Les vins et les bières non alcoolisées gagnent de plus en plus de popularité
Par La Presse Canadienne
Les boissons non alcoolisées gagnent de plus en plus en popularité au Canada.
Des brasseurs importants lancent des produits de ce genre, des producteurs spécialisés proposent de nouvelles boissons innovantes. Plusieurs observateurs affirment qu'il est devenu plus socialement acceptable d'être «sobre et curieux».
«Il y a dix ans, si on apportait de la bière non alcoolisée à une fête, on se faisait demander si on était malade ou enceinte, se souvient Nicolas Gagnon-Oosterwaal, président et co-fondateur de la micro-brasserie montréalaise Sober Carpenter. Mais aujourd'hui, la tendance est complètement inversée.»
M. Gagnon-Oosterwaal ajoute que son industrie revient de loin, mais peut encore connaître une forte croissance.
Selon Global Market Insights, le marché mondial des boissons non alcoolisées représente en 2022 plus de 22 milliards $ US. Sa valeur pourrait doubler au cours de la prochaine décennie.
«[L'essor] qu'ont connu les bières artisanales au cours des cinq ou dix dernières années se répétera au cours des cinq ou dix prochaines années pour les breuvages non alcoolisés», prédit M. Gagnon-Oosterwaal.
Les bières sans alcool existent depuis le Moyen-Âge. On a tenté de les populariser pendant la Prohibition aux États-Unis. Le «Shirley Temple», le célèbre cocktail sans alcool, a été créé il ya près de 100 ans. Toutefois, les entreprises ont éprouvé des difficultés à produire une bière sans alcool qui pouvait aussi être savoureuse.
Et la brasserie allemande Clausthaler a trouvé la solution à la fin des années 1970. Au lieu de retirer l'alcool de la bière, elle a découvert qu'on pouvait interrompre la fermentation avant que les sucres se transforment en alcool.
Et plus de 40 ans plus tard, le choix est grand. On peut acheter des bières rousses, blondes, blanches, des Stout et des India Pale Ale. Il existe aussi des cidres, du vin rouge, blanc ou rosé. Certains breuvages sans alcools imitent le goût du rhum, du gin ou de l'absinthe.
Plusieurs produits contiennent un peu d'alcool à 0,5 % ou moins. Certains comme le kombucha n'en ont pas du tout.
Joël Grégoire, de la firme de recherche de marketing Mintel, avance que les plus jeunes générations semblent être au cœur de la cette croissance du marché des boissons sans alcool. Il souligne que plusieurs consommateurs n'ont pas nécessairement renoncé à l'alcool, mais veulent en diminuer la consommation.
En 2021, une étude de Statistique Canada révélait qu'un Canadien sur cinq buvait moins qu'avant la pandémie. La proportion grimpait à 33 % chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans.
D'un point de vue de la sociabilité, l'alcool est difficile à remplacer, note M. Grégoire. C'est la raison pour laquelle les versions non alcoolisées de la bière ou du vin sont plus attirantes qu'une boisson gazeuse, par exemple.
«Cela permet à ceux qui ont choisi de ne pas boire de l'alcool, peu importe la raison, de vivre une expérience réjouissante», dit-il.
La bière semble être la boisson sans alcool la plus populaire, suivi des vins.
Bière Canada estime que le volume des ventes des bières sans alcool connaît une croissance plus rapide que les autres boissons alcoolisées, de 22 à 25 %.
L'organisation dit que les brasseurs ont fait des investissements importants dans de nouvelles méthodes de production. Ils peuvent mettre sur le marché une grande variété de produits sans sacrifier le goût.
Et à l'instar de Clausthaler dans les années 1970, les entreprises d'aujourd'hui cherchent à inventer de nouvelles façons à fabriquer ces produits.
Par exemple: Sober Carpenter a trouvé une façon de fabriquer du cidre sans alcool. Le brasseur a aussi commencé à vendre des quantités limitées de bières plus spécialisées.
M. Gagnon-Oosterwaal ne croit pas que les boissons sans alcool ne sont qu'une mode. Comme les substituts de viande, l'industrie des boissons non alcoolisées continuera de croître et de s'améliorer.
«La tendance à prendre des décisions plus saines, comme réduire la consommation d'alcool, est là pour rester.»
Rosa Saba, La Presse Canadienne
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