Lettre ouverte
Soutenir le Transport Collectif Sans Écraser les Municipalités
Dans les derniers jours, la question du financement du transport en commun fait couler beaucoup d'encre.
Dans une lettre ouverte, la mairesse de Saint-Lazare, Geneviève Lachance, demande au gouvernement du Québec de tenir compte des préoccupations des municipalités qui pourraient se voir imposer une part importante du fardeau financier lié au transport collectif.
Voici l'intégralité de la lettre.
La question du financement du transport collectif est actuellement au cœur des débats, suscitant des inquiétudes majeures concernant la répartition des responsabilités financières. Les municipalités sont au centre de cette discussion.
Le gouvernement de la CAQ tente d'imposer une part considérable du fardeau financier lié au transport collectif aux dépens des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) qui sont déjà soumises à des charges considérables. Cette situation menace la pérennité du transport collectif. Dans la région de Vaudreuil-Soulanges, 11 municipalités sur 23 font partie de la CMM.
L’approche du gouvernement exerce une pression écrasante sur les municipalités, en particulier sur les plus petites, qui disposent de revenus limités provenant principalement des taxes foncières.
Elles se trouveront potentiellement confrontées à de nouvelles augmentations substantielles pour l'année 2024, notamment en ce qui concerne les factures de l'autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), de la Sûreté du Québec et de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Ceci survient dans un contexte où l'économie est très volatile et particulièrement difficile pour plusieurs.
Cependant, même si elles sont contraintes de faire partie de ces entités, les municipalités n'en retirent pas toujours les bénéfices pleins et entiers de ces services.
D'ailleurs, un bon nombre de nos municipalités ne disposent que de peu ou pas du tout de services de transport collectif sur leur territoire, mais elles doivent tout de même payer une partie importante de la facture. De plus, il est important de mentionner que ces dépenses sont considérées comme incompressibles et ne sont pas sous le contrôle direct des
municipalités.La situation est d'autant plus alarmante lorsque l'on considère le scénario actuel, dans lequel les villes de la CMM sont sommées de couvrir les déficits des sociétés de transport, avec une estimation de 2,5 milliards de dollars à combler au cours des cinq prochaines
années. Il est essentiel de revoir le cadre financier pour le transport collectif, car il n'est clairement plus viable. La situation actuelle semble nous entraîner dans un trou noir sans fin.Les propositions du gouvernement de couvrir 20 % du déficit résiduel des sociétés de transport collectif pour la période 2024-2028 et les municipalités 80 %, pourraient entraîner des augmentations significatives des coûts de transport pour les municipalités.
Dans Vaudreuil-Soulanges, certaines d’entre elles pourraient subir des augmentations allant jusqu'à 150 % par rapport à leur budget de 2023. Cela contraindra les municipalités à effectuer des coupures importantes dans leurs budgets, réduisant ainsi les services aux citoyens ou provoquant une forte augmentation des taxes municipales. Il est essentiel de se rappeler qu'à chaque augmentation de ces dépenses, ce sont les citoyens qui, en fin de compte, devront payer.
Nous devons noter que ces derniers mois, notre région a été le témoin d'une fréquente annulation des services d'autobus, laissant les usagers dans l'obligation de chercher d’autres alternatives. Cette situation a particulièrement impacté notre communauté étudiante. Malheureusement, malgré l'augmentation des coûts, les services semblent régresser, alors que l'on nous dit que l'offre devrait augmenter.
Il est impératif de souligner l'urgence de trouver une solution viable rapidement. Il faut aussi reconnaître que le gouvernement provincial dispose de ressources financières bien plus importantes que les municipalités, qui dépendent en grande partie des taxes foncières. Cela soulève également la question d'un besoin de réforme majeure de la fiscalité municipale à laquelle le gouvernement provincial refuse toujours de donner suite.
Le gouvernement de la CAQ insiste sur l'importance du transport collectif et de la réduction de la présence des voitures sur nos routes, mais il n'est pas disposé à s'engager financièrement pour soutenir ces objectifs. Il est temps que le gouvernement reconnaisse que le financement de ces services doit être une responsabilité partagée.
Les municipalités sont prêtes à faire leur part en fonction de leur capacité financière, mais elles ne peuvent pas être les seules à supporter la majeure partie de ces coûts, d'autant plus que leurs responsabilités augmentent constamment. Une approche équilibrée et équitable est essentielle pour maintenir la pérennité du transport tout en protégeant les intérêts des contribuables au niveau local.
Les avantages du transport collectif sont indéniables : la réduction de la congestion routière, la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la promotion d'une mobilité plus durable. Cependant, si les municipalités sont contraintes de supporter seules ce fardeau financier, ces avantages sont mis en péril.
Alors que les municipalités sont actuellement en pleine préparation budgétaire pour l'année 2024, nous espérons que le gouvernement tiendra compte des préoccupations des municipalités et agira en conséquence pour offrir un accès au transport collectif fiable et de qualité, tout en allégeant le fardeau financier qui pèse de plus en plus sur les municipalités et leurs citoyens.
Geneviève Lachance
Mairesse Ville de Saint-Lazare
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