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Soins préhospitaliers

12 à 17 minutes d'attente pour une ambulance dans Vaudreuil-Soulanges

durée 06h00
2 mars 2024
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Le récent dossier publié par le Journal de Montréal portant sur les délais ambulanciers au Québec a permis de démontrer que la région de Vaudreuil-Soulanges est loin de faire l'exception. 

Que l'on soit à Vaudreuil-Dorion, Pincourt, Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, Saint-Lazare ou Saint-Zotique, le temps d'attente dépasse largement la cible de 10 minutes.

Les données recueillies ont permis de constater qu'à Vaudreuil-Dorion, le temps d'attente moyen pour une ambulance est de 12 minutes et 12 secondes. À Saint-Lazare, il est de près de 17 minutes et à Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, on parle de 17 minutes et 31 secondes. Des délais qui, il va sans dire, sont dangereux et mettent à risque la vie des patients. D'ailleurs, pour un patient en arrêt cardiorespiratoire, pour chaque minute qui passe sans que soit faite une intervention, les chances de survie diminuent de 10%.

« Le temps de réponse est un problème, oui, mais le plus grand problème est le délai dans les salles d'urgence pour le triage et le transfert des patients. Le 24 février dernier, le délai pour les paramédics pour transférer les patients à l'Hôpital du Suroît était de trois heures. Pendant que les paramédics attendent, ils ne sont pas sur le terrain. Le fait aussi que l'on utilise les ambulances pour faire des transferts non urgents interétablissements est un problème », explique Hal Newman.

Paramédic pendant 40 ans, Hal Newman est aujourd'hui gestionnaire de catastrophes. Il est également derrière la page Facebook The Last Ambulance / La dernière ambulance. « J'ai créé cette page pour suivre de près et documenter la crise de soins préhospitaliers au Québec », a-t-il confié à Néomédia. 

Selon Patrick Jasmin, coordonnateur communications à la CÉTAM, différents facteurs peuvent expliquer les délais. « Essentiellement, les causes sont la surcharge d’appels, la quantité importante d’appels qui ne nécessitent pas des visites à l’hôpital, la retenue à l’hôpital c'est-à-dire, lorsque le triage de l’hôpital est débordé et n’arrive pas à trier efficacement nos équipes, si l’équipe doit abandonner son repas pour se rendre au véhicule ou la distance de l’appel en fonction de l’endroit où se trouve l’ambulance, lorsqu’affectée. En situations d’exceptions, un bris mécanique ou un accident et les conditions climatiques/routières, par exemple, pourraient aussi s’ajouter à la liste ».

En période de pointe, entre cinq et six ambulances sont réparties sur le territoire de Vaudreuil-Soulanges.

« En ce moment, en plus de ces véhicules, une ressource temporaire est disponible en lien avec les travaux du pont de l’Île-aux-Tourtes. Durant la période la moins sollicitée (milieu et fin de nuit), nous parlons de 2 véhicules. Il faut peut-être noter que le territoire de Vaudreuil-Soulanges est partiellement couvert par les équipes de Salaberry-de-Valleyfield (prenons Saint-Zotique par exemple) », ajoute M. Jasmin.

Nationaliser les soins préhospitaliers

Pour Hal Newman, la problématique ne réside pas nécessairement dans le manque d'ambulances, mais bien dans le manque de paramédics et dans un système de soins préhospitaliers quasi préhistorique.

« Nous avons un système assez bizarre. Le Québec est possiblement la province la plus à gauche du Canada. Nous avons une mentalité collective, beaucoup plus sociale qu'ailleurs, sauf que notre système de soins préhospitaliers est privé comme aux États-Unis. Une chose que je ne comprends pas, c'est qu'en tant que Québécois, nous sommes reconnus pour être innovants, créatifs. Nous avons donné au monde entier le Cirque du Soleil, on a une imagination incroyable. Mais on regarde notre système préhospitalier, il souffre tellement, il manque de créativité, on est toujours en train de réinventer la roue », indique M. Newman. 

