volant devient une des causes croissantes du nombre d’accidents graves sur les routes.
Selon les données du Traffic Injury Research Foundation, un accident mortel sur quatre était provoqué par un conducteur distrait en 2018.
Selon Robyn Robertson, la directrice générale de la fondation, la distraction a rejoint la conduite avec les facultés affaiblies à ce chapitre.
«La distraction au volant est même plus préoccupante, car ce sont les autres qui sont menacés. Ce sont les autres utilisateurs de la route qui risquent le plus d’être blessés ou tués», dit−elle.
Des systèmes de divertissement encore plus complexes peuvent contribuer au problème. Une recherche réalisée par l’Université de l’Utah en collaboration avec l’ AAA Foundation for Traffic Safety démontre que les systèmes installés dans les véhicules sollicitent de plus en plus les capacités visuelles et mentales des conducteurs. Certaines tâches nécessitent parfois jusqu’à 48 secondes. Une autre recherche indique que ce sont les conducteurs plus âgés qui peuvent être le plus distraits par ces systèmes.
Les fabricants tentent de résoudre ce problème, en améliorant leur système de commande vocale, mais celui−ci engendre ses propres dangers, soulève Mme Robertson.
«Les conducteurs enlèvent souvent leurs yeux de la route pour regarder les systèmes technologiques et s’énervent quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent.»
En même temps, les fabricants voient aussi l’évolution du marché et ressentent la nécessité d’ajouter des options comme des écrans plus larges ou un plus grand nombre de moyens de divertissement, ajoute−t−elle.
«La demande des consommateurs pour des produits qui ne sont pas nécessairement pas sûrs dans un véhicule est un défi pour eux. Comment peut−on parvenir à un équilibre, car il faut que tous les manufacturiers s’entendent là−dessus.»
Transports Canada a présenté en 2019 des lignes directrices sur la distraction au volant, mais aucune n’est réglementaire.
Une porte−parole du ministère, Sau Sau Liu dit que l’agence «encourage les fabricants de voitures et de systèmes électroniques à concevoir des appareils compatibles à une conduite sûre et à respecter tous les conseils de sécurité pertinents».
Elle ajoute que Transports Canada compte mettre à jour ses lignes directrices au fur et à mesure que les moyens technologiques évoluent.
Les fabricants automobiles comme Tesla, GM, Ford n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue de La Presse Canadienne. Bradley Horn, un porte−parole de Stellanis, le groupe mondial qui détient Chrysler, souligne que l’entreprise a adopté des mesures pour réduire la distraction au volant.
Toutefois, les conducteurs doivent apprendre à se familiariser avec tous ces boutons et ses systèmes avant d’aller sur la route avec leur véhicule, dit M. Jack.
«C’est une façon de comprendre pour le consommateur qu’il existe aujourd’hui plus de choses distrayantes dans un véhicule qu’il y a quelques années. Il faut aussi lui faire comprendre que l’on doit réduire le plus possible ces distractions.»
Ian Bickis, La Presse Canadienne
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