La distribution du journal local dans l'impasse
Des annonceurs floués, une communauté d'affaires choquée
Alors que VIVA média annonce la fin de la distribution porte-à-porte de ses deux journaux locaux, plusieurs membres de la communauté d'affaires de Vaudreuil-Soulanges montent aux barricades.
Annonçant le début d'un temps nouveau, la concrétisation d'un rêve, Marie-Andrée Prévost, PDG de la boîte VIVA média, a informé ses lecteurs, et par le fait même ses clients, de la fin du mode de distribution traditionnel. L'entrepreneure aurait décidé de créer son propre réseau de distribution sans en aviser ses annonceurs. Rêve ou plan B: l'arrêt improvisé de la distribution porte-à-porte et la situation actuelle des copies qui ne trouvent pas preneurs, démontre un « geste improvisé » et « dangereux pour la crédibilité du média local » selon les nombreux commentaires et témoignages recueillis depuis les derniers jours.
Les gens d'affaires laissés pour compte
« Ça fait des années qu'on fait rire de nous. C'est une décision très peu réfléchie et surtout irrespectueuse envers les annonceurs qui font vivre le journal », souligne un client de l'entreprise.
Au-delà des lecteurs qui devront changer leurs habitudes pour se procurer quelque chose qu'ils avaient de facilement accessible depuis plus de 40 ans, les nombreux clients de Viva Média ont eux aussi l'impression d'avoir été laissés pour compte. Outre ceux qui nous ont parlé sous le couvert de l'anonymat, voici des propos et commentaires publiés en réaction à l'annonce, sur les réseaux sociaux.
« Souvent j'utilisais les annonces classées pour des places dans mon service de garde, c'est fini pour moi. »
« Et le coût des annonces augmente pour les annonceurs!!! J’étais même pas avisé !!! »
« Est-ce que vos annonceurs ont été informés de l'important changement? Je n'ai reçu aucun courriel, aucune lettre, aucun appel pour m'en informer. Nous dépensons une fortune par année pour y annoncer. Vous nous vantez depuis des années l'énorme tirage et le large réseau de distribution du Journal pour justifier vos prix.»
«Avertir vos annonceurs AVANT aurait été une meilleure stratégie d'affaire. On paie pour obtenir un certain service et vous avez décidé de changer ce service sans avertissement. C'est une question de respect envers vos clients qui paient des gros montants pour afficher une pub dans votre journal.»
« On paie environ 1200$/page pour être dans ce journal et personne nous avise de cela!!! On apprend ça sur Facebook!!! Nos clients on leur dit quoi??? Qu’on vient d’apprendre en même temps qu'eux, que leur pub de maison n’est plus livrée aux portes mais plutôt que ça va pourrir dans une boite en métal? »
« Viva Média, quand allez-vous parler à vos annonceurs? J'ai annulé ma pub cette semaine. Aucune confirmation de l'annulation, aucun appel, aucun courriel. Votre gestion de la situation est malheureuse. »
« Vraiment dommage...fini le journal à domicile et bye bye l'exposition que nous avions dans le journal. Nous serons plusieurs a reconsidérer notre place en publicité...»
Des annonceurs insatisfaits et choqués nous ont contacté et confirmé avoir reçu une réponse de la part de la direction à l'effet qu'ils ne seront pas crédités ni remboursés pour les dernières éditions. Pourtant, le nouveau mode de distribution a pour effet d'affecter grandement la visibilité de ceux-ci. Un manque d'éthique et de professionnalisme, aux dires de plusieurs.
90% des copies dorment dans des boîtes
Suite à l'arrêt obligatoire des installations exigé par les villes et municipalités, on retrouve quelques boîtes, tout au plus, sur le territoire. De plus, certains commerces qui recevaient quelques copies par le passé ont été oubliés lors de la dernière distribution. Plusieurs points de dépôt n'ont carrément pas été faits. « Après validation sur le terrain on estime à moins de 10% des copies qui ont trouvé preneur pour l'édition du 4 novembre », confirme un ancien employé qui distribuait le journal de VIVA.
