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La solitude augmenterait le risque de perte de mémoire liée à l'âge

durée 04h00
1 août 2024
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Par La Presse Canadienne

La solitude, surtout si elle est jumelée à un isolement social, augmente le risque de perte de mémoire liée à l'âge, prévient une étude publiée par des chercheurs de l'Université de Waterloo.

Au cours des six années qu'a duré l'étude, ce sont ainsi les adultes qui ont rapporté se sentir seuls et n'avoir que peu ou pas de liens sociaux qui ont présenté le déclin le plus marqué de leur mémoire. Les adultes qui rapportaient uniquement un sentiment de solitude arrivaient en deuxième place.

«Cela signifie que la solitude a un impact plus important sur la mémoire que l'isolement social», a résumé l'auteure de l'étude, la doctorante Ji Won Kang de l'École des sciences de santé publique de l'Université de Waterloo.

Les chercheurs de l'université ontarienne ont examiné quatre combinaisons d'isolement social et de solitude et leurs effets sur la mémoire d'adultes d'âge moyen et d'adultes plus âgés sur une période de six ans. Ces combinaisons comprenaient l'isolement social et la solitude; l'isolement social uniquement; la solitude uniquement; et ni l'un ni l'autre.

Il y a plusieurs nuances qu'il est important de saisir pour bien comprendre les conclusions de cette étude, a souligné Mme Kang. L'isolement social est le fait de ne pas avoir, objectivement, plusieurs relations sociales, a-t-elle précisé. Il peut s'agir d'un réseau social de petite taille, du fait de ne pas être marié, d'être à la retraite ou de vivre seul, ou encore de ne pas participer à plusieurs activités sociales.

La solitude, en comparaison, est une perception subjective du manque de relations sociales.

On peut donc être en situation d'isolement social sans pour autant souffrir de solitude. En revanche, comme on l'a réalisé pendant la pandémie, il est possible de souffrir de solitude tout en étant bien connecté socialement.

«On peut avoir plusieurs relations et amitiés, mais quand même se sentir seul lors de nos interactions avec les autres», a dit Mme Kang.

Les gens qui sont isolés socialement, a précisé la chercheuse, combattent possiblement le déclin de leur mémoire en pratiquant des activités qui les stimulent intellectuellement, comme la lecture ou des passe-temps qui font travailler leurs neurones.

Différents mécanismes peuvent expliquer cette association entre la solitude et le déclin de la mémoire, a dit Mme Kang.

«On associe la solitude à un stress chronique ou prolongé, a-t-elle dit. Et le stress peut libérer des hormones comme le cortisol. Il peut également activer l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (qui contrôle la réponse au stress). Et cela cause beaucoup de dommages aux neurones et aux connexions synaptiques qui contribuent à la mémoire.»

Les aînés de la catégorie des personnes seules ont souvent des revenus inférieurs à ceux des autres groupes et peuvent être confrontés à des obstacles structurels et à des problèmes de santé qui les empêchent de se connecter à leur communauté, ont fait remarquer les auteurs de l'étude. Une solution pourrait consister à mettre en place des programmes de transport ou de visites à domicile, afin de s'attaquer aux problèmes sociétaux qui les rendent plus isolés.

Le médecin en chef des États-Unis, le docteur Vivek Murthy, a mis en garde l'an dernier contre ce qu'il a appelé une «épidémie» de solitude, en rappelant que «la solitude et l'isolement augmentent le risque pour les individus de développer des problèmes de santé mentale au cours de leur vie, et le manque de liens peut augmenter le risque de décès prématuré à des niveaux comparables à ceux du tabagisme quotidien».

Plus précisément, dit l'avis publié par le département de la Santé et des Services humains des États-Unis, les conséquences sur la santé physique d'un manque ou d'une insuffisance de liens sociaux se traduisent par une augmentation de 29 % du risque de maladie cardiaque, de 32 % du risque d'accident vasculaire cérébral et de 50 % du risque de développer une démence chez les personnes âgées. En outre, le manque de liens sociaux augmente de plus de 60 % le risque de décès prématuré.

Les conclusions de la nouvelle étude ont été publiées par le journal Archives of Gerontology and Geriatrics.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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