Mobilier public en bois à Vaudreuil-Dorion
Comment revaloriser les frênes touchés par l’agrile
L’agrile du frêne fait des ravages depuis quelques années dans le Grand Montréal et la région n’est pas épargnée par cet insecte. La Ville de Vaudreuil-Dorion a néanmoins pris l’initiative de revaloriser une partie du bois coupé en mobilier public.
L’engouement pour les confections en bois recyclées sur les réseaux sociaux a fortement inspiré le contremaître des bâtiments de la Ville de Vaudreuil-Dorion, Jean-Luc Boucher, l’un des instigateurs du projet.
Devant le problème des coupes frénétiques de frênes, en raison de l’insecte ravageur de l’agrile, des membres de la direction des travaux publics ont eu l’idée de récupérer cette matière première, qui était trop souvent détruite en copeaux de bois, afin d’en faire des meubles destinés au public et aux employés de la Ville.
« Ce bois-là est quand même sain. L’agrile affecte l’arbre seulement en surface. Il y a encore beaucoup de potentiel dans ces arbres-là », explique M. Boucher.
Ayant lui-même une formation en menuiserie, il épaule son équipe dans la conception et dans la fabrication du mobilier. « À partir du produit brut, j’embarque sur ma table à dessin et je demande aux équipes d’y participer aussi, indique-t-il. Tous les départements contribuent au bout du compte à ce projet-là. »
M. Boucher répond donc à certaines demandes spéciales de la Ville, notamment du Service des loisirs. « On ne fait pas ça à temps perdu », spécifie Tommy Thibault, directeur du Service des travaux publics de la Ville de Vaudreuil-Dorion. Les employés essaient d’y travailler dans les moments les plus tranquilles de l’année et quand les entretiens sont à jour.
Procédés de fabrication
« Ça fait déjà deux ans et demi qu’on travaille fort pour faire des meubles que personne n’a jamais vus, mais qui sont un peu partout dans la ville et là tout d’un coup il y a un engouement qui nous dépasse et qui nous rend vraiment fiers », témoigne M. Boucher.
Ce dernier précise que la Ville est impliquée à chacune des étapes. Du contremaître en horticulture et en foresterie qui s’occupe de la coupe des frênes, à la voirie qui les transporte dans un site déterminé, tous les départements y participent.
M. Boucher s’occupe de la coupe des planches. Celles-ci doivent par la suite être séchées. Le temps de séchage varie en fonction de l’épaisseur, mais il assure qu’une année est nécessaire pour une planche d’environ deux centimètres et demi (1 pouce). Certaines confections présentes dans la Ville ont jusqu’à quatre années de séchage.
Il procède ensuite aux étapes de coupes, de conception et de finition selon l’objet voulu. Cela peut varier entre du mobilier intérieur et extérieur. M. Boucher ne veut en revanche pas dévoiler tous ses secrets.
L’agrile bien présente dans la région
« Chez nous, c’est une problématique qui est importante. Nos frênes sont lourdement attaqués », déplore M. Thibault.
Dans les cinq dernières années, plus de 300 frênes ont dû être abattus. « Ça évolue à vitesse grand V », ajoute-t-il. Une centaine de coupes est prévue seulement cette année. Comme l’explique M. Thibault, la détection se fait souvent trop tard pour un traitement et il ne reste que deux ou trois ans avant que l’arbre ne soit complètement mort.
La Ville essaie toutefois de compenser avec la plantation d’arbres ayant une diversité d'espèces. Près de 660 mises en terre sont l’agenda des travaux publics pour l’année 2021 et M. Thibault estime qu’ils dépasseront probablement ce nombre.
Devant l’engouement pour le mobilier à base de bois recyclé, Jean-Luc Boucher et Tommy Thibault souhaitent continuer à revaloriser le frêne. Ils assurent que d’autres créations seront installées au cours de l’été.
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