Journée internationale des femmes
Quand travailler revient plutôt à défendre: la réalité d'Isabelle Corbeil
Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars prochain, Néomédia a décidé de mettre en lumière des membres de la gent féminine qui se démarquent au quotidien. Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, ces femmes méritent d’être propulsées sous les projecteurs à l’aube de cette journée importante. Entrevue avec Isabelle Corbeil, directrice générale du Répit le Zéphyr.
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Elle ne sait pas si elle a choisi de travailler pour la communauté ou si la communauté l’a adoptée, parce que cette dernière avait assurément besoin d’elle; mais toute l’action d’Isabelle Corbeil se conjugue en soutien, en aide, en défense, en trouver des solutions pour divers groupes et organismes communautaires, et ce, depuis qu’elle est adulte.
À la question de savoir si elle considère la Journée internationale des droits des femmes encore nécessaire, Mme Corbeil répond : « Il reste du chemin à faire aux niveaux décisionnels et de l’équité salariale. La droite politique et ses excès réels et potentiels doivent demeurer sous la loupe. En plus, le droit à l’avortement a été fragilisé récemment. Comme féministe, je pense de plus que tant qu’il y aura de la violence faite aux femmes, le féminisme aura toujours sa raison d’être ».
C’est lorsqu’elle poursuit son cours de Techniques en travail social au Cégep du Vieux-Montréal qu’Isabelle commence son action sociale au Chaînon à Montréal, OBNL qui vient en aide aux femmes en difficulté depuis 1932. Elle y restera à temps partiel jusqu’en 2003.
Un parcours d’entraide et de soutien suivra, qui la mènera du CHSLD Le Vaisseau d’or à Beauharnois, comme technicienne en travail social auprès des ainés, au travail de rue avec L’Aiguillage à Vaudreuil-Dorion, pour venir en aide aux personnes sans domicile ou en situation d’itinérance. De là, elle se joindra durant 5 ans à Main D’Femmes à Salaberry-de-Valleyfield, lieu dédié à améliorer les conditions de vie et l’autonomie des femmes. En parallèle, elle complètera un certificat en intervention psychosociale : « Je travaillais 70 heures par semaine, mais j’aimais ce que je faisais; ça fait toute la différence », raconte-t-elle.
En 2003, elle devient enceinte et arrête son travail au Chaînon. Peu après, elle prend la route de la Corporation de développement communautaire (CDC) du Haut-Saint-Laurent, où elle oeuvrait un peu plus en gestion pour un ensemble d’organismes communautaires. En 2010-2012, elle agira à titre de première femme présidente du Centre local de développement (CLD) Haut-Saint-Laurent.
Isabel découvrira, lorsque son enfant a 4 ans, qu’il est autiste. Ce sera sans doute la première fois de sa vie qu’elle vivra de l’impuissance. « Pour une femme habituée à contrôler, j’ai voulu ne manquer aucun programme. J’ai cherché toutes les informations et tous les services disponibles. Le fait de m’impliquer me redonnait du pouvoir. Je voulais également que la vie de mon enfant soit la meilleure possible et qu’il ait toutes les chances, en dépit de son handicap ». C’est à cette époque que Mme Corbeil a connu Répit le Zéphyr et ses services pour personnes autistes.
Le Zéphyr m’a approchée en 2013 pour agir comme membre de son conseil d’administration. Un an plus tard, la directrice de l’organisme démissionnait et j’ai postulé. Mme Corbeil a obtenu ce poste et elle est directrice générale du Zéphyr depuis 2014.
À son arrivée au Zéphyr, l’organisme disposait d’une enveloppe budgétaire de 120,000$ et aujourd’hui ce montant dépasse 1 M$.
L’association à but non lucratif a pour but de favoriser l’intégration sociale des personnes présentant une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme ou d’autres handicaps; et de permettre une plus grande liberté d’action à leurs familles.
« Je ne m’attribue évidemment pas tout le mérite de cette augmentation de portefeuille. Le contexte a changé dans ces années-là. Le gouvernement et la population ont été de plus en plus sensibilisés au spectre de l’autisme. J’avais une âme pour l’entrepreneuriat, le collectif et le social, et une facilité à mener plusieurs projets de front. C’était un bon match, avec une bonne équipe, et j’ai été là au bon moment. »
Aujourd’hui, l’organisme compte 39 employés et une vingtaine de bénévoles au répit. L’OBNL a deux maisons pour ses protégés, une à Salaberry-de-Valleyfield, l’autre à Vaudreuil-Dorion, offre des camps de jour, des camps de la relâche et plusieurs autres activités.
En 2017, Répit Le Zéphyr devient le maître d’œuvre pour la Campagne d’Opération Nez-Rouge pour l’ensemble des territoires de Salaberry-de-Valleyfield et du Haut-Saint-Laurent. En 2020, Le Zéphyr devient également maître d’œuvre de Nez-Rouge dans Vaudreuil-Soulanges.
« C’est énormément de travail en coordination, impression, embauche, kilométrage, recherche de commanditaires, organisation des centrales, etc., reconnaît Mme Corbeil. Mais comme elle l’assure : « Cela nous donne une très belle visibilité; pendant un mois et demi, on parle du Zéphyr. On aide à faire diminuer les préjugés et ça, ça en vaut la peine! », ajoute-t-elle.
D’ici là, elle tente de consacrer un peu plus de temps à sa petite famille. Elle et son conjoint ont chacun un enfant et elle est famille d’accueil de proximité pour un troisième enfant : 24, 19 et 7 ans.
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