Rencontre avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable
Pont de l’Île-aux-Tourtes: Des maires déçus de Geneviève Guilbault
Ce sont des maires plutôt déçus qui sont ressortis de la rencontre avec la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, le 31 janvier dernier.
Demandée par la mairesse de Saint-Lazare, Geneviève Lachance, la rencontre avait pour but de faire le point sur la situation du pont de l’Île-aux-Tourtes. Rappelons que depuis décembre dernier, deux voies seulement sont ouvertes à la circulation dans les deux directions, en raison des travaux d’entretien permanents sur la structure.
« J’ai été déçue de plusieurs choses. Clairement, Mme Guilbault ne connait pas le dossier du pont de l’Île-aux-Tourtes ni la région de Vaudreuil-Soulanges. La première chose qu’elle nous a dite pour résoudre le problème c’est que les gens devraient privilégier le transport en commun et le télétravail. Ce n’est pas une situation viable considérant que nous n’avons pas vraiment de transport en commun dans la région », déplore Genevière Lachance.
La mairesse de Saint-Lazare a d’ailleurs confié à Néomédia avoir déjà fait l’exercice via Google pour savoir combien de temps il lui faudrait pour se rendre au Centre-Ville de Montréal sans prendre sa voiture à partir de chez elle. « Ça prendrait 2h30. Je ne peux pas offrir à mes citoyens quelque chose de pire que ce qu’ils ont déjà. Ça ne passerait pas », ajoute-t-elle.
« Ce fut une joyeuse perte de temps. Pourtant c’est un dossier qui est connu à Québec, mais ils ont tous une importante méconnaissance de Vaudreuil-Soulanges. Ce n’est pas compliqué. Quand le pont de l’Île-aux-Tourtes a la grippe, l’île Perrot et l’autoroute 20 toussent. C’est l’enfer sur l’île, mais aussi pour toutes les villes qui bordent l’autoroute 20 », indique la mairesse de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, Danie Deschênes.
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À l’instant de leur collègue de Saint-Lazare, la mairesse de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, et le maire de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon, sont unanimes, la ministre n’a aucune connaissance de la problématique ni de la réalité du territoire.
« Mme Guilbault n’est pas au courant du dossier et elle est mal informée par ses fonctionnaires. J’ai un gros reproche à faire au gouvernement. Tu ne peux pas nommer dans un ministère important comme celui du Transport, quelqu’un qui a deux ou trois autres ministères. On aurait dû avoir, minimalement, un ou une ministre dédié uniquement au transport », de dire Guy Pilon.
« Le maire Pilon et la mairesse Lachance ont posé plusieurs questions qui sont demeurées sans réponse. La ministre répondait avec les informations qu’elle avait en main, mais clairement elle a été mal informée. Minimalement, quand tu connais un dossier, tu arrives à répondre convenablement aux questions », ajoute Danie Deschênes.
Une voie réservée inutile
Outre les problèmes de circulation et les nombreuses frustrations qu’engendrent les travaux, la question de la voie réservée au transport en commun sur un tronçon de l’autoroute 40 a aussi été soulevée par les élus.
Le 28 janvier, le MTQ a procédé à l’aménagement d’une voie réservée au transport en commun, sur l’autoroute 40, aux approches du pont de l’Île-aux-Tourtes.
Ainsi, depuis le 29 janvier, une voie est retranchée sur l’autoroute, entre l’échangeur de l’autoroute 30 et le pont, en direction est, et entre les boulevards Morgan et des Anciens Combattants, en direction ouest. Or, aucun autobus d’exo, empruntent ce tronçon de l’autoroute. En fait, l’autobus traversant le pont de l’Île-aux-Tourtes le fait à partir du Château Vaudreuil, là où se termine la voie réservée.
« Même s’il y avait 50 autobus qui passaient par-là, une fois sur le pont, il n’y a plus de voies réservées. Au final, ça ne changerait rien du tout. Ça ne fait aucun sens qu’un fonctionnaire ait proposé quelque chose comme ça. C’est ça le problème, ils ne nous consultent pas et font n’importe quoi. C’est bien beau nous parler de transport en commun, mais on en pas », s’indigne Guy Pilon.
Geneviève Lachance renchérit: « La ministre a comparé ça avec le nouveau pont Champlain qui n’a pas de voies réservées pour les autobus. C’est vrai qu’il n’y en a pas, mais le REM passera sur le pont. Nous, non. Le REM ne viendra pas jusqu’ici ».
Pas de gestion de la circulation avant le printemps
En janvier, le maire de Vaudreuil-Dorion avait interpellé la ministre lui quémandant de remettre en place la gestion dynamique de la circulation sur le pont afin qu’il y ait toujours trois voies d’ouvertes durant les heures de pointe. Quelle ne fut pas la surprise des élus d’apprendre, le 31 janvier, qu’il était impossible d’aller de l’avant avec une telle solution en raison de l’accumulation de neige.
« C’est une question de sécurité. Il faut attendre qu’il n’y ait plus de neige avant de mettre en place la gestion dynamique de la circulation. On ne peut donc pas dire quand exactement il sera possible d'aller de l’avant », confiait, il y a quelques jours, à Néomédia, la députée de Soulanges, Marilyne Picard.
Pour Guy Pilon, cette réponse ne fait aucun sens. « Voyons donc. Les autres hivers ça fonctionnait. Sur l’autoroute 13, ça fonctionne. Il y a plusieurs places au Québec où il le font, même si c’est l’hiver. Là on nous parle d’un projet qui coûterait 50M$ pour ajouter une voie pour embarquer sur la 40 à partir de la 30. Ils ont juste à faire du marquage comme ont avait fait lors des inondations. Quand bien même qu’ils mettraient quatre voies pour embarquer sur la 40, il reste toujours bien juste trois voies sur la 40. Au lieu de mettre des sommes dans des projets, qu’ils nous donnent des autobus »!
Dans un courriel acheminé ce mercredi à Néomédia, l'équipe de la députée de Soulanges, Marilyne Picard explique:
Le scénario c'est d'utiliser le même espace qu'on a actuellement (dans lequel il y a 4 voies de 3,5 m chacune) pour mettre 5 voies (de 3,2 m chacune), en utilisant l'accotement. Pour pouvoir utiliser l'accotement, il ne faut plus qu'il y ait de neige, parce qu'actuellement, quand il neige, les déneigeuses poussent la neige dans l'accotement le temps de venir la ramasser.
« Je ne comprends pas pourquoi les mesures d’atténuation qu’ils mettent en place dans les situations d’urgence ne peuvent pas rester en place de façon permanente », se désole Danie Deschênes.
Quant au dossier de l’autoroute 20, la mairesse de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot a laissé savoir qu’une demande pour une rencontre avait été formulée au ministère.
La lumière au bout du….pont ?
Malgré les réponses plutôt décevantes et le flagrant manque de connaissances de la ministre Guilbault, les élus espèrent, un jour, voir la lumière. « Je pense qu’elle a compris, mais je crois surtout que des fonctionnaires vont s’être fait parler », de dire Guy Pilon.
Pour sa part, Geneviève Lachance aurait aimé sentir un peu plus d’ouverture « Elle nous a écoutés, mais nous n’avons pas été nécessairement rassurés. C’est bien beau écouter, mais là, on avait besoin d’être rassurés et de sentir le sentiment d’urgence chez la ministre ».
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