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Une nouvelle approche implantée dans le département de santé mentale et dépendances

Miser sur la pair aidance comme service de première ligne au CISSSMO

durée 18h00
4 août 2023
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Plus tôt cette semaine, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) confirmait l’octroi du premier statut de chercheur au sein de l’établissement de santé à Jean-François Pelletier. Entrevue avec le principal intéressé pour démystifier son rôle.

Précisons d’entrée de jeu qu’il y a jusqu’à quelques semaines, la quasi-totalité des projets de recherche en cours au CISSS de la Montérégie-Ouest était conduite par des chercheurs universitaires provenant de l’extérieur de l’établissement.  

Or, cette époque est maintenant révolue avec l’arrivée de M. Pelletier. Son premier projet de recherche portera sur l’approche de la pair aidance, un concept qui lui tient beaucoup à cœur. Il consistera à mettre en place une structure de pair aidant entre les murs de l’établissement de santé.

 « J’ai moi-même à une époque de ma vie eu besoin d’un pair aidant. Je ne suis pas gêné de le dire, j’ai souffert de problèmes de santé mentale et de dépendance il y a environ 25 ans et la structure de pair aidant mise en place à l’époque autour de moi à donner tout un sens à mon expérience de rétablissement », souligne-t-il d’entrée de jeu.

Pour les non-initiés, la pair aidance est un principe bien présent dans les groupes d’entraide et parfois même, dans les milieux de travail. Parmi les exemples les plus courants qu’on peut donner pour l’imager, on peut penser au parrain ou à la marraine avec lequel est jumelé le nouveau membre d’une fraternité anonyme comme les Alcooliques anonymes ou autres.

Partager son savoir expérientiel

Dans un communiqué, le CISSSMO décrit ce concept comme ayant pour but le partage de son savoir expérientiel et de son histoire de rétablissement afin d’entretenir l’espoir, de servir de modèle d’identification positive. Le pair aidant accompagne et encourage les usagers à poursuivre leur propre quête de rétablissement et sentiment d’autodétermination, indique-t-on.

« La pair aidance permet aussi pour la personne qui en bénéficie d’avoir un exemple concret sous les yeux d’un individu qui a réussi à s’en sortir et à être un actif pour la société. Le pair aidant offre aussi la possibilité, au bénéficiaire de soulager la honte qui l’afflige en lien avec ses problématiques de santé », ajoute-t-il.

Un service déjà implanté à l’Hôpital du Suroît

Même si la nomination de M. Pelletier est annoncée cette semaine, ce dernier est en poste depuis quelques semaines déjà. Au moment d’écrire ces lignes, le service de pair aidance, qui compte six pairs aidants en son rang, est déjà offert au sein de l’Hôpital du Suroît, plus spécifiquement au sein du département de santé mentale et de dépendance.

« Souvent, quand on se présente à l’urgence psychiatrique, c’est en dernier recours et contre son gré dans la majorité des cas. C’est un milieu austère. Normalement, les gens qui travaillent là sont débordés et n’ont pas toujours le temps d’écouter les patients pendant des heures. C’est là que le pair aidant entre en jeu en venant à leur rencontre et en prenant tout le temps nécessaire pour les écouter, au besoin, ou simplement pour offrir une présence rassurante. Un geste qui peut faire toute la différence dans leur processus de rétablissement », soutient-il.

Qu’est-ce qui distingue un pair aidant en centre hospitalier d’autres professionnels de la santé? « Il ne prend pas de notes. Jamais. Il n’a rien dans les mains. Il est littéralement payé à ne rien faire. Il est toujours disponible pour écouter et accompagner les patients dans le besoin. Il est partie prenante de l’équipe traitante même si, plusieurs professionnels, ne comprennent pas toujours son rôle », confie celui qui enseigne également la pair aidance à l’Université de Montréal.

Un service qui se met en place au Québec

À l’échelle provinciale, la pair aidance est un concept qui se met en place dans le milieu de la santé. Il permet notamment de diminuer les listes d’attentes pour avoir accès à un professionnel compétent dans le cadre du Programme québécois pour les troubles mentaux : des autosoins à la psychothérapie (PQPTM).

Selon le site Internet du Ministère de la Santé et des Services sociaux, voici comment on peut décrire cette initiative :

Le PQPTM est inspiré de l’expérience du programme anglais : Improving Access to Psychological Therapies (IAPT) lancé en 2008. Ce dernier s’est avéré compatible avec l’organisation des services au Québec puisqu’il est universel, gratuit et organisé de manière à offrir des soins et des services efficients qui tiennent compte des besoins des personnes. Le programme repose sur un modèle de soins par étapes, basé sur les données probantes. Il découle des guides de pratique clinique du National Institute for Health and Care Excellence (NICE).

Bien qu’inspiré de l’IAPT, le PQPTM est adapté pour le rendre, conforme au contexte des soins, des services et de l’organisation du système de santé québécois, ainsi qu’aux lois en vigueur, incluant le code des professions et la Loi modifiant le code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines.

Sur le plan professionnel, M. Pelletier possède un doctorat en science politique avec une spécialisation en politique de santé mentale : « La politique de santé mentale du Québec » émise par l’Université du Québec à Montréal en 2002, ainsi qu’un bagage académique postdoctoral combiné à une forte expérience de plus de 12 ans.  

Le fort intérêt pour la recherche démontrée par M. Jean-François Pelletier dans l’exercice de ses fonctions à titre de spécialiste en activités cliniques, pair-aidance, proches accompagnateurs, primauté de la personne à la Direction des programmes de santé mentale et dépendance fait de lui un candidat tout indiqué pour mener à terme le projet de recherche, conclut le CISSSMO dans son communiqué.

Dans un avenir rapproché, le CISSSMO aimerait étendre le concept de pair aidant dans plusieurs champs d’expertise. « On va s’arrimer aux attentes fixées par le gouvernement dans le cadre du PQPTM. On aimerait aussi offrir le service dans les aires ouvertes qui desservent une clientèle de 12 à 25 ans. Sinon, sur le plan provincial, on va continuer de former des gens pour devenir pair aidant dans leur milieu de travail afin de répondre à la demande de plus en plus grandissante pour ce service », conclut-il.

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