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Entrevue avec la présidente de l'UPA de Vaudreuil-Soulanges sur le projet d'Hydro-Québec

« On préfère sacrifier de bonnes terres agricoles, plutôt que de découvrir des grenouilles ou des milieux humides.»

durée 12h05
17 février 2023
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Le projet d’Hydro-Québec visant à construire un nouveau poste d’alimentation en électricité dans le parc industriel de Coteau-du-Lac cause de nombreuses inquiétudes chez les agriculteurs de la région. Entrevue avec la présidente de l’Union des producteurs agricoles de Vaudreuil-Soulanges, Ange-Marie Delforge.

À lire également: 

Hydro-Québec: 150M $ pour la construction du nouveau poste à Coteau-du-Lac

« En marge des rencontres publiques d’Hydro-Québec de ce jeudi 16 février à Coteau-du-Lac et de ce lundi 20 février aux Cèdres, nous avons tenu des rencontres avec nos membres de ces deux territoires cette semaine. Lundi soir, près de 55 producteurs agricoles, touchés ou non, par le projet, étaient présents à celle de Coteau-du-Lac pour discuter du projet. Nous tenions à faire ces rencontres, afin que tous aient la même information », précise-t-elle au bout du fil.

Un réseau électrique qui passera sur des terres agricoles

Construit en 2025-2026 dans le parc industriel Alta de Coteau-du-Lac, la ligne d’alimentation électrique du nouveau poste passera sur 17 kilomètres de terres agricoles. Au total, 47 producteurs agricoles de la région pourraient être touchés par le projet. 

« En juin 2022, nous avons eu une réunion avec Hydro-Québec pour les sensibiliser sur le sujet. Au cours de cette rencontre, on a proposé de longer le plus possible le canal de Soulanges près de l’autoroute, mais ce tracé n’a pas été retenu. C’est plus facile de passer sur des terres agricoles accessibles que d’en défricher des nouvelles », ajoute-t-elle.

Mme Delforge va plus loin dans sa pensée. « Hydro-Québec est prête à sacrifier de bonnes terres agricoles qui permettent de nourrir des milliers de personnes plutôt que de tomber sur un milieu humide avec des grenouilles. C’est moins compliqué, mais on sacrifie l’agriculture une fois de plus. »

Dans la zone d'étude où les futures lignes électriques seront construites, on retrouve des fermes maraîchères de légumes de conserveries, production de grandes cultures, production animale, pépinières, etc. Toutes ces terres sont excellentes pour la production maraichère. Précisons que les propriétaires des terres agricoles comprises dans le futur tracé seront dédommagés par la Société d’État pour l’utilisation de leurs parcelles de terre, mais l’argent n’est pas au cœur des préoccupations de l’UPA.

« Les terres où des pylônes prennent place perdent de la valeur au moment de la revente. Mais ce n’est pas notre principale inquiétude. Les terres de cette zone figurent parmi les plus belles de la région, mais aussi du Québec. Trois centres de recherches y sont établis, sans compter la qualité de la terre reconnue pour être très fertile, la météo clémente, les conditions de sols exceptionnelles et la proximité des autoroutes. Hydro-Québec n’a pas choisi le secteur pour rien. Ce projet va avoir un impact direct sur le potentiel agricole de cette zone », analyse-t-elle.

Mme Delforge n’est pas touchée directement par le projet puisqu’elle a des pivots d’irrigation et une résidence sur sa terre. « On ne sait pas quels impacts ce projet aura dans 10 ans. Peut-être qu’on ne pourra plus irriguer les terres où il sera implanté. Sans négliger que la présence d’un pylône au milieu d’un champ complique la tâche d’un producteur au moment de faire les cultures ou autres. Le sol est compacté et ce n’est pas bon pour les cultures. »

Une autre des préoccupations soulevées lors de la rencontre avec les producteurs agricoles émane d’un couple de producteurs laitiers dont la ferme se situe très près du tracé. « Ils s’inquiètent que leur production diminue car les vaches sont très sensibles aux champs magnétiques. Ils ont fait un investissement important l’an passé dans l’entreprise et s’ils avaient été au courant de ce projet, ils ne l’auraient pas fait ou ils seraient même déménagés », relate-t-elle.

Les municipalités prêtes à collaborer en cas de volte-face 

Mme Delforge soutient avoir l'appui de la Ville de Coteau-du-Lac dans le dossier. « Si Hydro-Québec décidait de changer le tracé et d'opter pour des terres non déboisées, la Ville de Coteau-du-Lac serait d'accord pour reboiser d'autres terrains en compensation. Je sais que la Municipalité des Cèdres est aussi ouverte à collaborer », avance-t-elle. 

Quelle est la prochaine étape?

L’Union des producteurs agricoles de Vaudreuil-Soulanges tiendra, le 1er mars prochain, son assemblée générale annuelle où le sujet sera abordé. Tous les membres de l’UPA locale sont d’ailleurs attendus à la cabane à sucre Marc Besner de Coteau-du-Lac pour prendre part à cette activité. Ils pourront alors exprimer leurs craintes et donner leurs commentaires sur le projet d’Hydro-Québec.

Par la suite, l’UPA pourra déposer d’ici le 31 mars ses inquiétudes, craintes et observations sur le projet auprès d’Hydro-Québec en lien avec ce dossier. Tout citoyen peut aussi le faire via ce lien : https://www.hydroquebec.com/projets/coteau-du-lac/. 

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