Accident de Rigaud
L’histoire de Bing Bing Li
Bing Bing Li a été identifié comme étant la personne s’étant fait heurter par un motocycliste vendredi dernier à Rigaud sur le chemin de la Baie. L’homme de 49 ans, qui marchait de ville en ville, aux États-Unis comme au Canada, pour propager un message d’amour, a finalement succombé à ses blessures cette semaine.
Transportant avec lui que le strict nécessaire, soit des vêtements, des couvertures et un sac de couchage à bord de son petit chariot, Bing Bing Li marchait ainsi depuis 2016.
Ce dernier a eu un déclic. Tel que relaté dans d'autres médias auparavant, M. Li aurait connu des moments difficiles dans sa vie. Travaillant dans le domaine de l’ingénierie aérospatiale en Chine, il aurait été dans l’incapacité de se trouver un emploi dans son champ d’expertise à son arrivée au Canada.
Il s’est par la suite dirigé vers la restauration en ouvrant un restaurant à Montréal qui ne s’est pas vu être un succès, ce qui l'a fait tomber dans un état dépressif avancé à l’aube de ses 40 ans. Il aurait d’ailleurs tenté de mettre fin à ses jours à de multiples reprises.
Après une ultime tentative lors d’une visite en Chine, c’est à ce moment que le déclic serait apparu, soit d’arrêter de lutter et de simplement propager un message d’amour. Il avait l'ambition de marcher ainsi à travers le monde.
« L'amour égal et inconditionnel, pour toutes les créatures à travers tout l'espace/temps/matière/énergie, est le seul moyen de sortir de la misère humaine. Je marche à travers le monde pour semer ce message. Je n’ai aucun argent et je n’en veux aucun. J’ai juste besoin de nourriture », est-il écrit sur son chariot.
Bing Bing Li vivait donc de ce que les autres pouvaient lui offrir. Il n’avait ni téléphone, ni aucun autre objet électronique, seulement ses maracas qui lui permettaient de jouer un peu de musique pour faire plaisir aux passants qu'il rencontrait.
Retour sur les événements
Ayant passé un bon moment sur la côte ouest-américaine, il se serait dirigé vers l’est avant de remonter au Canada. L’homme aurait été aperçu, selon ce qui est véhiculé sur les réseaux sociaux, aux abords de Hawkesbury récemment, puis finalement à Rigaud.
Arrivant de l’Ontario, Bing Bing Li marchait sur le chemin de la Baie à Rigaud ce vendredi. Un agent de sécurité du camping Transcanadien l'a d’ailleurs intercepté alors qu’il était dans un état d’intoxication avancé. « Il semblait être dans un autre monde », indique Fanny-Alisson Bédard, fille du propriétaire du camping qui était aussi sur les lieux.
Les campeurs lui ont proposé de rester, mais M. Li préférait continuer sa route. C’est à ce moment que la Sûreté du Québec (SQ) a été contactée puisqu’« il représentait un danger pour lui-même », ajoute Mme Bédard.
Une dame l’a néanmoins suivie en tentant d’éclairer la chaussée avec une lampe de poche avant de le perdre. Ce ne serait que quelques minutes plus tard que l’incident est survenu alors qu’il traversait la route.
Un motocycliste, qui roulait sous la limite de vitesse, soit de 70 km/h, l’a percuté. Des citoyens et des employés du camping sont intervenus avant l’arrivée des premiers répondants et de la SQ.
Fanny-Alisson Bédard l’a entrevu alors qu’elle se dirigeait quelque peu malaisée par la situation aux feux d’artifice à proximité ce soir-là. « C’est tellement l’opposé, quelqu’un est en train de mourir et tout le monde ne sait pas et festoie », témoigne-t-elle.
Bing Bing Li a été transporté à l’hôpital. Selon les informations d’une source, il aurait été maintenu artificiellement en vie quelques jours afin de contacter la famille en Chine, mais sans succès.
Rendre un hommage
Après son transport vers l’urgence, son chariot était resté sur le bord de la chaussée. C’est lorsque Mme Bédard a appris l’histoire qui se cachait derrière cet homme qu’elle est allée le récupérer. « Étant donné que je n’avais pas de nouvelles, je l’ai entreposé. J’ai juste enlevé la nourriture pour que les ratons laveurs ne déchirent pas ses vêtements », précise-t-elle.
Cette dernière souhaite ainsi lui rendre un dernier hommage. « Si jamais on peut faire quelque chose avec, si ses biens ne sont pas retournés à la famille puisqu’ils sont loin et pas encore trouvés, je pensais mettre le chariot à un endroit pour que son message puisse continuer d’être propagé », prévoit-elle. Mme Bédard aimerait aussi y ajouter des fleurs.
Pour ce qui est de ses effets personnels, elle pense les donner à un organisme de bienfaisance de la région. Cette dernière voit les feux d’artifice qui avaient lieu lors de ses derniers moments comme un signe probable de reconnaissance envers le message qu’il propageait, soit de réprendre l'amour.
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