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Vaudreuil-Dorion

Zones inondables: « Laissez les municipalités prendre leurs responsabilités » - Guy Pilon

durée 18h00
3 octobre 2024
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Quelques jours après le dépôt de la cartographie préliminaire des zones inondables déposée par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), le maire de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon n'en démord pas. « Laissez les municipalités prendre leurs responsabilités ».

Ce lundi, la CMM a déposé son mémoire dans le cadre des consultations publiques sur le projet de modernisation du cadre réglementaire en milieux hydriques. Selon le document, si aucun changement n'est apporté à la réglementation déposée en juin dernier par le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, pas moins de 1207 bâtiments se trouveraient en zones inondables, et ce, dans Vaudreuil-Dorion seulement. 

« Dans Vaudreuil-Dorion, ça représente 2 085 logements. C'est une augmentation de 700% du nombre de maisons qui se trouvent dans les zones inondables, que ce soit à faible risque ou à risque très élevé », confiait le maire Pilon à Néomédia, . 

À titre d’exemple, selon la cartographie actuelle, le campus de la Cité-des-Jeunes sur l'avenue Saint-Charles se trouve dans une zone à risque très élevé. Rappelons qu'un CHSLD, de même que l'usine de filtration et d'épuration des eaux, se trouvent dans le secteur, ainsi que quelques résidences pour aînés. 

Dans sa forme actuelle, le projet de réglementation proposé par Québec pourrait également mettre en péril un projet de construction de logements abordables dans le secteur de la rue Saint-Michel à Vaudreuil-Dorion, selon les informations partagées par le maire.

Cela va sans dire qu'une telle augmentation n'est pas sans conséquence financière. « Si l'on regarde l'évaluation municipale, c'est près de 2 milliards de dollars que la Ville pourrait perdre en matière de revenus de taxation », s'insurge Guy Pilon.

Des humains avant tout

Au-delà des pertes financières qu'engendrera la mouture actuelle de la réglementation, le maire de Vaudreuil-Dorion déplore le manque d'humanisme que démontre le ministère.

« Imaginez la panique chez les propriétaires qui doivent renouveler leur hypothèque et qui ne savent pas s'ils en seront capables? Ceux qui se demandent s'ils sont toujours assurables auprès de leur assureur ? On ne donne même pas le droit aux maisons qui se trouvent déjà dans les zones inondables de se protéger. Un propriétaire ne peut pas faire des travaux pour isoler son solage. Le Québec s'est bâti à proximité des cours d'eau parce qu'à l'époque c'était l'un des seuls moyens de transport. À travers la province, on retrouve des maisons, mais aussi des institutions, des usines près des berges. Là on vient dire à toutes ces personnes, à toutes ces entreprises, qu'elles devraient partir ? C'est inhumain », déplore le magistrat.

Autre questionnement légitime selon le maire, dans un contexte de crise du logement. « Si vous éliminez des milliers de portes, on fait quoi avec les gens ? Où est-ce qu'on les loge? On déménage le problème, et on en crée un autre énorme. C'est une pression que l'on met sur des humains ».

Guy Pilon met d'ailleurs le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, au défi de participer à une séance d'information dans Vaudreuil-Dorion, afin qu'il puisse entendre les doléances des citoyens. 

« On va lui fournir la plus grande salle possible pour qu'il vienne nous rencontrer et nous expliquer son plan, avec ses fonctionnaires. S'il a le courage de faire ça, je vais le respecter un peu plus et il va comprendre la détresse des gens face aux décisions de ses fonctionnaires », souligne le maire avec toute la verve qu'on lui connait. 

« Laissez les municipalités prendre leurs responsabilités »

Touchée par les inondations de 2017 et de 2019 et, plus récemment, par les inondations dues aux pluies diluviennes du 9 août, la Ville de Vaudreuil-Dorion, comme plusieurs autres municipalités affectées, a développé une certaine expertise en matière de gestion de risques. C'est d'ailleurs l'un des arguments clamés par le maire Pilon. 

« On sait ce que nous avons à faire. Nous avons les équipements pour le faire. Nous savons exactement ce que nous avons à faire. Par exemple, en 2017 et 2019, nous avons eu environ 200 maisons touchées. Avec les pluies du 9 août, on parle de 2000. C'est plus grave avec les pluies qu'avec les inondations, car on peut voir venir les inondations.  On est capable, avec la géomatique, de savoir jusqu'où l'eau va monter et quels secteurs seront touchés. Nous avons le temps de nous préparer. Permettez-nous de mettre des mesures en place pour protéger nos maisons. Il y a moyen de faire quelque chose », a ajouté le maire.

Le 9 août, l'usine de filtration de Vaudreuil-Dorion a enregistré pas moins de 217 millimètres d'eau en un très court laps de temps. Ce sont 2000 résidences qui ont été inondées en moins  de 48 heures. 

« Ça, c'est extrêmement difficile. Le gouvernement va faire quoi ? Il panique avec 200 maisons, là on parle de 2000 maisons » questionne le maire. « Le gouvernement ne veut plus payer pour les inondations et je le comprends. Dans ce cas, il à juste à donner aux villes un droit de regard sur l'émission des permis dans les zones à risques. Qu'on nous laisse faire. Qu'on nous laisse travailler avec nos citoyens », plaide-t-il. 

De solutions ?

Pour Guy Pilon, il est clair que des solutions existent et que l'expertise acquise par les villes dans les dernières années doit être mise à contribution. 

« Le gouvernement pourrait dire aux villes qu'elles ont le droit de donner des permis si elles le veulent. On va faire comme on le fait depuis un bout déjà, on va émettre des permis avec des conditions, comme des solages hydrofuges, des constructions sur pilotis, le relèvement des niveaux de planchers ».

Monsieur Pilon cite également en exemple le régime d'assurance équitable pour tous, aussi connu sous l'appellation du no-fault, de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).

« Le gouvernement a fait l'auto-assurance avec la SAAQ; les no-fault. Le gouvernement pourrait faire ça, créer par exemple l'Assurance inondations. Les gens qui résident dans les zones à risques devraient payer, mais au moins elles seraient protégées. L'argent serait mis de côté par le gouvernement et en cas de "bad luck", les fonds seraient redistribués entre les sinistrés. Ainsi, les gens auraient au moins une assurance et les compagnies d'assurance continueraient d'assurer le reste. Il y a des solutions. Est-ce que ma solution est parfaite, je ne le sais pas. Mais qu'on ne vienne pas me dire que des gens qui n'ont aucune connaissance de notre réalité vont en trouver pour nous. Qu'on laisse les municipalités prendre leurs responsabilités », conclut-il.

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