« Nous voulons avoir une discussion avant que ce soit déposé » - Pier-Luc Cauchon
Cartographie contestée : les citoyens veulent se faire entendre

Par Félix Sabourin, Journaliste
Une première rencontre citoyenne s’est tenue samedi 5 avril au Centre Multisports André-Chagnon à Vaudreuil-Dorion, réunissant plusieurs dizaines de personnes préoccupées par le nouveau projet de règlement provincial sur les milieux hydriques.
Pour les participants, il s’agissait d’une occasion de faire front commun face à ce qu’ils perçoivent comme une menace à leur droit d’habiter, de protéger et de développer leurs terrains.
« C’est une première rencontre qui a pour but d’unir nos voix, pour que nos préoccupations et nos demandes se rendent aux bureaux du premier ministre », explique Marie-Claude Nolin, citoyenne de Vaudreuil-Dorion et administratrice du groupe Facebook Inondations : Protection et sécurité des citoyens du Québec. Elle-même touchée par le projet, Mme Nolin dénonce le manque de dialogue entre le gouvernement et les citoyens affectés.
Le groupe a envoyé une lettre ouverte au premier ministre François Legault le 24 mars dernier, lettre également adressée au ministre de l’Environnement Benoit Charrette, ainsi qu’au sous-ministre Jean Bissonnette. À ce jour, aucune réponse n’a été reçue.
Des demandes précises
Les revendications des citoyens sont claires : révision de certaines zones inondables, simplification du processus de contestation de la cartographie, et reconnaissance des ouvrages de protection individuelle ou collective. « Il faut que certaines zones soient revues. Nous demandons aussi qu’il y ait un processus de révision simple de la cartographie », insiste Mme Nolin, rappelant qu’il s’agit également d’une recommandation du Protecteur du citoyen.
Selon elle, le nouveau projet de règlement rendrait impossible, pour les citoyens situés dans certaines zones, d’obtenir les permis nécessaires pour installer des systèmes de protection contre les inondations. « Peu importe la zone, chaque citoyen devrait pouvoir mettre en place des ouvrages de protection individuels », plaide-t-elle.
Des risques jugés exagérés
Le cœur du problème, selon les participants, réside dans la nouvelle cartographie qui élargit considérablement les zones dites à risque. « On a des gens qui se retrouvent dans des sections à risque élevé, mais qui en réalité n’ont que trois pour cent de chances d’être inondés », affirme Mme Nolin, soulignant les impacts concrets comme la baisse de l’assurabilité, difficultés de financement, et angoisse psychologique.
Pour Pier-Luc Cauchon, résident de l’Île-Bizard et lui aussi impliqué dans le mouvement citoyen, le projet est alarmant à plusieurs niveaux. « La zone a été agrandie de 30 à 40 %, quasiment le double par rapport à l’original. »
Il reconnaît que les changements climatiques doivent être pris en compte, mais remet en question les fondements statistiques du nouveau zonage. « On peut ajuster les zones, oui, mais il ne faut pas ajouter des facteurs de risque sortis de nul part. »
Il critique aussi le manque de transparence dans les analyses ayant mené à cette révision. « Nous n’avons aucun moyen de vérifier les calculs. Une fois que la loi est déposée, il n’est plus possible de contester les zones. »
Une population pas encore au courant
Selon les estimations citées dans la lettre envoyée au gouvernement, environ 2 % de la population québécoise, soit 181 000 personnes, seraient touchées par la nouvelle cartographie. « Le plus inquiétant, c’est que beaucoup de gens ne savent même pas encore qu’ils sont concernés. Le gouvernement a le devoir d’informer les citoyens qui vont être impactés », déplore M. Cauchon.
« Quand tu fais un projet de loi qui va impacter la vie de milliers de Québécois, c’est important que ce soit bien fait. Nous voulons avoir une discussion avant que ce soit déposé », insiste-t-il.
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