Semaine québécoise de la déficience intellectuelle
Miser sur la dignité des personnes avec une déficience intellectuelle
Par La Presse Canadienne
Julie Bourque est épanouie. La jeune femme, qui effectue présentement un stage dans une garderie, où elle se charge de désinfecter les installations le matin et où elle prête main-forte aux éducatrices avec des bébés de 18 mois en après-midi, a un amoureux. Elle suit des cours de Zumba, vit seule dans un appartenant depuis sept ans et siège au conseil d'administration de la Société québécoise de déficience intellectuelle (SQDI).
Mme Bourque se dit privilégiée, car sa déficience intellectuelle est légère, ce qui lui permet de communiquer aisément. Sa joie contagieuse, perceptible au bout du fil, fait en sorte qu'elle n'a pas fait face à trop de difficultés pour s'intégrer dans la société.
Mais la jeune femme, qui est aussi ambassadrice nationale de la SQDI, souhaiterait qu'il en soit de même pour d'autres personnes qui, comme elles, vivent avec cette déficience au quotidien, et ce, peu importe la gravité de leur trouble.
«Ces personnes-là gagnent à être connues et elles méritent d'avoir leur place dans la société», commente-t-elle lors d'une entrevue réalisée en amont de la 35e Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, qui s'amorce ce dimanche avec pour thématique la dignité des personnes.
«Il ne faut pas avoir peur de s'ouvrir à elles, ça représente plein de belles opportunités et ça ferait plus de monde pour aller travailler», ajoute Mme Bourque.
La pénurie de travailleurs, un pas vers l'ouverture
Il est vrai que la pénurie de main-d'œuvre a fait en sorte que des individus autrefois boudés par les employeurs ont désormais une chance de se faire valoir, reconnaît Chentale de Montigny, directrice générale des Compagnons de Montréal.
«Le marché de l’emploi s'ouvre de plus en plus aux personnes différentes, et c’est en lien étroit avec la dignité de ces personnes-là, qui cherchent à trouver leur place dans la société, à se sentir utiles et non laissées pour compte», commente-t-elle.
«Quand la main-d'œuvre était plus abondante, les employeurs étaient moins enclins à laisser leur chance aux employés différents, poursuit la gestionnaire. On voit actuellement que de belles découvertes se font et beaucoup d'employeurs qui apprivoisent ce nouveau bassin de candidats se disent agréablement surpris.»
Celle qui côtoie cette clientèle depuis maintenant sept ans affirme avoir vu une certaine ouverture face à celle-ci. «Il n'y a pas si longtemps que ça, la déficience intellectuelle était encore très taboue; on cachait les gens, on n'en parlait pas, relate Mme de Montigny. Mais cette vision a évolué et on gagne à laisser tomber les tabous pour partir à la découverte de l'autre.»
La dignité à l'année longue
C'est en manifestant cette ouverture que les personnes vivant avec une déficience intellectuelle - elles seraient quelque 174 000 au Québec - pourront vivre pleinement dans la dignité.
«Pour la plupart des gens, cette dignité est acquise, on ne la remarque même plus, indique Amélie Duranleau, directrice générale de la SQDI. Or, il faut qu'on soit sensibilisés au fait de rendre le parcours de vie des personnes avec une déficience intellectuelle plus facile, plus inclusif, le tout pour favoriser leur développement et leur autonomie.»
C'est pour cette raison que la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle est toujours d'actualité, même après 35 ans.
«C'est une semaine de célébration de la diversité, mais aussi une semaine de sensibilisation, pour que l'inclusion et la dignité des personnes soient quelque chose qui se vit 365 jours par année», renchérit la directrice.
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Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.
Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne
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