Commission Kamel
Hécatombe dans les CHSLD: Arruda défend les décisions prises par le gouvernement
Par La Presse Canadienne
Le Dr Horacio Arruda ne se rappelle pas s’il a recommandé ou non d’arrêter le mouvement de personnel entre les milieux d’hébergement lors de la première vague de la COVID−19.
Il répondait jeudi aux questions de la coroner Géhane Kamel, qui mène actuellement une enquête sur les décès survenus en CHSLD durant les premiers mois de la pandémie.
La coroner a souligné que la Colombie−Britannique, elle, avait interdit tout mouvement de personnel entre les établissements dans le but de freiner la propagation de la COVID−19.
Le directeur national de santé publique a répondu qu’il allait devoir faire certaines vérifications, qu’il n’était pas certain d’avoir fait cette recommandation.
Il a précisé cependant n’avoir jamais eu de conversation à ce sujet avec son homologue de la Colombie−Britannique, arguant que les provinces n’opéraient pas nécessairement de la même façon.
« Les organisations de services ne sont pas du tout nécessairement les mêmes d’une province à une autre. »
De mars à août 2020, pas moins de 5157 personnes âgées vivant en centre d’hébergement au Québec sont décédées dans ce que plusieurs ont qualifié d’hécatombe.
Au cours de son témoignage, le Dr Arruda a défendu les décisions prises par le gouvernement, notamment celle de retirer les proches aidants des milieux pour aînés, à la mi−mars.
Il a expliqué que les proches aidants étaient souvent eux−mêmes des personnes âgées vulnérables. « C’était véritablement pour les protéger eux et pour protéger l’établissement », a−t−il dit.
Le Dr Arruda a aussi défendu la décision prise le 23 mars 2020 d’isoler pendant 14 jours les travailleurs de la santé asymptomatiques.
Il s’est dit conscient que des bris de services allaient possiblement survenir, mais sans cette décision, « ça aurait pu exploser encore plus », selon lui.
Me Kamel a demandé pourquoi, malgré tous les plans existants, le délestage du personnel n’avait pas été mieux préparé. «C’est ce bout−là qui m’échappe», a−t−elle dit.
À cela, le Dr Arruda a répondu que le Québec faisait face à un « problème de main−d’œuvre inouï ».
Masques et tests de dépistage
L’expert en santé publique s’est aussi fait interroger sur la lenteur du gouvernement à imposer le port du masque et à instaurer le dépistage en CHSLD.
Au 21 avril 2020, il y avait déjà 4000 travailleurs de la santé qui étaient infectés, a souligné le Dr Jacques Ramsay, qui assiste la coroner dans ses travaux.
L’important était surtout de bien appliquer les mesures de prévention et contrôle des infections (PCI), comme le lavage des mains, a maintenu le Dr Arruda.
Il a également rappelé qu’au printemps 2020, la capacité de dépistage du Québec n’était pas « exponentielle ». C’est la raison pour laquelle il fallait « tester les bonnes personnes au bon moment ».
Plus tard, un avocat représentant des travailleurs de la santé a demandé au directeur national de santé publique s’il avait l’intention de séparer ses rôles.
Le Dr Arruda porte à la fois le chapeau de directeur national de santé publique et de sous−ministre adjoint. Il a réitéré qu’il se sentait bien dans ses fonctions, libre et indépendant.
Son témoignage se poursuivra lundi matin.
Caroline Plante, La Presse Canadienne
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