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« Malheureusement, nous sommes dans l'obligation d'en refuser parce que nous manquons d'espace... »

DOSSIER violence conjugale : Entrevue avec la directrice d’un centre d’hébergement de Vaudreuil-Dorion

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31 octobre 2019
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Marie, 30 ans, peine à camoufler, sous son maquillage, son oeil enflé. Lisette, 65 ans, ne peut se rendre au chevet de sa mère mourante parce que son mari refuse de la laisser sortir. Camille 20 ans, sait que si elle refuse les caresses de son copain, il se fâchera et menacera de la quitter. Ces femmes auraient pu s'appeler autrement, avoir un âge différent, habiter la région ou ailleurs, peu importe leur origine, les scénarios seraient les mêmes. 

Trop souvent, des histoires de femmes violentées font les manchettes. Que ce soit les récentes accusations portées contre le chanteur Éric Lapointe ou plus près de chez nous, l'histoire qui s'est récemment déroulée du côté de Saint-Lazare. Les cas troublants de violence conjugale soulèvent encore beaucoup trop d’incompréhension.

L'équipe de Néomédia s'est entretenue avec la directrice générale du centre d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale La Passerelle, Mme Véronique Girard, afin de mieux comprendre cette triste réalité.

Portrait de la situation dans Vaudreuil-Soulanges

« Tout d'abord, il faut comprendre que lorsqu’il est question de violence conjugale, on parle ici des cinq formes de violence : la violence verbale, la violence psychologique, la violence économique, la violence sexuelle et bien entendu, la violence physique. Il faut aussi comprendre que la violence ne fait pas de discrimination. On la retrouve chez les riches, les pauvres, chez les jeunes, les moins jeunes, les personnes âgées, et ce, toutes origines confondues », souligne d'entrée de jeu Mme Girard. 

Selon les données disponibles par le Centre d'hébergement La Passerelle, chaque année, une centaine de femmes et d'enfants de la région bénéficient des services d'hébergement de l'organisme. « Malheureusement, nous sommes dans l'obligation d'en refuser parce que nous manquons d'espace. Dans ces cas-là, nous les référons vers d'autres centres, souvent à l'extérieur de Vaudreuil-Soulanges. » En support externe, c'est près d’une centaine de femmes qui, annuellement, demandent de l'aide.

Un cycle bien souvent difficile à détecter

La violence conjugale ne s'installe pas du jour au lendemain. Quand l'homme va sentir qu'il n'a plus de contrôle sur sa conjointe, par exemple, le niveau de violence va augmenter. Si le conjoint sent que les insultes n'atteignent plus sa conjointe, il va tenter autre chose, il va exercer une autre forme de contrôle. Et cette escalade de violence va se poursuivre tant et aussi longtemps que la victime ne brisera pas le cycle.  

« Il faut comprendre aussi que le cycle de violence inclut aussi des périodes que l'on appelle  Lune de miel. Au cours de ces périodes plus douces, la femme retrouve en général l'homme avec qui elle est tombée en amour et c’est justement dans ces moments que les femmes vont s'accrocher et que l'espoir va revenir  », poursuit la directrice.

Mais pourquoi certaines femmes tardent à quitter ou retournent avec leur conjoint ?

Véronique Girard souligne : « Plusieurs raisons peuvent expliquer ceci. Bien sûr il y a la peur de quitter son conjoint et de se retrouver seule, mais il y aussi l'aspect financier qui entre en jeu. La relocalisation est aussi un facteur. Quand les enfants sont impliqués dans le processus, certaines femmes vont rester pour eux. Les victimes peuvent aussi avoir peur des représailles post-séparation. Il ne faut pas oublier que dans bien des cas, les femmes victimes de violence conjugale sont isolées, ont une faible estime d'elles-mêmes, n'ont pas nécessairement de réseau autour d'elles. Beaucoup d'éléments expliquent pourquoi les femmes tardent à quitter ou retournent avec leur conjoint. Une chose est certaine, ce n'est pas parce qu'elles n'ont pas compris. Il faut vraiment briser ce cliché qui persiste encore aujourd'hui. Les femmes le savent, elles comprennent, mais vivent dans la peur constante. »

Des excuses qui n'en sont pas

« Il est fatigué. » « Il vient de perdre son emploi et il est stressé. » « Il vient d’un milieu violent et n'a rien connu d'autre. » « Il consomme beaucoup. » Voilà des excuses entendues très souvent par les intervenants. Véronique Girard est catégorique : « chaque individu est responsable de ses actes et rien n'excuse la violence, peu importe la forme qu'elle prend. »

Beaux parleurs et manipulateurs hors pair, les hommes coupables de violence conjugale ont assurément un don pour que leurs conjointes se sentent coupables. « Ils jouent beaucoup dans la tête des femmes pour qu'elles se sentent responsables de ce qui leur arrive. Pour un homme violent, tout est toujours la faute des autres, et bien souvent de leur conjointe. »

Comment soutenir une femme victime de violence conjugale ? 

Selon Mme Girard, le respect et l'écoute sont à la base de toute intervention. « Si une femme de votre entourage, une collègue ou une amie se confie à vous, sachez que cette personne vient de faire un grand pas. Admettre que nous sommes victimes de violence est déjà très difficile, imaginez arriver à en parler. Je dirais que les personnes qui reçoivent les confidences doivent faire preuve de patience, d'écoute et de respect. Il ne faut pas brusquer les choses. Il faut respecter le rythme de l'autre. Peut-être qu'elle n'est pas prête encore à partir, un départ, ça se planifie. Mais en s'ouvrant, la personne fait définitivement un grand pas.  »

La directrice générale de La Passerelle suggère également de ne pas tomber dans les mythes et les clichés. « Oui par réflexe nous sommes tentés de vouloir immédiatement sortir la personne de son environnement, mais il faut rester ouvert d'esprit. Évidemment, rediriger la personne vers les organismes appropriés est toujours une bonne chose à faire, mais encore là, si la personne n'est pas prête à se rendre dans un centre d'hébergement, il faut faire preuve de patience.  »

On rappelle aux femmes victimes de violence conjugale de ne pas hésiter à parler, à se confier à quelqu'un en qui elles ont confiance. « Osez faire un premier contact. Il est possible d'appeler au Centre La Passerelle, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Que ce soit simplement pour discuter, pour trouver une oreille attentive, un membre de l'équipe peut veut aider et vous guider  », conclut Mme Girard.

On rappelle que si vous êtes victime de violence, si vous connaissez quelqu'un qui pourrait avoir besoin d'aide, si vous vous sentez dépassé ou déprimé, plusieurs ressources sont à votre disposition.

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