« L’art est une nourriture, ça nourrit l’esprit » -Deirdre Potash
L’art comme nourriture de l’esprit : la mission engagée de Deirdre Potash
Deirdre Potash, résidente de Vaudreuil-Dorion, est une artiste multidisciplinaire qui offre des cours destinés autant aux jeunes qu’aux adultes. Ses ateliers prennent la forme d’art-thérapie, favorisant l’expression et le bien-être des participants, peu importe leur âge.
En plus de ses cours, elle est très impliquée dans l’organisme youthLEADarts, dont elle siège au conseil d’administration. Actif depuis 1995, ce programme propose à des jeunes à travers le Canada des ateliers créatifs intégrant les arts, la technologie et les savoirs autochtones.
Basé sur les valeurs « Écouter, Empathiser, Agir et Conduire », il vise à renforcer la confiance en soi, la créativité et l’espoir des participants, particulièrement les jeunes vulnérables. Présent dans plusieurs provinces, dont la Colombie-Britannique, l’Ontario, le Québec et la Nouvelle-Écosse, l’organisme mise sur le développement personnel par l’art.
« C’est une manière d’aider les jeunes qui sont plus à risque en utilisant l’art visuel, le théâtre ou la photographie par exemple pour les aider. Ça augmente leur confiance en eux et nous leur montrons comment être des leaders dans leur communauté. » explique Deirdre.
Plusieurs anciens participants reviennent d’ailleurs prêter main-forte comme bénévoles. « En Nouvelle-Écosse, les jeunes sont très impliqués. Il y a certains jeunes qui reviennent chaque année pour aider les autres. »
Plus de 30 ans d’enseignement de l’art
Avec plus de trente ans d’enseignement, Deirdre Potash a pu constater les effets positifs de l’art. « Ça fait environ 40 ans que j’enseigne. J’ai commencé au musée des Beaux arts de Montréal et j’ai observé qu’autant chez les personnes qui sont très pauvres, que chez les gens qui sont plus aisés, que l’art peut vraiment changer leur vie. »
Elle souligne l’importance de stimuler la créativité. « Stimuler leur créativité, leur donner une voix. J’ai vu de mes yeux à quel point c’était bénéfique pour les jeunes qui ont des problèmes de comportement. »
Toutes les personnes impliquées dans youthLEADarts sont bénévoles. Pour Deirdre, son engagement ne repose pas sur une motivation financière. « Je vois les résultats et je trouve que c’est tellement important. Au point où je suis rendu dans ma vie, je commence à travailler un peu moins. »
Donner de son temps pour aider les autres est, pour elle, l’une des meilleures choses à faire. « Je m’implique parce que c’est de cette manière que je peux avoir un impact positif dans la vie des jeunes. »
Un environnement d’apprentissage unique
Elle considère que l’environnement d’une classe d’art se distingue nettement de celui d’une classe traditionnelle. « C’est un environnement très différent. Ça donne une chance d’avoir un espace, qui est calme et relaxant, qui nourrit les élèves. »
Ce phénomène, elle l’observe aussi avec les adultes. « Même avec les adultes, j’ai eu des adultes qui devenaient émotifs pendant mes cours, car ils ont trouvé l’expérience très relaxante, ou bien parce qu’ils ont réalisé qu’ils étaient bien meilleurs qu’ils ne le pensaient. Tout le monde peut faire de l’art, il faut simplement continuer de se pratiquer. »
Une carrière au Musée des beaux-arts de Montréal
Avant de travailler à son compte, Deirdre Potash a passé 33 ans au Musée des beaux-arts de Montréal. « J’ai commencé à travailler là-bas à la suite d’une recommandation de l’un de mes professeurs à l’Université Concordia. À l’époque, le musée voulait recommencer à donner des cours et j’ai eu une très belle carrière, mais je voulais continuer, mais à ma manière. »
Au début des années 2000, alors qu’elle était encore au musée, elle ouvre son propre studio et commence à donner des cours. La demande croissante l’incite à accepter davantage de contrats, et depuis 12 ans, elle se consacre entièrement à son studio. Elle s’implique activement dans youthLEADarts depuis quatre ans.
Le manque de financement en arts dans les écoles
Deirdre déplore le manque de financement dans les écoles, qui oblige les professeurs à recycler les matériaux. « Les professeurs sont contraints de recycler les matériaux, car il n’y a pas de budget. Peut-être qu'ils vont avoir 10 $ par élève pour l’année… Qu’est-ce que tu veux faire avec un montant pareil ? »
Elle estime qu’il faudrait plus de cours spécialisés et moins de standardisation. « Il manque de programmes. On pense à tort qu’on peut mettre tout le monde au même endroit et c’est totalement faux. Il ne faut pas oublier que chaque élève est unique et qu’ils ont tous des besoins différents. »
Pour elle, les enseignants ne peuvent être tenus responsables de cette situation. « On ne peut pas leur en demander plus. Il y a eu beaucoup de coupures et la première chose qui est coupée dans les écoles publiques, c’est l’art. »
Dans certains cas, il n’y a même plus de professeur spécialisé pour les élèves. « Des fois, il n'y a pas de prof d’art. Ça m’arrive de donner des conférences et certains d’entre eux ne connaissent pas la base. »
Une mentalité héritée de l’ère industrielle
Selon Deirdre, la sous-évaluation des cours d’art remonte à l’époque industrielle, lorsque l’école visait à former des ouvriers. « Je pense que ça vient de l’âge industriel. À l'époque, les écoles servaient à créer des ouvriers, des personnes pour travailler dans des chaînes de montage. »
Elle affirme qu'il s'agit d'une mentalité, qui est encore trop présente dans les écoles. « On ne voulait pas des gens uniques, on voulait des ouvriers pour suivre les règles. Cette mentalité teinte encore la manière dont nous pensons les écoles aujourd’hui. Si tu regardes dans les classes, les élèves sont encore assis dans des rangées, ils font tous la même chose et ils n’utilisent pas vraiment leur imagination. Ils ne font que reproduire ce qu’on leur montre. »
Elle rappelle que les cours d’art sont souvent les seuls moments où les élèves peuvent exprimer leur créativité. « Beaucoup d’études montrent l’importance de l’art sur le développement des enfants, on ne semble pas vouloir faire autrement. »
Des modèles internationaux inspirants
Deirdre cite l’exemple d’autres pays : « Au Danemark, les enfants sont dehors, ils sont stimulés, ils sont moins souvent à l’intérieur d’une salle de classe et ils ont de bien meilleurs résultats que les enfants en Amérique du nord. » Elle note aussi que « le Japon offre des repas aux enfants qui vont à l’école pour favoriser l’apprentissage des enfants. »
L’art, une nourriture pour l’esprit
Pour elle, l’art ne peut pas être évalué comme les autres matières : « J’ai l’impression qu’on ne voit juste pas l'utilité. Il y a différentes manières d’apprendre. L’art est une nourriture, ça nourrit l’esprit. Tu ne peux pas échouer, pas de bonnes ou de mauvaises réponses. C’est prouvé que c’est bon pour les enfants, mais ça ne fait pas partie du cursus scolaire. »
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