ÉDITORIAL : Et si l'intimidation n'avait pas d'âge?
Est-ce moi, ou le pire conseil à donner à un enfant victime d'intimidation, est d'ignorer son intimidateur? On s'entend, je ne dit pas de répondre par la violence. On le sait tous, la violence engendre la violence. Ce que je dit c'est qu'il serait peut-être bien d'encourager nos jeunes à s'exprimer, à dire tout haut ce qu'il pense sans avoir peur.
Le pire c'est qu'une fois adulte, on va dire à nos jeunes de se tenir debout, de s'exprimer, de ne pas avoir peur de parler, de prendre position, de croire en eux. Comment en tant qu'adulte, seront-ils en mesure de parler, si en tant qu'enfant on les conditionne à ignorer? Je ne crois pas exagérer en disant que tous les parents ont, à un moment ou un autre, prononcé les phrases suivantes: « Laisse le faire, ignore-le! », « Il va se tanner! », « Ne t'en occupe pas! » On va se le dire, c'est pas vrai qu'il va se tanner.
J'ai été victime d'intimidation et aujourd'hui en tant qu'adulte, je réalise que je ne sais toujours pas comment me défendre contre les attaques. Parce que oui, l'intimidation est encore bien présente. L'intimidation n'est pas qu'un jeu d'enfants ou de cours d'école. Et rendu adulte, les attaques sont bien plus subtiles, mais tout aussi dommageables. L'avantage de vieillir, on prend de l'expérience!
À 30-40-50 ans, tout ce nous arrivons à faire c'est d'ignorer nos intimidateurs, parce que c'est ce qu'on nous a appris. Pourtant ça ne les arrête pas. Ce n'est pas vrai qu'en ne leur donnant pas l'attention qu'ils ou elles réclament, que le problème va arrêter. Écouter leurs paroles sans jamais leur dire d'arrêter, sans jamais leur faire part de notre désaccord, n'est-ce pas la une façon d'encourager leur comportement malsain? Qui ne dit mot consent.
C'est inévitable, tôt ou tard, nous serons tous confronté à une situation de la sorte. Nous en avons eu la preuve dans les dernières semaines. Je salue le courage de ceux et celles qui se sont levés contre leur agresseur, intimidateur. Mais avouons-le, il reste encore beaucoup de travail. Combien d'années se sont écoulées avant que les victimes ne parlent? J'aurais tendance à dire trop. Il faut arriver à le dire, à le dénoncer, à le crier; « Laissez-moi tranquille! », « Lâchez moi! », « Cris... moi patience! »
Et si nous apprenions à nos enfants à s'exprimer plutôt qu'à ignorer? N'est-ce pas là un début de solution au mal de vivre qui plane sur notre société où règne la loi du silence? Évidement, vous comprendrez qu'il est nullement question de répondre par la violence ici. Je parle de verbaliser, de dialoguer. Tout se dit, il suffit de trouver la bonne façon de le dire. Apprenons à communiquer, qu'en pensez-vous?
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