L'une des solutions proposées par le paramédic à la retraite est de nationaliser les soins préhospitaliers d'urgence.

« Il faut nationaliser le système pour ne plus dépendre des entreprises privées qui gèrent une marge de profits. Ce n'est pas une critique sur les entreprises qui font un bon travail. C'est vraiment une critique du système. Je trouve bouleversant de voir un système privé qui gère une marge de profits dans les soins préhospitaliers. Pourtant, les soins préhospitaliers font partie du système de santé, mais les hôpitaux ne fonctionnement pas avec une marge de profit. Alors, pourquoi les ambulances le font? », estime Hal Newman.

L'idée de donner le pouvoir aux villes et municipalités, comme c'est le cas en Ontario, est aussi une piste qui pourrait être envisagée selon M. Newman.

« La solution idéale serait d'avoir des paramédics assignés à des villes de façon permanente. On a juste à regarder en Ontario, ça fonctionne super bien. Ce sont les comtés, les municipalités qui gèrent les services de soins préhospitaliers .Oui, il y a des compagnies privées, mais elles ont des contrats avec les villes. C'est une solution qui devrait être analysée ici. »

« Ça prend la mobilisation des communautés. Imaginez si la MRC disait refuser le système actuel et décidait de mettre en place sa propre organisation pour ses citoyens. C'est ça qui va faire changer les choses. Ça s'est fait ailleurs et ça fonctionne », ajoute M. Newman.

Faire mieux, oui, mais ajouter des ressources, non

Ce jeudi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a présenté son Plan d’action gouvernemental du système préhospitalier d’urgence. De ce plan, découle un investissement de 1,3 million $ pour bonifier la couverture ambulancière sur le territoire de la Montérégie.

Concrètement, cette somme permettra d'ajouter des heures de service afin de répondre aux besoins de la population, selon la réalité de chaque territoire. Ces améliorations, élaborées en collaboration avec les établissements de santé et de services sociaux, permettront d'assurer une meilleure qualité de service à la population, notamment par des délais d'intervention réduits. Les sommes allouées s'ajoutent à la bonification de 25,9 millions $ annoncée en juin 2022, qui a permis de transformer 46 horaires de faction.

Plusieurs actions concrètes sont en cours d'implantation ou le seront dans les prochaines années et permettront de rendre les services préhospitaliers plus accessibles et plus efficaces. Parmi les mesures, soulignons l'élargissement de l'accès aux défibrillateurs externes automatisés et la formation populationnelle en premier secours, la révision du programme de premiers répondants afin d'augmenter le nombre de municipalités couvertes par le service et l'implantation de projets de paramédecine communautaire pour éviter des transports à l'urgence, c'est-à-dire faire intervenir les techniciens ambulanciers paramédicaux directement auprès des patients qui ont des problèmes mineurs.

L'ajout d'ambulances, ou de mesures pour valoriser la profession ne font pas partie des actions qui seront mises en place par Québec. 

Dans un communiqué, le ministre Dubé a indiqué que « les gestes (posés) permettront notamment d'optimiser le rôle des techniciens ambulanciers paramédicaux en première ligne et d'améliorer les services préhospitaliers d'urgence en région », une déclaration qui fait bien rire M. Newman.

« L'audace du ministère de dire quelque chose du genre... Je ne suis pas quelqu'un qui croit en des méthodologies politiques. C'est avec tout le respect que je dois au ministre Dubé et à ses prédécesseurs que je le dis; ce n'est pas eux qui vont régler le problème. Je ne peux pas blâmer Dubé totalement, son prédécesseur a fait la même chose. Ça fait 20 séries de recommandations, 20 rapports, 20 comités qui n'ont pas été implantés dans les 40 dernières années. Ça fait 40 ans qu'on attend après le gouvernement et rien n'a changé. Si on attend pour un miracle, on va être déçus. », conclut Hal Newman.

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