Un billet de Jessica Brisson
Pas de profs, pas de notes, pas de réponses
Aujourd'hui, la mère de deux enfants que je suis profite de cette tribune pour partager ses inquiétudes qui, j'en suis certaine, sont vécues par plusieurs parents.
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville devrait, plutôt que de massacrer Toune d'automne pour rendre hommage au défunt Karl Tremblay, se pencher sur les vrais enjeux et s'assurer de ne pas massacrer l'avenir de nos jeunes. Je suis pas mal certaine que Karl serait de mon côté avec celle-là.
La pénurie de main-d'oeuvre dans le réseau scolaire ne fait pas qu'alourdir la tâche pour ceux qui tiennent le semblant de réseau à bout de bras. Le manque d'enseignants brime l'accès à une éducation de qualité pour toute une génération déjà marquée par la pandémie.
Si vous avez des enfants au secondaire, vous êtes peut-être de ceux qui ont remarqué l'absence de résultats dans une ou plusieurs matières, à la réception du bulletin de la première étape. Parce qu'ils n'ont pas reçu l'enseignement auquel ils ont droit, certains élèves n'ont tout simplement pas été évalués.
C'est bon ça pour une moyenne et une Cote R...
Oui, c'est vrai, c'est le premier bulletin de l'année, les choses peuvent changer, mais permettez-moi d'en douter. Si le Centre de services scolaires n'a pas été en mesure de trouver un remplaçant depuis la rentrée, j'ai honnêtement très peu d'espoir qu'après la grève, ça se bouscule aux portes pour venir enseigner.
On s'entend qu'à long terme, les répercussions seront importantes pour nos jeunes. Celui qui n'a pas les crédits nécessaires à l'obtention de son diplôme d'études secondaires, parce qu'il n'a pas d'enseignant en français, fera quoi?
Celle qui n'a pas eu de prof de mathématiques pendant une période de l'année et qui voit sa moyenne baisser, au point où elle est refusée dans son programme au cégep, fera quoi?
Et si on décide de donner la note de passage à tous les étudiants pour compenser le manque de profs, est-ce que ces mêmes étudiants auront droit à du soutien académique? Clairement, si un jeune n'a pas reçu les enseignements prévus une année, mais qu'on décide de le faire monter de niveau quand même, va-t-il traîner des difficultés tout au long de son parcours scolaire?
Les centres de services scolaires ont la responsabilité de s'assurer que les personnes relevant de leur compétence reçoivent les services éducatifs adéquats, notamment l'enseignement des matières prévues par le Régime pédagogique, enseignement auquel les étudiants ont droit. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Loi sur l'instruction publique (LIP).
Quand un poste est à pourvoir, les centres de services scolaires sont contraints de mettre en place des solutions comme de la suppléance ou l'ajout de tâches à des enseignants, pour maintenir le service; bref pour que soit donnée la matière. Ça aussi, c'est dans la Loi.
Les mathématiques n'ont jamais été ma matière forte, mais si des élèves n'ont pas reçu l'enseignement prévu parce que le Centre de services scolaires n'a pas trouvé de suppléant, le calcul est évident, selon moi: il y a quelqu'un quelque part qui ne respecte pas la Loi et ce sont nos jeunes qui en paient le prix.
Et si vous vous demandez pourquoi j'étale mes états d'âme ici, c'est assez simple. Personne au Centre de services scolaires et au ministère de l'Éducation n'a été capable de répondre à mes questions. PERSONNE! En fait, j'ai eu des réponses, mais pas à mes questions.
C'est comme si on n'avait jamais réfléchi à ce problème. C'est comme si personne ne s'était demandé ce qui allait arriver aux élèves pas de profs.
À mon avis, Monsieur le ministre de l'Éducation, il est grand temps, que vous vous penchiez sur la question. Nos enseignants sont dans les rues demandant de meilleures conditions d'enseignement pour nos jeunes. Il serait peut-être le temps de laisser tomber les vocalises et de les écouter. À chaque journée de grève, ce sont nos enfants qui écopent. C'est bien plate, mais sans profs de géographie, comment voulez-vous qu'ils sachent où aller voir les Kings ?
Et pendant que vous y êtes, corrigez donc l'appellation Centre de services scolaires pour ajouter un S à scolaires. Ce sont les services qui sont scolaires, pas le centre. Je le sais parce que contrairement à bien des jeunes, j'ai eu droit à des cours de français quand j'ai fait mon secondaire.
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