Retour sur un siècle d’interventions
Saint-Polycarpe : Cent ans de feu et de mémoire
Fondé en 1925, le service incendie de Saint-Polycarpe célèbre cette année son centenaire. Un jalon important qui met en lumière une brigade bien ancrée dans son milieu, entre tradition familiale et modernisation constante.
Des pompes manuelles aux camions de dernière génération, les interventions ont évolué, tout comme les équipements et les procédures. Portée par un fort sentiment d’appartenance, la brigade actuelle rend hommage à ceux et celles qui, depuis 100 ans, assurent la sécurité des citoyens, souvent de père en fils.
« Cent ans de bons services je dirais. Nous avons une belle réputation au niveau du service d'incendie, en termes de rapidité et de qualité des interventions. Nous sommes fiers de fêter notre centième et nous sommes fiers de nos pompiers surtout », confiait à Néomédia, le maire de Saint-Polycarpe, Jean-Yves Poirier, qui a d'ailleurs fait partie de la brigade pendant 23 ans.
Une brigade née d’une vision municipale
L’histoire du service incendie de Saint-Polycarpe remonte à novembre 1925, alors que le conseil municipal adopte un règlement visant à doter la localité d’un système officiel de protection contre les incendies. Quelques semaines plus tard, le 7 décembre, les conseillers Napoléon Pharand et Joseph Montpetit proposent l’acquisition d’une pompe et d’équipements spécialisés.
Ce n’est toutefois qu’en février 1926 que le ministère des Travaux publics donne son aval, accompagnant le projet d’une subvention couvrant la moitié des frais pour l’équipement, la construction de la caserne et l’aménagement de deux réservoirs d’eau souterrains de 25 000 gallons chacun.
Le 1er mars 1926, la première brigade voit le jour. Elle compte alors 17 membres, sous la direction d’Avila Gareau, nommé chef, et de Joseph Montpetit, sous-chef.
Une première caserne de bois, au cœur du village
C’est au mois de mai suivant que la Municipalité accepte un terrain offert par Ernest Léger, au coût de 200 $, pour y ériger la toute première caserne. Les travaux sont confiés à Antoine Ranger, pour un montant de 2 200 $. En parallèle, d’autres terrains sont acquis pour l’aménagement de bassins d’eau.
Le bâtiment en bois, d’une superficie de 20 par 25 pieds, est muni d’une tour de séchage de 50 pieds de haut. Durant la crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale, la caserne devient même un refuge temporaire pour les plus démunis, leur offrant chaleur et abri.
La caserne de Saint-Polycarpe est stratégiquement située au centre du village, à proximité de l’hôtel de ville, mais surtout de la rivière. Un élément non négligeable à l'époque. « La rivière était la principale source d'eau à l'époque. Au début, il y avait une énorme pompe sur une remorque. Il y a avait des descentes spécifiques aménagées aux abords de la rivière avec en bas des garde pour recevoir et retenir la pompe. On mettait un tuyau dans la rivière pour pomper l'eau. C'est le camion qui retenait la pompe », explique Jean-Pierre Ménard, capitaine de la brigade et conseiller municipal.
Aujourd'hui, cette localisation permet une rapidité d’intervention exceptionnelle. « C’est un atout majeur. Quand chaque minute compte, savoir qu’on peut être sur les lieux très rapidement fait toute la différence », a fait valoir le directeur du Service incendie, Michel Bélanger.
Une tradition familiale bien vivante
L’histoire du service est jalonnée de noms emblématiques. Plusieurs familles ont vu leurs générations successives enfiler l’uniforme.
Des noms comme Bourbonnais, Pharand, Desjardins et Poirier reviennent souvent. « C’est de père en fils, parfois même trois générations. C’est ce sentiment d’appartenance qui fait la force de notre brigade », souligne le maire.
Des moments marquants, gravés dans les mémoires
En un siècle, les pompiers de Saint-Polycarpe ont été témoins de drames humains et de moments déterminants. Ils se souviennent d’une église ravagée par les flammes, d’un feu dans une coopérative qui abritait des munitions, ou encore d’un incendie majeur lors de la construction d’une école.
« Saint-Polycarpe, c'est un petit village. À l’époque, on se connaissait tous. Il arrivait souvent qu’on intervienne chez un voisin, un ami ou un membre de notre famille. Ce sont des scènes qu’on n’oublie pas », se remémore avec nostalgie M. Poirier.
Parmi les événements majeurs qui ont marqué l'histoire de la brigade de Saint-Polycarpe, soulignons l'incendie de l'école Notre-Dame-du-Rosaire, au coin de De Beaujeu et de l'Église en 1962, l'incendie de l'hôtel Central en 1957 ou plus près de nous, le déraillement d'un train du Canadien Pacifique en 2018.
« Ce qu’on vit sur le terrain laisse des traces. On n’en parle pas toujours, mais ce qu’on vit laisse des traces. Heureusement, aujourd’hui, on a un meilleur encadrement pour en parler entre nous, faire des débriefings, reconnaître les signes de stress post-traumatique », poursuit M. Ménard.
Un service essentiel à prix équitable
Malgré les idées reçues, le coût du service incendie pour la population reste modeste. « On offre un service cinq étoiles, capable d’intervenir lors d’incendies, mais aussi de tempêtes, d’inondations, de chaleur extrême ou de fils électriques tombés », précise Michel Bélanger, en rappelant l’importance de la collaboration intermunicipale avec Sainte-Marthe, Sainte-Justine ou Rivière-Beaudette.
Célébrer le passé, préparer l’avenir
Pour souligner le centenaire, plusieurs événements sont prévus d’ici la fin de l’année. Le 23 août, dans le cadre de la Fête familiale, une journée spéciale réunira petits et grands autour d’un défilé de camions, de démonstrations et d’activités.
Un gala hommage est également prévu en fin d’année pour honorer les anciens pompiers, tandis que des capsules vidéo sont diffusées sur les réseaux sociaux municipaux. Un un ouvrage commémoratif est en cours de préparation afin de pérenniser cette mémoire collective.