Une expérience scientifique inédite à Les Coteaux
Un feu pour apprendre à mieux combattre le feu.
Par Jean-Michel Lhomme, Journaliste
Des caméras résistantes aux flammes, une équipe de tournage professionnel, une quarantaine de pompiers engagés, 12 camions, plus de 340 000 litres d’eau et une pleine journée de préparation-répétition… Pourtant ce n’est pas le prochain film d’action hollywoodien qui se tournait hier à Les Coteaux, mais bien un exercice de formation incendie grandeur nature et totalement inédit.
Nos pompiers ont beau être particulièrement aguerris, il y a toujours à apprendre sur le comportement des incendies : à quelle vitesse se déplacent les flammes ? Comment se propagent les fumées ? Quelles sont les conditions exactes dans lesquelles se produit le « flash over » (l’embrassement instantané de tous les gaz présents dans l’habitacle, créant ainsi une explosion particulièrement dangereuse pour les pompiers engagés dans le bâtiment) ? Les questions en suspens sont nombreuses et de leurs réponses, dépendent nos vies et parfois celles de ceux qui sauvent les nôtres.
« Apprendre le feu » reste le plus souvent en exercice théorique et « faire avancer la profession de pompier » un exercice qui se fait « sur le tas », dans des conditions d’urgence bien peu propices. Mais pas cette fois.
Ce week-end le Service de sécurité et incendie de Coteau-du-Lac/Les Coteaux et L’Institut de protection contre les incendies du Québec (IPIQ) ont pu procéder à une expérience scientifique inédite : la mise à feu volontaire d’une vraie maison.
Pour rendre le projet possible, Julie Perron et Éric Latreille ont accepté que leur maison soit la proie volontaire des flammes. Achetée il y a 3 ans, la bâtisse était vouée à la démolition (le couple souhaitant rebâtir à neuf). Mais voir son bien rongé par les flammes n’en reste pas moins une expérience violente à laquelle Julie et Éric n’ont consenti qu’afin de rendre cette expérience inédite possible.
« L’objectif de cette mise à feu était d’effectuer cinq exercices différents. Après avoir préalablement préparé la maison, des caméras et divers appareils de mesures ont été installés. Ainsi toutes nos interventions ont pu être filmées. Une fois le montage réalisé par l’équipe de tournage, il sera possible d’analyser nos manœuvres et leurs impacts sur les flammes et la circulation des fumées. C’est un exercice tout à fait exceptionnel. » explique Michel Vaillancourt, directeur du Service des Incendies de Coteau-du-Lac/Les Coteaux.
Bien que préparé depuis plusieurs semaines, un incendie, fût-il volontaire, n’en reste pas moins dangereux. C’est pourquoi, pour protéger les soldats du feu en action, des pompiers venus d’une caserne hors secteur ont accepté de rester en poste afin de pouvoir intervenir si les choses tournaient mal. Car, même quand ils doivent eux-mêmes mettre le feu, des pompiers restent d’abord des pompiers : la sécurité avant tout !
Heureusement, malgré l’importance des flammes et du panache de fumée visible des kilomètres à la ronde, tout s’est bien passé. Il faut dire que cet exercice de deux a été réalisé en appliquant les normes les plus strictes en vigueur en Amérique du Nord (NFPA 1403). Ainsi, l’exercice a pleinement atteint ses objectifs. Grâce à la vidéo, ce sont désormais des générations entières de pompiers qui pourront bénéficier, partout au Québec, des connaissances acquises grâce à cette expérience.
Des pompiers encore plus efficaces et mieux protégés, voici le leg indélébile d’une maison pas comme les autres.
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