C’est le sentiment de nombreux résidents de Vaudreuil-Dorion. Bien entendu les chantiers de construction sont normaux et nécessaires, nous en sommes tous conscients. Par contre, lorsque ceux-ci arrivent tous en même temps sans avoir été réfléchis, et planifiés à l’avance, mais plutôt réactifs à des événements, cela devient lourd à porter et endurer.

Il y a bien entendu la situation de l’autoroute 20 qui passe en plein cœur de la portion de Dorion. Des expropriations ont eu lieu il y a des années, des plans ont été approuvés, des études menées, et pourtant aucune construction n’a vu le jour.

Vient la situation d’un pont en décrépitudes qui démontrent des signes de faiblesses depuis de nombreuses années. Construit en béton précontraint, le pont de l’Île-aux-Tourtes a été construit et ouvert en 1966 et approche la fin de sa vie utile. Québec prévoit d’ailleurs son remplacement vers 2020. En 2011, on note plusieurs fissures préoccupantes qui nécessiteront un suivi au cours des prochaines années et entrainera des travaux majeurs à la structure du pont en 2012 et 2013. Mais ce n’est que l’une des nombreuses vagues de travaux majeurs, les autres ayant eu lieu en 1991-1992, 1994, 2000-2001 et 2015.

Nous pourrions rentrer dans les détails des nombreux troubles, mais ce n’est pas réellement le but de ce cri du cœur. Le cri du cœur d’une citoyenne qui se sent piégée dans sa propre ville.
La situation actuelle va au-delà d’un simple trafic normal de chantier de construction. Car le chantier de construction entraine non seulement des retards et du trafic à un niveau incroyable, mais qui surtout déborde sur ce fameux tronçon d’autoroute de la 20 qui n’est nullement une autoroute. Ceci déborde sur une avenue qui relie les deux portions de la ville, alors qu’il n’a même pas les dimensions pour s’appeler une avenue.

Car selon la terminologie, une avenue est une voie de communication urbaine, généralement plus large que la rue, menant à des lieux précis de la ville ou reliant des quartiers, donnant accès à des commerces et à des services, et qui comporte au plus quatre voies… et l'avenue Saint-Charles ne répond pas à ce critère de base. Et donc, cette rue (car appelons des oranges des oranges) ne peut subvenir à l’affluence qui vient alors l’engorger par des citoyens qui tentent juste de vaquer à leur quotidien, entre des camionneurs qui veulent se rendre à leur destination et tout ce beau monde qui veut découvrir notre région.

Aucune échappatoire, nous n’avons pas vraiment de voie alternative. Ah nous avons aussi, il est vrai, la bonne vieille Harwood, mais non elle est congestionnée du point A au point B, car elle aussi a des constructions, car on ne doit pas oublier dans cette équation la construction d’un futur Hôpital.

Les citoyens se sentent abandonnés dans leur ville, ils se sentent pris au piège de situation qui se sont empirée au fil des années, sans que personne semble nous porter attention. La construction du nouveau pont aurait dû être entamée il y a déjà plus de 5 ans. La voie de contournement aurait dû être parachevée depuis de nombreuses années.

Ceci c’est la base de nos troubles. Ensuite vient l’ajout d’un hôpital, et tous les nouveaux projets d’habitation qui poussent partout dans la région. Nous sommes l’une des régions le plus en croissance, devrions nous en être ravies, oui et non. Car cette croissance n’a pas été réfléchie et c’est nous les citoyens qui en payent le prix.
Les routes, les infrastructures de base même de la ville n’ont pas été préparées à cette croissance. 

Présentement, la situation fait que nos commerçants en souffrent. Le trafic occasionne pour eux des pertes considérables, car les gens ne peuvent pas se rendre à eux. Nous assistons à la fermeture de nombreux de nos petits commerces. Ces mêmes commerces dont nous allons avoir besoin pour répondre à la croissance de la ville et l’augmentation de la population. Des commerçants ne perdent pas seulement des clients, mais des employés qui ne veulent plus se déplacer dans ce trafic.

On pourrait opter pour le transport en commun, mais non, car notre réseau est vraiment au stade juvénile, qu’à ces balbutiements et ne réponds vraiment pas à la demande réelle. Plusieurs secteurs résidentiels ne sont pas reliés à ce réseau. Nos étudiants du collège doivent utiliser pour certains un vélo pour se rendre à la gare, ou marcher près d’un kilomètre pour le premier arrêt d’autobus pouvant les mener ensuite à la gare en… 30 minutes et plus.

Il y a une rage qui gronde dans le cœur des commerçants et des citoyens. On sent l’impatience à tous les coins de rue. Les gens exaspérés tentent de trouver un raccourci pour ne pas arriver encore une fois en retard. Pour ne pas encore une fois prendre 30 minutes pour un trajet de 5 minutes. 

Ces raccourcis les amènent dans nos quartiers, là où sont les familles, là où nos enfants jouent au hockey dans la rue. L’impatience des automobilistes a résulté en les nombreux accidents répertoriés dont un vélo happé au coin de la 20 et de l'avenue Saint-Charles, pour n’en citer qu’un seul.

Cette mauvaise humeur on la ressent dans les files à l’épicerie alors qu’on entend des commentaires du genre : pas comme si on n’est pas habitués d’attendre à Vaudreuil, on fait juste ça partout ne pas avancer.

Les gens souffrent d’impatience, de colère de sarcasme le tout sur un fond d’amertume. Les groupes Facebook de la ville sont teintés de ce même sarcasme et négativisme. Les gens se sentent abandonnés, ne ressentent pas du tout qu’ils sont entendus ou même écoutés. Sur les réseaux sociaux les gens déferlent leur trop plein d’émotion, leur haine de la situation, chiale sur les réseaux, sur la circulation, sur les prix, sur le manque de soutien, sur absolument tout et rien. Ces groupes qui visaient à nous informer et nous soutenir sont des sources de négativisme et de déferlement de désespoir et de chialage.

Lorsque vous allez à l’épicerie, peut-être qu’un sourire à la caissière fera sa journée et allégera votre cœur aussi. Peut-être que de faire un sourire pour laisser deux adolescents en vélos traverser la route car ils se rendent à l’école pourra changer ton humeur. Ce deux secondes ne changera rien. Essayons donc entre nous de nous soutenir au lieu de nourrir cet humeur si négative, si sombre qui semble venir couvrir toute notre belle région.

La situation est au-delà de tout un chacun.