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Mobilisation citoyenne

Plateforme de compostage: les citoyens de Saint-Télesphore s'opposent au choix du site

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2 octobre 2023
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Une quarantaine de citoyens étaient rassemblés à Saint-Télesphore, ce lundi matin, afin de protester contre le choix de l'emplacement pour le projet de plateforme de compostage de la MRC de Vaudreuil-Soulanges. Parmi les protestataires se trouvaient de nombreux citoyens, mais également l'ancien maire de la Municipalité Yvon Bériault et Ange-Marie Delforge, présidente du Syndicat de l'UPA de Vaudreuil-Soulanges.

« Nous ne sommes pas contre le projet comme tel. Ce avec quoi nous ne sommes pas d'accord, c'est le choix du site », explique Mélanie Pilon, porte-parole du regroupement de citoyens et résidente du chemin Saint-Antoine.

Rappelons que la MRC de Vaudreuil-Soulanges a annoncé, le 21 septembre, avoir entamé le processus d'achat pour deux terrains, sur le chemin Saint-Antoine, pour y implanter une plateforme de compostage régionale. 

« Un centre de compostage devrait être, selon nous, dans un endroit industriel et non agricole. Ici nos terres sont protégées », poursuit Mme Pilon. 

Présent lors du rassemblement en tant que citoyen, l'ancien maire de la Municipalité de quelque 754 âmes, Yvon Bériault, se dit du même avis. « Il y a de gros parcs industriels qui ont déjà les infrastructures qui pourraient accueillir ça. Ils sont déjà éloignés des quartiers résidentiels. Je crois que ce serait l'endroit idéal pour ce genre de projet », confiait-il à Néomédia

Élu comme maire de 2009 à 2021, M. Bériault n'est pas étranger au projet. « J'ai été maire pendant 12 ans et durant ces 12 années, on nous a fait des demandes pour le projet et j'ai toujours refusé. Un moment donné, ils se sont tournés vers Sainte-Justine-de-Newton quand ils ont vu que ça ne marchait pas avec nous. Finalement, Sainte-Justine a refusé et là, la MRC est revenue à sa première idée », poursuit celui qui aujourd'hui, s'oppose au projet, mais en tant que citoyen.

À la MRC, on explique que le choix du site est le résultat d'une analyse multicritères en fonction de la technologie retenue et des contraintes réglementaires applicables visant à minimiser les impacts potentiels.

Parmi les contraintes règlementaires soulignons : distance d’un kilomètre des résidences, commerces et lieux publics, éviter autant que possible les pipelines, les voies ferrées, les lignes de transport d’énergie, les érablières, etc.

« L’option des parcs industriels a été étudiée. Les parcs industriels ne respectent pas le 1 km des résidences, commerces et lieux publics. De plus, les terrains y sont beaucoup plus coûteux et par conséquent les citoyens se verraient payer au bout du compte beaucoup plus cher, ce que l’on veut éviter. Si la MRC avait eu les moyens et l’opportunité de le développer dans un parc industriel en respectant les critères du ministère de l’Environnement, l’option aurait été considérée », précise Catherine St-Amour, responsable des communications à la MRC de Vaudreuil-Soulanges. 

Une source d'eau potable à protéger

Situé à l'extrémité du chemin Saint-Antoine Est, le site convoité par la MRC est d'une superficie de 76 443 mètres carrés et se trouve tout près du secteur des sablières. On retrouve, à proximité, deux lacs et un boisé constitué principalement de pins rouges datant de près de 35 ans.

La MRC ne peut toutefois affirmer, à ce stade-ci que le site est directement sur l’esker.

« La MRC travaille depuis des années à protéger tout ça et tout d'un coup ça devient crédible de dire qu'on va détruire l'environnement ? », se questionne, Mélanie Pilon

Un esker de quelque 23.2 km de long par 1.5 km de large se trouve à proximité des lots choisis par la MRC. « L'esker traverse les municipalités de  Rivière-Beaudette, Saint-Polycarpe et Saint-Télesphore. C'est une très grosse source en eau potable », indique Mme Pilon. 

D'ailleurs, lors du passage de Néomédia, l'équipe a été à même de constater la limpidité de l'eau se trouvant dans l'un des lacs. 

Selon M. Bériault, la nappe phréatique se trouverait à près de 15 pieds de profondeur. « Nous avons tous des puits ici et c'est à partir de cette eau que l'on s'approvisionne. S'il fallait qu'il arrive quelque chose, on serait dépourvu », déplore-t-il.

D'ailleurs, les résidents du secteur en savent quelque chose. « On a réalisé un moment donné qu'il y avait du pompage d'eau qui se faisait dans les sablières pour abaisser le niveau l'eau pour aller chercher le sable. Ça a vidé tous les puits ici. On ne veut pas que ça se reproduise » poursuit Yvon Bériault.

« Pour la protection de l’eau et de l’esker, toutes les opérations susceptibles de générer des eaux chargées en nutriments seront effectuées sur une surface étanche selon les normes en vigueur. Ces normes exigent aussi une inspection régulière de l’intégrité/étanchéité du béton. Cette eau est ensuite acheminée dans un bassin de rétention et en partie réutilisée dans le procédé et une partie traitée par une culture de saule sous supervision d’un agronome », explique Mme St-Amour.

Des études géotechniques hydrogéologiques sont également requises et selon les résultats, des surfaces étanches supplémentaires pourraient être requises. 

« Nous sommes très conscients que l’eau n’est pas inépuisable, c’est pourquoi la MRC a fait réaliser des études hydrogéologiques et hydrologiques sur l’ensemble du territoire. C’est un projet environnemental hyper normé et sous responsabilité publique », ajoute la responsable des communications.

