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Entrevue avec Diane Songwa

Du Cameroun à l'Hôpital du Suroît pour pratiquer le métier d'infirmière

durée 18h00
23 janvier 2024
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

En février 2023, 17 étudiants issus d’Afrique sont arrivés au Québec par une froide journée d’hiver ponctuée d’une importante tempête de neige afin de compléter leur première formation d’appoint en soins infirmiers au Cégep de Valleyfield. Parmi eux, on retrouvait Diane Songwa, 32 ans, originaire du Cameroun avec qui Néomédia a pu s'entretenir dans les dernières heures. 

À lire également: 

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Dès les premières minutes de l'entrevue, la jeune femme se souvient de la cérémonie d'accueil de son groupe formé, à l'époque, de 19 étudiants francophones provenant d'Afrique. L'événement s'est tenu le 24 janvier 2023 alors que la température frôlait les -30 degrés à l'extérieur. 

Qu'est-ce qui a amené cette trentenaire vivant à des milliers de kilomètres du Canada, et du Québec, à venir s'établir à Salaberry-de-Valleyfield pour suivre cette AEC en soins infirmiers? « C'était vraiment un rêve pour moi de venir travailler au Canada et d'oeuvrer en soins infirmiers. Tout ce que j'ai fait dans mon pays sur le plan professionnel était dans ce but. C'était ma motivation. Avant mon arrivée, j'ai travaillé six ans en soins infirmiers dans mon pays. Par la suite, je suis allée en Belgique pour faire un master en santé publique. Puis, j'ai vu l'offre du CISSSMO qui souhaitait recruter de la main-d'oeuvre en santé à l'international. J'ai saisi l'opportunité», raconte-t-elle. 

En route vers l'examen de l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec 

Ayant complété sa formation scolaire, Diane est actuellement en attente de passer l'examen de l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec prévu en mars prochain. D'ici là, elle travaille comme préposée aux bénéficiaires au Centre hospitalier du Suroît. 

« Pendant nos études, on ne pouvait que travailler 20 heures par semaine puisque la priorité était notre formation. Depuis la fin de notre formation et jusqu'à notre examen, on peut travailler à temps plein. À partir du lundi 29 janvier, tous les étudiants qui ont suivi la formation avec moi deviendront des candidats à la profession infirmière, ce qui signifie que nous pourrons effectuer des activités professionnelles réservées aux infirmières et infirmiers», explique-t-elle. 

Quelle est la différence entre le métier d'infirmière au Cameroun et au Canada? « Sur le plan du corps humain, rien, tout est à la même place (rires). Les principales différences résident dans la prise en charge des patients et dans le matériel utilisé au Canada. Ici, il est plus sophistiqué que dans mon pays, où par exemple, pour installer un soluté, il faut y aller avec un compte-gouttes et un moniteur. On rencontre plus de pathologies différentes ici comme le MPOC, le cancer du poumon ou encore l'insuffisance artérielle», énumère-t-elle. 

De façon générale, qu'a-t-elle trouvé le plus difficile à vivre dans cette expérience? « Je dirais que mon adaptation au climat a été quelque chose. Chaque hiver est différent, mais il suffit de bien se couvrir pour ne pas prendre froid. Sinon, sur le plan scolaire, ç'a été un défi de maîtriser toutes les pathologies de santé existantes et tous les médicaments pour les traiter. Il fallait aussi connaître tous les effets secondaires de ces médicaments et avec quoi ils ne fonctionnaient pas. Il fallait aussi savoir quoi surveiller chez un patient et ne pas se limiter à la simple administration des médicaments.»

Comment vit-elle la séparation avec ses proches? « C'est difficile, c'est certain, de ne pas être proche d'eux. Il faut aussi s'y préparer psychologiquement. Je me dis que quand j'aurai réussi ma formation, je pourrai aller les voir et rattraper le temps perdu.» 

Le 26 mars prochain, Diane et ses 16 collègues finissants de l'AEC en soins infirmiers passeront l'examen de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. La jeune femme est-elle stressée face à cette étape ultime qui lui permettra d'exercer officiellement la profession ? « Oui, je suis stressée. Dans nos cours au Cégep, on était évalué sur la matière qu'on venait de voir, pas sur l'ensemble de nos connaissances. Dans cet examen, on peut être questionné sur divers sujets comme la pédiatrie ou la gériatrie. Il y a beaucoup de connaissances à réviser», précise-t-elle. 

Pour le moment, la jeune femme et son groupe révisent les notions apprises dans les cours en petits groupes afin de se préparer le mieux possible à cette évaluation ultime. 

Une expérience à recommander? 

Maintenant que Diane a réussi sa formation et qu'elle est en attente de passer son examen de OIIQ, recommanderait-elle cette expérience? « Oui, définitivement. C'est une super aventure qui nous permet de changer de milieu de vie, de travail et de rencontrer de nouvelles personnes. On expérimente pleins de nouveaux actes médicaux qu'on ne peut pas faire dans nos pays respectifs. C'est une expérience différente qui vaut la peine d'être vécue», mentionne-t-elle. 

Quels conseils souhaite-t-elle partager avec les futurs étudiants? « Il faut avoir une force mentale importante pour vivre cette expérience. Ce n'est pas facile. La formation est condensée. Nous étions 19 au début de la formation et nous avons terminé à 17. C'est stressant, notamment en ce qui a trait aux stages. Si on échoue, c'est terminé, on n'a pas le diplôme. Je conseillerais donc de garder la barre haute et de ne jamais la relâcher au cours de la formation et à ceux et celles qui ont des familles de les laisser derrière pour pouvoir se concentrer pleinement sur les apprentissages. Par la suite, ce sera toujours possible de les faire venir au pays.»

Comment Diane entrevoit-elle son avenir à la suite de son examen? « Je vais continuer à travailler pour le CISSSMO à l'hôpital. C'est grâce à eux si je suis ici. Avant d'arriver au Canada, j'avais tenté plusieurs fois d'y venir. J'espère que plus tard, on pourra reconnaître mon diplôme en santé publique», termine-t-elle. 

Rappelons que cette AEC en soins infirmiers est issue d’un projet pilote conjoint entre le CISSS de la Montérégie-Ouest, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI) et le Cégep de Valleyfield. De nouvelles cohortes sont en cours suite au succès de la première.  

 

 

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