Les étudiants et la communauté se mobilisent
« Nous sommes Intrépides »
Ils étaient plus d’une centaine d’étudiants, ce vendredi matin sur le terrain de l’École secondaire du Chêne-Bleu, pour manifester contre la récente décision du Centre de services scolaire des Trois-Lacs visant le transfert des élèves des programmes Sport et Arts-études, vers la Cité-des-Jeunes.
À l’unisson, ils ont scandé leur cri de ralliement qui ne pouvait laisser personne indifférent. Venu les supporter, l’ex-hockeyeur professionnel originaire de Pincourt et maintenant, député à l’Assemblée nationale, Enrico Ciccone, s’est adressé aux jeunes.
« Nous sommes ici aujourd’hui pour vous dire que nous vous avons entendu. On vous écoute. On va faire tout notre possible pour sauver le sport et leurs études ici au Chêne-Bleu. On va intervenir au bureau du ministre de l’Éducation avec la collaboration de la direction. On va le faire. On ne vous laissera pas tomber, c’est une promesse », a-t-il souligné.
Également présente la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, est venue supporter les étudiants. La mairesse de Notre-Dame-de l’Île-Perrot, Danie Deschênes, et les maires de Terrasse-Vaudreuil et de Pincourt, messieurs Michel Bourdeau et Claude Comeau, étaient aussi présents, de même que quelques conseillers municipaux.
Rappelons que la direction du Centre de services scolaire des Trois-Lacs a annoncé le transfert des étudiants des programmes spécialisés Sport et Arts étude de l'école secondaire du Chêne-Bleu vers l'école secondaire de la Cité-des-Jeunes, et ce, dès septembre 2023.
Dans un communiqué envoyé en fin de journée, ce jeudi, le CSSTL indiquait que le dépassement de près de 600 élèves au Chêne-Bleu explique cette décision.
« Nous croyons aux nombreux bénéfices de ces programmes particuliers et nous avons le souci de les conserver au sein de nos établissements. C’est pourquoi nous avons analysé plusieurs scénarios en collaboration avec les directions de nos écoles et de nos services afin de choisir un milieu adéquat et ainsi assurer une stabilité de ces programmes pour les prochaines années. Nous avons également le souci d’offrir des espaces d’apprentissage adéquats à tous nos élèves et nous sommes dans l’obligation de faire des choix en considérant ces aspects », indique la directrice générale du CSSTL, Chantal Beausoleil.
Des parents et des enfants déçus
Quelques parents étaient présents pour supporter leur enfant, mais également l'ensemble des étudiants touchés par cette annonce. « Il est important de savoir que nous ne voulons en aucun cas déménager dans une autre école. Nous appuyons tous les élèves, profs et mandataires des programmes sportifs et artistiques », confie Marie-Belle Ouellet, maman de deux étudiants-athlètes.
Tout comme plusieurs autres parents, madame Ouellet déplore le fait qu'il n'y a pas aucune consultation. « On nous a mis devant le fait accompli. Nous ne sommes pas contre le Centre de service scolaire. On veut seulement être entendu, consulté et considéré pour la suite des choses. Nous avons besoin de réponses claires et rapides. Nos jeunes sont anxieux, nous le sommes et les profs aussi », a-t-elle ajouté.
La fin d'un programme
Si certains voient dans la nouvelle qu'un simple transfert des jeunes, il importe de comprendre que les impacts sont beaucoup plus grands. Selon le ministère de l'Éducation pour être reconnue officiellement, un projet particulier en Sport ou en Arts-études doit respecter certaines règles établies par le ministère.
« Ce qui a été annoncé c'est l'annulation complète du Sport-études et de l’Arts-études à l’École secondaire du Chêne-Bleu. Ce que cela veut dire, c'est l'annulation du sentiment d'appartenance de notre communauté à l'égard des Intrépides et ça, ça vaut beaucoup parce que ça tient notre communauté et nos jeunes ensembles. Quand on annonce la fermeture d'un tel programme, il faut refaire les demandes pour chaque sport, chaque association. Tout le monde doit se faire réacccréditer. Ce n'est pas demain la veille que ça va être réglé », déplore la mairesse de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, Danie Deschênes.
Selon les statistiques, 40% des étudiants athlètes du Chêne-Bleu habitent sur l’île Perrot. En Arts-études, c’est 90%. « On ne peut pas nous dire que ça ne fonctionne pas et qu’il faut envoyer les enfants à Vaudreuil. C’est un non-sens. Nos enfants méritent de pouvoir faire du sport et de l’art sur l’île Perrot », a-t-elle ajouté.
Autre élément grandement considérable abordé par madame Deschênes, est la gestion du transport. « Connaissez-vous beaucoup de parents qui auront le temps, matin et soir, de traverser l’île Perrot pour aller porter leur enfant à Vaudreuil-Dorion. Vous imaginez le trafic ? Ce qui risque d’arriver, c’est que les parents vont dire à leur jeune que c’est impossible de continuer. Que plutôt, ils devront poursuivre leurs études au régulier et leurs activités sportives après l’école. C’est inacceptable ».
Recommencer à zéro
Pour Marie-Chantal Prévost, une autre mère impactée par la situation, il est hors de question de recommencer à zéro. « Le programme Sport-études du Chêne-Bleu est rodé. Ce sont des enseignants et des entraîneurs qui sont habitués et qui savent s’adapter à la réalité de nos jeunes athlètes. Est-ce qu’il va falloir tout recommencer à zéro ? Je comprends qu’il y a des parents et des enfants que ça touche moins, mais pour les joueurs de hockey, par exemple, ils sont attachés aux Intrépides, à leurs profs et à leurs entraîneurs. Nous avons choisi d’étudier au Chêne-Bleu parce que le programme de sport-études a une super bonne réputation. Il y a des jeunes de partout au Québec qui choisissent de venir étudier ici. Est-ce que tous les mandataires sportifs vont suivre ? Est-ce que les enseignants vont changer d’école ? On ne le sait pas, on ne sait rien ».
« On veut garder les mandataires, les enseignants et les entraîneurs avec nous. Ils sont ceux qui, non seulement, portent les grandes lignes du programme, mais aussi l'ajustent sur mesure pour nos jeunes tous les jours avec tellement de passion. Sans les fondateurs, les coachs établis et les professeurs le programme s'écroule : ils sont les organes vitaux de tout le fonctionnement de ces programmes d'excellence qu'on a la chance d'avoir sur notre territoire », d’ajouter Marie-Belle Ouellet.
De son côté, le maire de Terrasse-Vaudreuil, Michel Bourdeau renchérit « Il est important que l’on supporte nos enfants pour convaincre le Centre de services scolaire et les responsables. C’est illogique cette décision qui va empêcher aux jeunes de s’épanouir ».
Néomédia a tenté d’obtenir des réactions des intervenants du programme Sport-études. Malheureusement, ceux-ci ne sont pas autorisés à commenter.
Pour sa part, le CSSTL se contente de répondre par la voie de communiqués et indique que les parents seront informés de la suite des choses, dans les mois à venir.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.