Quant aux arbres présents sur le site visé, certains d'entre eux devront être coupés pour l'implantation de la plateforme. Notons que le ministère exige de conserver une bande boisée de 15 mètres en périphérie du site.

« La MRC s’engage à replanter des arbres pour compenser la perte sur le site. Une compensation pourrait être envisagée par la plantation d’arbres en bandes riveraines agricoles et pour connecter des zones boisées », poursuit Mme St-Amour.

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Selon la MRC, le projet vise d’abord et avant tout à atteindre les cibles obligatoires gouvernementales de réduction de l’enfouissement, à respecter les plans de gestion des matières résiduelles et à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans une perspective d’autonomie régionale, de gouvernance publique et d’économie circulaire.

Tant pour M. Bériault que pour madame Pilon et les autres protestataires, le message est clair. Le problème n'est pas la plateforme, mais son emplacement.

Considérant que près de 50 kilomètres séparent la Pointe-du-Moulin à Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, du site d'aménagement de la plateforme, pour les citoyens, il ne fait aucun sens que le projet réduira les émissions de GES. 

« Je n'ai jamais trouvé logique l'idée de construire la plateforme aussi loin dans la MRC. On s'est fait dire pendant longtemps que la réduction des GES était très importante et là on nous dit qu'on va faire partir des camions de l'autre bout de la MRC pour venir ici ? Voyons! », a indiqué M. Bériault.

Autre enjeu pour les citoyens du secteur et des environs, la circulation. Pour s'y rendre, la majorité des véhicules devra traverser une grande partie de la MRC en transigeant par Saint-Zotique, et Saint-Polycarpe et Saint-Télesphore.

La MRC ne peut, à ce stade-ci confirmer combien de camions se rendront à la plateforme annuellement, mais confirme qu'aucun camion ne circulera les fins de semaine.

« Comme il y a une grande variabilité annuelle de production des résidus organiques, les résidus verts étant produits en saison chaude et de façon plus marquée au printemps et à l’automne, le nombre de camions requis varie en conséquence...Aussi, les municipalités ont des journées différentes de collectes, par exemple, la journée la plus achalandée serait le lundi et la moins achalandée évidemment le vendredi. Il faut donc établir des données selon, le mois et la journée pour arriver à un nombre de camions par jour par semaine, est plus complexe qu’une simple moyenne. Nous attendons la mise à jour des chiffres de l’impact du camionnage pour les partager », de dire Catherine St-Amour.

Qui dit véhicules lourds, dit également, détérioration de la tranquillité des habitants, mais aussi de l'état de la route. 

« Vous avez vu la route pour venir ici, elle n'est pas faite pour accueillir autant de camions par semaine », fait remarquer M. Bériault.

« En habitant près des sablières, on sait que l'on va avoir des camions dans notre rue. Mais ce n'est jamais autant que ce qu'il va avoir une fois la plateforme en opération », renchérit Mélanie Pilon.

Acceptabilité sociale et consultation

Au-delà des risques de contamination de l'eau, de la destruction de l'environnement et du choix du site, les citoyens de Saint-Télesphore souhaitent par-dessus tout être entendus.

« On veut sensibiliser les gens en haut sur nos craintes. On est bien contents de savoir que nous serons consultés à chaque étape, pourtant, on a appris le projet dans les médias. On sait que la MRC a ce projet en tête depuis 2015. Pourquoi est-ce que nous n'en avons pas été informés avant ? Peut-être que quelqu'un aurait levé la main pour proposer un terrain qui aurait eu l'acceptabilité sociale. Ce qui nous dérange aussi, c'est que la MRC dit qu'elle n'a pas l'intention de reculer quant au choix du site » se désole Mélanie Pilon. 

« Nous comprenons que certains citoyens auraient aimé que nous entamions la discussion sur le site avant même de le choisir, la MRC en est consciente, soyez en assuré. Malheureusement, la MRC doit respecter un processus rigoureux lorsque l’argent des contribuables est impliqué et cette gestion responsable commence par s’assurer qu’il n’y ait pas de spéculation relative à l’achat des terrains pour le projet. L’objectif est de s’assurer que la facture respecte les budgets alloués au projet, en plus d’être favorables pour le citoyen. Une spéculation sur un terrain peut faire monter la valeur de celui-ci de plusieurs centaines de milliers de dollars, parfois des millions lorsqu’on vise des terrains de cette ampleur. La MRC se doit d’avoir une gestion responsable de l’argent des contribuables et c’est dans cette optique et par respect pour le propriétaire que nous avons respecté la confidentialité du processus d’achat », explique Catherine St-Amour.

La Municipalité de Saint-Télesphore tiendra une soirée d'information ce jeudi 5 octobre au Centre communautaire Rémi-Sauvé situé au 1425, route 340. Seuls les propriétaires d'immeubles et/ou de terres agricoles seront admis à la séance d'information.

La MRC de Vaudreuil-Soulanges tient tout de même à préciser que des séances d'information s'adressant à l'ensemble de la population de Vaudreuil-Soulanges seront aussi tenues. Les détails de celles-ci seront partagés au moment opportun. 

« Le projet d’implantation d’une plateforme de compostage est le plus grand projet environnemental de la MRC et nous souhaitons qu’il soit exemplaire. Nous tenons à rassurer (la population) que pour toutes les autres étapes d’implantations à venir, les citoyens seront impliqués de diverses façons, séances d’informations, consultations et échanges sur des enjeux précis et l’ensemble du projet, création d’un comité citoyen qui sera impliqué avant l’implantation, pendant et après l’implantation. La MRC va s’assurer que toutes les mesures de bonification du projet, ou d’atténuations d’impacts potentiels seront étudiées et considérées, en collaboration avec la communauté et dans une optique d’amélioration constante du projet », conclut Catherine St-Amour.

 

 

 

 

 

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