Journée nationale de la vérité et de la réconciliation
« La réconciliation, c’est vraiment important pour notre culture et nos traditions »
En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, Néomédia vous invite à découvrir ou redécouvrir le conseiller municipal de Rigaud qui est membre de la Nation Mi’kmaq, et métis, Archie Martin.
Originaire du Nouveau-Brunswick, Archie Martin a été témoin et même victime des tentatives d’effacement de ses origines, mais aussi de la violence.
« On m’a toujours interdit d’aller à l’école française. J’ai donc fait mes études en anglais, jusqu’à la fermeture de l’école quand j’étais en 9e année. Par la suite deux options s’offraient à moi. L’école de « réforme » ou le « couvent ». Je n’avais pas fait de crimes, alors l’école de réforme n’était pas une option pour moi. Je me suis donc retrouvé au couvent. Je revenais par contre coucher à la maison tous les soirs. Mais je vais vous dire, un enfant ça ne se fait pas agresser juste la nuit », confie-t-il à Néomédia.
Effacer les Métis
Des recherches menées par le conseiller municipal lui ont permis de découvrir que dans les années 1960, au Nouveau-Brunswick, des cimetières Métis français ont été profanés. « À Escuminac, mon village natal, les pierres tombales des Métis français ont été labourées hors du cimetière et cachées dans le bois sous une pile de terre », raconte Archie Martin.
Dans les mêmes années, afin d’interdire l’accès au cimetière, un fossé a été creusé sur la route menant à celui-ci empêchant ainsi les descendants des ancêtres français, métis et Autochtones de pouvoir se recueillir sur les tombes de leurs proches.
Aujourd’hui, tout ce qu’il reste des ancêtres d’Archie Martin, à Escuminac ce n’est qu’un champ nu où ils reposent sans pierre tombale. « Il y a beaucoup d’histoires comme celle de Kamloops ou du cimetière d’Escuminac qui sont connues, ou racontées, mais qu’on ne sait jamais si c’est vrai ou non parce que nous n’avons pas de preuves. Rien n’était vraiment documenté. Mais, c’est quand on fait des découvertes comme celle de Kamloops que ça nous pousse à nous questionner et à chercher plus loin », déplore M. Martin.
Rappelons que le 28 mai 2021, 215 dépouilles d’enfants ont été découvertes dans une fosse commune sur le site d’un ancien pensionnat à Kamloops en Colombie-Britannique.
L’établissement scolaire a été en opération sous l’église catholique entre 1890 et 1969. Par la suite, le gouvernement fédéral a repris possession des lieux et l’a converti en école de jour. Celle-ci fut opérationnelle jusqu’en 1978.
« J’ai de la peine en repensant à la découverte de Kamloops, parce que moi aussi j’en ai vu des enfants qui sont décédés dans mon village à cause du froid, parce qu’ils n’avaient pas les mêmes droits et les mêmes ressources en raison de leurs origines ».
Et la réconciliation?
Selon M. Martin, nous ne serions pas encore près d’être totalement réconciliés. Les causes? Majoritairement, parce que c’est une grosse question politique. Beaucoup d’enjeux s’y retrouvent comme l’argent, la haine et la rancune et le manque de respect mutuel.
« Donner de l'argent aux communautés est une erreur. Le gouvernement devrait investir dans l'urbanisme des réserves et installer des puits d'eau potable », ajoute M. Martin.
Tout un chacun fait partie de la solution pour parvenir à une vraie réconciliation. Malheureusement, ce ne sont pas tous les peuples qui ont la même vision des choses.
« La réconciliation, c’est vraiment important pour notre culture et nos traditions. Mais si toutes les Premières Nations travaillaient dans le même but avec les allochtones, on deviendrait un peuple sous un même parapluie… D’où je viens, on est un peuple, il n'y a pas de différence », affirme Archie Martin. « L'histoire c’est l'histoire. On doit continuer à l’écrire », conclut-il
Écrit en collaboration avec Charlotte Lemieux
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