En faveur de la protection de ce milieu naturel
Camping Koa: le MARE et Mères au Front déposent des mémoires
Pour le Mouvement d’Action Régional en Environnement (MARE) et l'organisme Mères au Front Vaudreuil-Soulanges, la protection du territoire forestier de l'ancien site du Camping Koa, qui fera l'objet d'un redéveloppement immobilier, est impératif. Dans ce dossier, les deux regroupements citoyens ont déposé aux élus des mémoires afin de les sensibiliser à cette possibilité.
Dans son mémoire, le MARE indique que ce qu'il demande aux élus de tous les paliers gouvernementaux, c’est de tenir compte des avis scientifiques et d’arrêter de vouloir faire du développement économique de manière isolée sans tenir compte de la réalité des crises environnementales auxquelles on fait face.
« C'est aussi de réellement inclure les mesures qu'impose la réalité des crises du climat et de la biodiversité dans la planification de l'aménagement du territoire plutôt que de continuer à étaler le milieu urbain sur les derniers espaces naturels de la région. Des solutions existent et sont mises de l'avant par des experts de tous les domaines», peut-on lire dans le document de cinq pages.
En plus d'y citer des constats d'experts, le mémoire expose l'évolution récente des orientations gouvernementales en aménagement du territoire, en plus de s'attarder sur le nouveau régime en matière d'expropriation déguisée, soit la Loi 39.
Le MARE émet trois recommandations pour assurer la protection des milieux naturels de Coteau-du-Lac, soit:
1) Caractériser l’ensemble de ses milieux naturels et semi-naturels afin d’établir une stratégie de conservation et de développement efficace.
2) Établir une cible de conservation représentative des différents types d’au moins 30 % du territoire et un plan de restauration de 30 % des écosystèmes dégradés.
3) Viser un objectif de zéro artificialisation des sols, et donc stopper la perte de milieux naturels et de terres agricoles.
Ces suggestions sont en harmonie avec celles émises par les groupes d’experts cités dans le mémoire, de même qu'avec les nouvelles Orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT). Elles sont expliquées plus en détail dans le mémoire déposé par le MARE.
« Les terres agricoles sont précieuses et doivent être protégées tout comme les milieux naturels qui s’y rattachent. Ces milieux naturels jouent un rôle de régulateur des processus naturels. Ils nous permettent de mieux nous adapter et de lutter contre le réchauffement climatique. L’urgence des défis auxquels nous devons aujourd’hui faire face nécessite une transformation immédiate de notre vision de ce qui est économiquement justifiable; un statu quo impliquerait nécessairement des coûts futurs beaucoup plus importants (restauration de milieux naturels dégradés, gestion des eaux pluviales, lutte aux îlots de chaleur, problèmes de santé liés à une mauvaise qualité de l’air, inondations, feux de forêt, effets néfastes sur les eaux souterraines, etc.) que ceux liés à la conservation des espaces naturels. La conservation intégrale du boisé du parc nature 4 saisons et du site de l’ancien camping KOA est importante pour permettre la lutte et l’adaptation aux changements climatiques ainsi que la protection et le rétablissement de la biodiversité des écosystèmes sur le territoire du Grand Montréal, de la MRC de Vaudreuil-Soulanges et de la ville de Coteau-du- Lac», indique-t-on dans la conclusion du document.
En terminant, le MARE conclut avec ceci: « L'accès universel aux milieux naturels est d'une grande importance pour le bien-être d'une communauté. Le parc nature est un « équipement » naturel qui permet aux citoyens des milieux urbains de reprendre contact avec la nature et de stimuler l'activité physique. Avec une population qui est maintenant de plus de 7 000 personnes, une mise en valeur et un agrandissement du parc nature 4 saisons sont justifiés. Il est temps de respecter nos engagements envers les futures générations (à cet effet, se rappeler La chaise des générations) et notre résolution de tout faire en notre pouvoir afin de réduire la portée des changements climatiques. Le slogan de la ville « Coteau-du-Lac, Un choix naturel » : prouvons-le!»
Quatre recommandations de Mères au Front
Très impliqué dans Vaudreuil-Soulanges, l'organisme Mères au Front a aussi fait entendre sa voix, et ses arguments, dans le dossier du redéveloppement du Camping Koa.
