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Une bénévole d’exception, une vie exceptionnelle

Journée internationale des bénévoles : Marie-Éliane Wart

durée 18h00
30 novembre 2022
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Rencontrer Marie-Éliane Wart est une aventure en soi. Mme Wart a contribué à la fondation de deux organismes d’exception dans la région : le Centre d’action bénévole L’Actuel et la Fraternité Haïti des Trois-Lacs. Elle a autant d’énergie et de passion que quatre personnes de 20 ans réunies et il est difficile d’imaginer une vie plus accomplie que la sienne.

« En janvier 1980, se souvient Mme Wart, le gouvernement Lévesque a mis les travailleurs sociaux en chômage durant un mois pour faire des économies. » « Je ne pouvais pas rester sans rien faire. J’ai téléphoné à 11 personnes, avec moi ça faisait 12, les 12 apôtres. Nous nous sommes rencontrées le mercredi 10 février 1980; je suis devenue chauffeure bénévole à ce moment-là  et ça a duré jusqu’à la Covid, » raconte Mme Wart. Ce fut le point de départ du CAB L’Actuel, qui œuvre encore aujourd’hui à Vaudreuil-Dorion.

Le 16 mai dernier, elle a été honorée par L’Actuel lors des festivités entourant leur 40e anniversaire. La directrice générale, Céline Moreau, a souligné sa contribution : «Merci à vous et aux 11 membres fondateurs d’avoir été l’étincelle qui nous permet d’être aujourd’hui un organisme phare de notre communauté ».

Belge d’origine, Mme Wart a connu les privations et les affres de la guerre avec ses parents et ses 9 frères et 1 sœur. En 1940, elle avait 5 ans. Elle a gardé la conviction qu’en dépit de leurs difficultés, sa famille a toujours été protégée. Sa mère avait une foi inébranlable : « Elle avait toujours un chapelet dans une main et de l’autre, tenait un enfant dans ses bras », se souvient Mme Wart.

Lorsqu’elle est arrivée de la Belgique au début des années 60, elle s’est établie à Franklin, dans une des maisons pour éducateurs de l’Institut Doréa, où elle est restée près de dix ans. « J’ai travaillé à réunir des familles et à permettre aux enfants qui y vivaient de revoir leurs parents, souvent après plusieurs mois ou années d’absence ». Ensuite, elle est presque toujours demeurée dans la région de Vaudreuil-Soulanges.

En 1967, elle est employée comme travailleuse sociale pour le Service social du Diocèse de Valleyfield où sa mission est de visiter régulièrement des enfants placés en foyers nourriciers et en centres d’accueil; et de les réintégrer dans leurs familles, lorsque c’est  possible et souhaitable.

Comme on le voit, le souci du bien-être des enfants est constant chez elle. En janvier 2000, suite à sa retraite récente, elle part en voyage en Haïti pour la première fois, chez les Petites sœurs de Sainte-Thérèse à Papaye. Elle y restera 3 mois. En arrivant, elle demande : « Que puis-je faire pour vous aider? »

On lui a confié la tâche de faire le ménage de livres reçus des Commissions scolaires du Québec il y avait très longtemps et qui étaient au grenier, inutilisés. Sous la supervision de Sœur Eumanie Alcide, elle s’attelle à la tâche.

Les trois-quarts de ces volumes (elle en a comptabilisé 6500) seront brulés, car ils n’étaient pas adaptés aux élèves des écoles primaires et secondaires ni aux étudiants de L’École normale.

En accord avec sœur Alcide, Mme Wart met sur pied en février 2000 un service de parrainage. À ce moment-là, des dons de 1 $ par jour et de 360$ par année permettent aux enfants qui n’en ont pas les moyens de pouvoir fréquenter l’école, et d’espérer un avenir meilleur en apprenant un métier. Les premiers parrainages se feront à Papaye, Petite Rivière et Cazeau. C’est ainsi que nait Fraternité Haïti des Trois-Lacs.

En 2004, l’organisme recevait sa charte du Gouvernement du Québec comme organisme à but non lucratif, avec principal objectif : le parrainage de jeunes haïtiens démunis. En 2007, l’association est enregistrée à Revenu Canada, ce qui permettra de remettre aux donateurs des reçus officiels pour fins d’impôts.

Aujourd’hui, le coût d’un parrainage par enfant est de 40 $ par mois ou de 480 $ par année. Cela couvre les frais de scolarité, les fournitures, l’uniforme et un repas par jour. Les frais d’administration de Fraternité Haïti ne dépassent pas 2 % de tous les montants recueillis. Les bénévoles qui visitent Haïti le font à leurs frais.

L’organisme ramasse également des fonds ponctuellement pour mettre en place des projets spécifiques. Par exemple en 2021-2022, à la suite d’un tremblement de terre à Jérémie, plusieurs bâtiments avaient été détruits. Grâce à de généreux donateurs, l’organisme a reconstruit le pavillon multifonctions et a réparé la structure de l’orphelinat, de même que celle du collège Emmanuel.

Le concert de la Symphonie vocale des policiers et policières de Montréal en novembre dernier, à l’église de Saint-Michel à Vaudreuil-Dorion, a permis d’amasser presque 10 000 $. Cette somme servira à améliorer les infrastructures sanitaires de l’orphelinat de Petite-Rivière-de-L’Artibonite, en Haïti et à garnir les garde-manger des orphelinats.

Les filleuls aidés dans leurs études en Papaye et à Petite-Rivière ont été retracés et recensés en 2020. On dénombre 43 normaliens (enseignantes au primaire), dix infirmières, huit couturières, deux comptables, deux hôteliers, trois médecins, une hôtelière, trois secrétaires.

Une trentaine d’autres avaient terminé leurs études, mais on n’a pas réussi à les retracer; pour un total de 105 filleuls. En 2021 et en 2022, se sont ajoutés quatre filleuls à chaque année qui ont pu terminer leurs études.

Comme le rappelle Mme Wart, « Il est difficile quand on vit dans un pays démocratique relativement bien nanti comme le Canada de s’imaginer à quel point la misère est grande à Haïti». Une bénévole qui s’y était rendue lui a déjà dit : « Maintenant que je vois, je te crois ».

Depuis quelques mois, à cause des bandes armées qui sévissent à Haïti, il est difficile de maintenir les écoles ouvertes, Fraternité Haïti espère que la situation pourra s’améliorer le plus rapidement possible.

Mme Wart a écrit en 1999 : Du pays noir au pays blanc, qui relate l’histoire de sa famille belge et de son arrivée au Québec « Pour la nécessité que nos descendants sachent ce qui s’est passé en Europe dans ces années-là ». Le livre n’est plus disponible en librairie. 

N’hésitez pas à consulter le site web de l’organisme pour tous les renseignements qu’on y trouve en lien avec leur oeuvre : fr.fraternitehaitidestroislacs.com

En 1985, l’ONU a instauré la Journée nationale des bénévoles pour souligner le travail extraordinaire accompli par les personnes bénévoles partout dans le monde. C’est sous le thème Merci aux bénévoles de créer des liens dans la collectivité que le Réseau de l’Action bénévole du Québec a lancé sa campagne 2022. Néomédia a choisi de vous présenter quelques bénévoles d’exception de la région pour souligner cette journée.

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