Journée internationale de la femme
Chantal Bédard: portrait d'une femme engagée et passionnée

Par Félix Sabourin, Journaliste
Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, qui aura lieu ce vendredi 8 mars, Néomédia met en lumière des femmes qui se distinguent au quotidien. Qu'elles brillent sur le plan personnel ou professionnel, ces femmes méritent d’être sous les projecteurs en cette journée significative.
Parmi elles, Chantal Bédard, directrice générale de Csur la télé, incarne l’engagement et la passion. Pour elle, l’inspiration ne vient pas d’une femme en particulier : « Ce sont les femmes de mon passé qui m’inspirent. Les membres de ma famille, les générations avant moi, qui ont construit le Québec. »
Une vision humaniste du féminisme
Chantal Bédard estime que le féminisme d’aujourd’hui diffère de celui d’autrefois. Elle reconnaît qu’à une époque, les femmes étaient traitées comme des citoyennes de seconde classe et que ces combats étaient essentiels. « La beauté du féminisme avait toute sa place à l’époque, il fallait agir pour changer les choses. Aujourd’hui, c’est plutôt une question de respect. »
Selon elle, si les différences physiologiques existent, l’égalité doit être la norme sur le plan sociétal. Elle met toutefois en garde contre les extrêmes, qu’ils soient masculinistes ou féministes, soulignant que « l’excès, dans un sens ou dans l’autre, n’est jamais souhaitable. »
Elle perçoit ces mouvements radicaux comme le reflet d’une insécurité et d’une incompréhension croissantes. « Les plus grands contrôlants sont souvent les plus insécures. Dans une société marquée par l’incertitude, il est normal que le conservatisme prenne de l’ampleur, car les gens se replient sur ce qu’ils peuvent contrôler. » Malgré tout, elle demeure optimiste. Selon elle, ce phénomène est un réflexe humain naturel et, une fois l’anxiété sociale dissipée, les choses vont retrouver leur équilibre.
Remettre l’humain au centre
Chantal Bédard préfère se qualifier d’humaniste plutôt que de féministe. Elle déplore la tendance actuelle à apposer des étiquettes sur tout et à compartimenter les identités. « Chaque histoire a sa subtilité. Que tu sois homme, femme ou d’une autre nationalité, on aime mettre des étiquettes, et ça me dérange. Il faut arrêter de segmenter et remettre l’humain au centre. Moi, j’aime les humains avant tout. »
Elle souligne également que ce manque de nuance efface les singularités de chacun. « Rien n’est tout noir ou tout blanc. Le monde est rempli de zones grises, et c’est ce qui fait sa richesse. » Pour elle, c’est dans ces nuances que naissent les plus belles histoires, celles qui témoignent d’une véritable expérience de vie.
Un engagement bénévole devenu une vocation
En 2010, Chantal Bédard découvre une annonce dans un journal local concernant une initiative citoyenne à Très-Saint-Rédempteur visant à créer une télé communautaire. Séduite par l’idée, elle s’implique dès les débuts et devient l’une des membres fondatrices de Csur la télé. Attirée par son modèle collectif de prise de décisions, elle y voit une occasion unique de contribuer à sa communauté. Pendant cinq ans, elle y travaille bénévolement.
En 2015, elle en prend officiellement les rênes en tant que directrice générale. Son objectif : structurer l’organisation et moderniser son approche. « Ça allait un peu dans tous les sens. Je l’ai réorganisée pour lui donner plus de rigueur et rendre le projet encore plus intéressant. »
Elle souhaitait également opérer un virage numérique et privilégier le web plutôt que le modèle traditionnel de télévision. « Dès nos premières émissions, nous avons parié sur le web plutôt que sur la télé traditionnelle. Dès 2010, nous avions notre propre chaîne YouTube et nous avons été l’une des premières télés communautaires au Québec à être présentes sur les réseaux sociaux. »
En 2025, Csur la télé célèbre ses 15 ans, une longévité remarquable dans le paysage médiatique actuel. « C’est notre 15e année d’opération. Beaucoup de médias ont disparu, mais nous sommes encore là. » Pour Chantal, la clé du succès repose sur le travail acharné de son équipe, qui mise avant tout sur la qualité du contenu.
Préserver l’importance des médias régionaux
Dans un contexte où les médias régionaux traversent une crise majeure, Chantal Bédard se bat pour assurer la survie de Csur la télé. Elle déplore la dévalorisation des médias locaux et la perte de confiance du public envers les journalistes, un phénomène qui nuit à toute la profession.
« Il y a encore des gens qui disent s'informer sur Facebook, même si les médias crédibles canadiens n'y sont plus autorisés... C'est quoi l'information qu'ils trouvent ? C'est quoi le journal ? » explique-t-elle, alors que l’entreprise Meta interdit encore aux médias canadiens de publier leur contenu sur les réseaux sociaux.
Elle s’inquiète de la visibilité décroissante des médias régionaux, alors que le public se tourne vers de grandes plateformes ou vers des créateurs de contenu qui se prétendent journalistes. « Nous en sommes là parce que les journalistes n’ont pas fait leur travail d’éducation auprès du public pour encourager la consommation des médias régionaux. »
À travers son engagement pour Csur la télé et sa vision humaniste du féminisme, Chantal Bédard incarne une volonté de rassembler plutôt que de diviser. Convaincue que l’avenir des médias régionaux repose sur la qualité du contenu et la proximité avec la communauté, elle continue de défendre un journalisme local ancré dans le réel.
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