Dans son mémoire, l'organisme pose au conseil municipal la question suivante: En quoi la destruction d’un boisé pour construire un quartier résidentiel peut-elle être considérée comme la meilleure décision pour l’avenir des enfants de Coteau-du-Lac?, en dressant le parallèle avec la Chaise des générations fabriquée par les élèves de l'école primaire Saint-Ignace pour guider les élus dans leur décision future. L'accessoire avait été remis au conseil municipal par Mères au Front il y a maintenant un an.
Selon Mères au Front, en détruisant un boisé, on augmente la vulnérabilité de la ville et de ses citoyens aux impacts de la crise climatique : sécheresses, inondations, feux de forêt, manque d’eau potable, événements météorologiques extrêmes, baisse des rendements agricoles et de nombreux impacts sur la santé humaine. Mais pire encore, on se prive de la solution la plus facile et la plus à notre portée : les services écologiques rendus par les milieux naturels.
Les arbres absorbent le CO2 et les polluants. Ils les éliminent et les stockent pour libérer de l’oxygène dans l’air. « Le boisé dont il est question est situé entre l’autoroute 20 et la route 338 où il y a un nombre imposant de véhicules chaque jour qui rejettent dans l’air ces fameux GES. Sans compter le nombre de camions qui entrent et sortent du parc industriel. Combien reste-t-il de superficies boisées à Coteau-du-Lac pour lutter contre ces émanations? Il n’y a pas de trop petites forêts qui vaillent la peine d’être sauvées compte tenu des besoins immenses.»
L'organisme précise que les arbres protègent de la chaleur. « Il y a 10 ans, on avait en moyenne 3 jours/an à plus de 32 degrés C. Cette année, à la fin juillet, on comptait une quinzaine de ces journées chaudes. L’impact sur la santé des gens les plus vulnérables inquiète les autorités de santé publique. On demande aux villes de s’adapter à ces réalités, entre autres, en fournissant des endroits boisés ou l’ombre diminue considérablement la chaleur. On demande aux villes de planter des arbres, pas d’en couper.»
Les arbres protègent également les sols, explique-t-on. Leurs racines facilitent l’infiltration de l’eau dans le sol jusqu’aux nappes phréatiques. Il y a de plus en plus d’événements météo extrêmes avec des pluies torrentielles en quelques heures seulement qui causent des bris aux infrastructures municipales comme résidentielles.
Les forêts ont également des effets bénéfiques sur la santé, quantifiables et mesurables, ajoute-t-on. « De nombreux professionnels de la santé recommandent la marche en forêt comme remède au stress, à l’anxiété et aux maladies cardio-vasculaires. Ce boisé permettrait d’agrandir le parc Quatre saisons auquel il est adjacent et ainsi augmenter la superficie de sentiers offerts aux familles de Coteau-du-Lac et des environs. Parlons maintenant de coûts. Combien coûtent et coûteront les impacts négatifs de la crise climatique en coûts de santé, en récoltes perdues, en bris par les inondations, en lutte contre les feux de forêt, en mesures d’adaptation de toutes sortes, comparés à la valeur marchande actuelle d’un boisé?»
Lors de l’assemblée du conseil municipal de Coteau-du-Lac du 9 juillet, plusieurs conseillers ont mentionné avoir donné leur appui au présent PPU par crainte de poursuites venant du promoteur. Or, les nouveaux articles 245 et 245,5 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme offrent aux municipalités de nouvelles balises de protection quant à des recours de la part de promoteurs privés.
« C’est précisément ce que le législateur vient régler avec ces nouvelles dispositions, permettre aux municipalités de se conformer à leurs obligations et responsabilités en matière de protection de l’environnement, des milieux humides et hydriques sans avoir à craindre sans cesse les recours en expropriation déguisée. »
À la fin de son mémoire, Mères au Front y va de quatre recommandations, soit:
- Que la ville reconsidère l’option de devenir acquéreur de la partie boisée du terrain susmentionné;
- Que la ville s'allie à des partenaires tels que Nature Québec afin de partager les coûts reliés à l’acquisition dudit boisé;
- Que la ville soumette par voie de référendum la décision finale à la population quant au sort dudit boisé;
- Que la ville fournisse aux citoyens toutes les informations nécessaires, y compris des analyses de la flore et la faune dudit boisé, afin que ces derniers puissent prendre une décision éclairée.
Face à ce dépôt de deux mémoires, la mairesse Andrée Brosseau s'est engagée à les remettre au conseil municipal pour que les élus puissent en prendre connaissance.
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