Une diminution drastique du taux de pénétration et du taux de lecture
Si certain y voit une initiative environnementale, malgré que la majorité du tirage soit restée dans les boites ou carrément non distribué, pour la dernière édition, il n'en reste pas moins que des milliers de copies ne trouvent pas preneur. « J'estime à moins de 10% son taux de pénétration actuellement », assure un employé de chez Publi-sac qui travaillait à la distribution du journal depuis plusieurs années. Même observation sur le terrain, si on se fie aux commentaires et à la vingtaine de boites observées, toujours pleine 24 h avant la distribution de la nouvelle édition de ce mercredi.
L'autre enjeu est que les journaux ne seront plus livrés directement chez les citoyens. Avec l'hiver à nos portes, la population vieillissante, sans compter les gens à mobilité réduite, il va s'en dire que de nombreux exemplaires risquent de rester dans les boîtes oranges et donc, de finir au recyclage, à la poubelle ou tout simplement, éparpillés au sol.
Rêve ou conflit ?
Un responsable de la distribution chez Publi-sac confirme que l'entente entre les deux entreprises a été avortée il y a environ 2 semaines. Tout porte à croire qu'un conflit serait à l'origine de la décision menant à la mise en place du réseau de distribution improvisé. « Pour l'instant, tout ce que nous savons c'est qu'une nouvelle équipe aurait été engagée par la boîte médiatique pour faire la distribution, ou du moins ce qu'il en reste. Plusieurs commerçants ne reçoivent plus de copies. On estime, dans des cas comme que celui-ci, que le taux de pénétration en milieu urbain est d'environ 5%. Alors qu'en milieu rural, pratiquement nul. »
La sécurité des installations en jeu
Au-delà des questions éthiques et morales que soulève l'opération, l'aspect sécurité des usagers n'a pas été étudié. Déposées directement au sol, sans ancrages, les boîtes peuvent facilement être renversées. D'ailleurs, trois incidents nous ont été rapportés dans les derniers jours, dont un impliquant un enfant.
Après avoir discuté avec le fournisseur basé en Pennsylvanie aux États-Unis, Impact Racks, les boîtes doivent impérativement être ancrées au sol ou du moins, soutenues par un système de poids. Présentement, il suffit d'ouvrir la porte pour faire basculer la boîtes, même si celle-ci est pleine. Bref à la lumière des observations faites sur le terrain, elles ne sont pas installées conformément aux exigences du manufacturier.
Du côté du service de Poste Canada, l'arrivée des boîtes oranges cause également quelques désagréments. En effet, l'installation à proximité des boîtes postales rend, à bien des endroits, la livraison du courrier plus difficile puisqu'il est impossible pour les facteurs d'ouvrir les boîtes. Cependant, comme les emplacements des dites boîtes postales sont gérés par les municipalités, il n'en revient qu'à elles de prendre action.
D'ailleurs, le mercredi 8 novembre, la Ville de Notre-Dame-De-l'Île-Perrot a annoncé, via sa page Facebook, le retrait complet des boîtes sur son territoire. Dans la publication, la Ville explique qu'elle « n’avait donné aucune autorisation sur les emplacements actuels des boîtes. De plus, l’installation de certaines boîtes laisse à désirer et présente des enjeux de sécurité. La Ville rappelle que tout organisme ou toute entreprise doit obtenir une autorisation avant l’installation quoi que ce soit sur notre territoire.»
La direction de la Ville de Vaudreuil-Dorion a quant à elle, décidé d'attendre la rencontre prévue avec Mme. Prévost lundi prochain avant de prendre une décision. Les boîtes déjà installées resteront en place jusqu'à nouvel ordre, mais on confirme qu'aucun autre dispositif sera installé, d'ici la rencontre.
Décision d'affaires ou non, celle-ci est loin de faire l'unanimité tant chez les citoyens que chez les gens d'affaires, mais également auprès des instances municipales.
Voir le texte : Une nouvelle distribution illégale, dangereuse et improvisée pour plus de détails sur le dossier.
5 commentaires
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.
Je me demandais pourquoi je ne recevais plus mes journaux locaux,bien là je sais. Je trouve inapproprié de laissé les consommateurs sans avertissement,j'adorais lire mon journal et lire aux complet. Que vont faire nos ainés qui non pas d'ordinateur ? Dommage, très dommage.