Mieux vaut ne rien fumer
Remplacer la cigarette par la vapoteuse comporte d'importants risques
Par La Presse Canadienne
Si l’on connaît très bien les ravages que cause la cigarette sur la santé, les effets du vapotage demeurent méconnus. Une chose semble toutefois faire consensus: remplacer la fumée des produits du tabac par la fumée d’une vapoteuse n’est pas une solution sans conséquences.
Alors que l’on croit parfois à tort que les produits de vapotage sont exempts de nicotine, ceux-ci en contiennent très souvent, rappelle l’Association pulmonaire du Québec. Et ce, même si l’emballage n’en fait pas mention.
Selon l’organisme qui œuvre en prévention et qui finance la recherche sur les maladies respiratoires, les produits de vapotage contiennent aussi des solvants. Puis, lorsque les liquides sont brûlés pour générer de la vapeur, ils libèrent des produits chimiques identifiés comme étant cancérogènes.
Ainsi, bien que l’état des connaissances ne soit pas très avancé au sujet des conséquences du vapotage, on sait déjà que ces éléments chimiques sont nocifs pour la santé.
Lorsqu’il accompagne ses patients dans leur démarche d’abandon du tabagisme, le Dr Raja Hatem leur propose parfois certains outils de remplacement comme les timbres ou les gommes contenant de la nicotine à faible dose. Il sait tout de même très bien que certains patients se tournent vers la cigarette électronique, mais il ne recommande pas cette voie.
« C'est venu comme béquille pour beaucoup de gens », a mentionné le cardiologue à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal lors d'un récent entretien avec La Presse Canadienne. « Ça les a aidés à arrêter de fumer la cigarette, mais ils se sont ramassés à être dépendants du "vaping", ce qui n'est pas nécessairement mieux que le tabagisme à long terme. »
Santé Canada précise à ce sujet qu’aucun produit de vapotage « n'a été approuvé » comme outil efficace dans une démarche de thérapie de remplacement de la nicotine.
On associe notamment les substances chimiques dégagées par la fumée du vapotage aux cancers du poumon et de la bouche.
Un nouvel adversaire
D’après les plus récentes données disponibles auprès de l’Institut de la statistique du Québec, on comptait environ 4 % d’adeptes de la cigarette électronique chez les 15 ans et plus au Québec en 2020. Un taux qui était alors en croissance. La grande majorité des personnes qui vapotent ont moins de 25 ans, ce qui alarme les autorités de santé publique.
Par ailleurs, la Stratégie pour un Québec sans tabac 2020-2025 inclut la lutte au vapotage au même titre que la lutte au tabagisme. Le premier axe du plan d’action vise à réduire l’attrait et l’accessibilité des produits de vapotage. Puis, le second axe vise la prévention contre le tabac et le vapotage chez les jeunes.
« Les (cigarettes électroniques) de quatrième génération méritent une attention particulière, car elles contiennent un liquide à teneur élevée en nicotine et connaissent un succès fulgurant auprès des jeunes », peut-on lire dans le document rédigé par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
On cite également une étude de l’Organisation mondiale de la santé selon laquelle la popularité grandissante des produits de vapotage pourrait venir effacer les gains dans la réduction du tabagisme.
Une récente publication relayée par la veille scientifique de la lutte contre le tabagisme de l’Institut national de santé publique du Québec révèle que le vapotage au Québec et en Ontario est «fortement associé à l’usage de la cigarette».
Or, on observe aussi que 27 % des vapoteurs québécois étaient non-fumeurs avant de s'adonner à inhaler les effluves de la cigarette électronique.
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Ugo Giguère, La Presse Canadienne
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