Conduire ou ne pas conduire: l'alcool au volant en cinq mythes
Par La Presse Canadienne
Une tempête hivernale amenant bourrasques et verglas ainsi qu'un premier réveillon complètement déconfiné depuis deux ans créent un cocktail potentiellement explosif en ce qui a trait aux accidents de la route.
À l'occasion du temps des Fêtes, le porte-parole de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), Mario Vaillancourt, et la directrice générale d'Éduc'alcool, Geneviève Desautels, déconstruisent des mythes tenaces sur la consommation d'alcool et la conduite en état d'ébriété.
Mythe numéro 1: si j'ai un taux d'alcool de moins de 80 mg/100 ml, je peux conduire sans danger
La limite légale pour conduire est de 80 mg d'alcool par 100 ml de sang. Par contre, si un policier juge que vous avez les capacités affaiblies, vous pouvez être arrêté même si vous ne dépassez pas cette limite.
En effet, l'alcool peut être dangereux, même en deçà de la limite légale. La SAAQ estime même que «le risque d’accident mortel est 4,5 fois plus élevé chez un conducteur ayant une alcoolémie de 50 à 80 mg/100 ml que chez un conducteur sobre».
«Quand on boit, on ne conduit pas», souligne M. Vaillancourt. Avec des risques d'accidents, de blessures, de décès, d'arrestations et même d'accusations criminelles, «le jeu n'en vaut pas la chandelle», dit-il.
Selon la Sûreté du Québec, «entre 2016 et 2022, en moyenne, l’alcool était en cause dans 25% des collisions mortelles et dans 15% des collisions avec blessés graves».
Mythe numéro 2: je n'ai pas besoin d'organiser mes déplacements à l'avance
«N'ayez pas cette conversation-là une fois que le mal est fait: vous allez vous embarquer dans des obstinations avec quelqu'un qui n'a pas la même perception du danger que vous», prévient Mme Desautels.
Certaines solutions, comme avoir un conducteur désigné, ont besoin d'être prises avant l'événement. Il est aussi possible de s'organiser pour dormir sur place, appeler un taxi ou un bénévole de l'Opération Nez rouge ou prendre les transports en commun.
Il faut cependant noter qu'en raison de la tempête, les services de l'Opération Nez rouge sont annulés dans certaines régions.
Mythe numéro 3: je peux juger au ressenti si j'ai trop bu pour conduire
Il est en réalité très difficile d'évaluer soi-même son état d'ébriété.
«L’alcool, surtout quand on en a pris un petit peu plus que ce qu’on devrait, va altérer notre jugement et altérer notre perception du risque, explique Mme Desautels. C'est pour ça que les gens, quand ils nous disent "je pense que je suis correct", ils ne sont pas en train de nous mentir. C'est juste qu’ils se mentent à eux-mêmes à cause de l’effet de l'alcool.»
De plus, même si on a arrêté de boire pour la soirée, notre état peut encore continuer à empirer. «Quelques minutes après, notre organisme va avoir assimilé l’alcool, et là on va en avoir plus dans le sang», rappelle M. Vaillancourt.
L'alcool peut prendre jusqu'à 90 minutes pour passer au travers de notre système digestif.
Mythe numéro 4: la dernière fois, j'ai bu la même quantité d'alcool et j'étais correct, donc je n'ai pas besoin de m'en faire avec ça
Tout le monde n'a pas la même tolérance, mais il est aussi vrai que la même personne peut réagir différemment d'une journée à l'autre.
«Ce peut être notre niveau de fatigue, ou il peut y avoir de la prise de médicaments ou de drogue mélangé à l’alcool», d'après M. Vaillancourt. En effet, certains médicaments courants comme les antidépresseurs et les pilules anti-allergies peuvent avoir des effets imprévus lorsque mélangés avec de l'alcool, notamment la somnolence.
Il faut aussi se demander: à quel point est-ce que je sais vraiment combien de verres j'ai bus? Après tout, il n'est pas rare dans une soirée bien arrosée que notre hôte remplisse notre coupe de vin au fur et à mesure qu'on la vide.
Même en évitant de remplir sa coupe avant qu'elle ne soit vide, il reste à savoir si le verre en question correspond bien à une consommation. Comme le fait remarquer Mme Desautels, «vos invités, on va leur donner le conseil de compter leurs verres, mais s'ils comptent leurs verres et qu’à chaque fois ils comptent qu’ils en ont pris un alors qu'ils ont pris un et un quart, vous aurez compris que ça ne donne pas le même calcul au bout de la soirée».
Sur son site internet, Éduc'alcool présente un outil pour calculer qu'est-ce qu'un verre standard pour différents types de boissons.
Mythe numéro 5: je connais une technique pour me désenivrer
Le fameux café, une douche bien froide, la recette secrète de grand-mère ou même une quantité industrielle de grands verres d'eau n'y font rien: il n'existe aucun moyen de se désenivrer plus rapidement.
«Il n’y a que le temps qui peut évidemment jouer sur le fait qu’on va métaboliser l’alcool», affirme Mme Desautels. Et pour ça, ce qu'on a bu doit traverser notre système digestif et se rendre jusqu'au foie.
Clara Descurninges, La Presse Canadienne
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