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Propriétaire de la Sucrerie de la Montagne

Pierre Faucher récompensé parce qu'il fait briller Rigaud à l'international

durée 18h00
2 décembre 2024
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Stature et barbe imposantes et ceinture fléchée à la taille. Quiconque a déjà croisé le propriétaire de la Sucrerie de la Montagne de Rigaud, Pierre Faucher, se souvient de cet homme sympathique et amoureux de sa région. Le personnage coloré a d'ailleurs mis la main, en octobre et en novembre derniers, sur deux prix décernés par Tourisme Montérégie. Entrevue avec l'homme d'affaires qui a fondé son entreprise il y a maintenant presque 40 ans. 

C'est au coeur de sa cabane à sucre, nichée sur le chemin Saint-Georges dans la montagne de Rigaud, que Pierre Faucher a reçu l'auteure de ses lignes quelques jours après avoir reçu sa distinction pour discuter de sa vie et de ce prix hommage. 

À la fin octobre, Pierre Faucher s'est vu décerner le prix Bâtisseur de notre identité culinaire à l'international par Tourisme Montérégie. Puis, le 21 novembre dernier, il a été lauréat du prix Bâtisseur de Tourisme Montérégie à l'occasion du Gala Reconnaissance de l'organisme en guise de remerciements pour ses 47 dernières années consacrées au développement de son entreprise et au rayonnement de la région de Vaudreuil-Soulanges à travers le monde. 

Comment se sent-il face à ces reconnaissances ?« Je suis content, ce sont de belles distinctions. Même si j'ai 78 ans, je viens ici tous les jours et je continue de voyager pour transmettre ma passion autour du monde. En mai 2025, je serai à Milan et à Rome », raconte-t-il. 

Membre de l'Office du Tourisme de Montréal depuis 1981, Pierre Faucher parcourt le monde pour faire découvrir la gastronomie culinaire d'ici. « J'ai participé à des soirées culinaires et des salons touristiques sur les cinq continents du monde. À la fin des années 1980, j'ai pris part à des soirées québécoises en partenariat avec des transporteurs aériens majeurs qui mettaient en valeur la musique et la cuisine d'ici dans les plus grandes foires alimentaires du monde. C'était vraiment plaisant.» 

Un grand voyageur dans l'âme 

Véritable globe-trotteur, Pierre Faucher a visité de nombreuses destinations au cours de sa vie. Que ce soit en Europe ou en Afrique, pour le plaisir ou les affaires, en sac-à-dos ou avec des valises, l'homme est toujours content de revenir à la maison. « Quelle est la plus belle destination où vous avez voyagé? » a lancé l'auteure de ses lignes au septuagénaire assis en face d'elle. « La plus belle place, c'est ici, car c'est la maison», a-t-il répondu du tac-au-tac sans hésitation. Une réponse qui témoigne bien de l'amour de M. Faucher pour sa terre d'adoption. 

Né le 13 novembre 1946 sur la ferme expérimentale du campus de l'Université McGill de Sainte-Anne-de-Bellevue, Pierre Faucher grandit dans l'ouest de l'Île de Montréal au sein d'une famille de dix enfants. Il est le cadet de la fraterie. Plusieurs de ses frères, de même que son père, natif de la Beauce, oeuvrent dans le domaine de la construction. 

« Je suis content d'avoir grandi à cet endroit. À l'âge de cinq ans, mon père m'a dit: Pierre c'est très important d'apprendre la langue de l'ennemi, car il contrôle tout. J'ai suivi son conseil et j'ai appris l'anglais grâce à une fillette de cinq ans qui arrivait d'Angleterre et qui demeurait à deux maisons de chez moi. J'ai toujours eu en moi le désir d'en apprendre plus sur la culture québécoise, mais aussi sur les autres cultures du monde.»

Le jeune Pierre aime pratiquer le hockey, mais aussi le baseball. « Mon père me disait qu'on était bien dans l'ouest de l'Île. C'est vrai, on avait une vie confortable, mais il me répétait toujours que la vie était dans le bois. C'est là que lui avait grandi. Je crois qu'il m'a transmis son amour pour la nature. Dans mon adolescence, je travaillais avec lui et mes frères dans la construction durant l'été. Après le souper, on allait s'occuper du jardin et on jasait de tout ce qui nous entourait et de l'héritage du Québec. Mon père était fier de sa province, c'était un patriote dans l'âme», se rappelle-t-il.

C'est au début de la vingtaine, alors qu'il travaille dans une entreprise de Lachine que Pierre Faucher entend l'appel du large. « J'étais très bon au hockey, mais à l'époque, je n'avais pas pu me rendre jusqu'à la LNH en raison d'un problème de santé. Je me suis donc retrouvé à travailler dans une entreprise de câble d'acier située à Lachine où j'avais un poste de représentant qui nécessitait que je porte un veston cravate et que je sois pris dans la circulation tous les jours. J'avais un collègue dans le bureau qui avait 64 ans et demi et qui barrait les jours sur le calendrier avant sa retraite. En l'observant un jour, j'ai réalisé que cet emploi ne me convenait pas. J'ai écrit à mon patron pour le remercier de cette opportunité et lui annoncer que je prenais ma retraite à 20 ans (rires). Je lui ai dit que mon plan de vie était différent de celui offert par la compagnie et j'ai quitté. Puis, je suis parti faire le tour du monde avec seulement 100$ en poche. Je voulais comprendre où j'habite et découvrir mon pays.» 

Malgré qu'il plongeait vers l'inconnu, Pierre a obtenu l'approbation de ses parents face à son projet. Il a quitté le domicile familial pour assouvir son besoin de liberté. « Mon père m'a dit de ne pas me laisser dominer par mes peurs et ma mère m'a aidé à faire ma valise. Ma mère m'a rappelé de bien séparer le blanc des couleurs en faisant mon lavage (rires). Ils n'ont pas essayé de me retenir.» 

Dans les mois qui ont suivi, sa soif d'aventure, doublée de sa grande curiosité, poussent Pierre Faucher à occuper des emplois dans les industries forestières et pétrolières au Canada. Par la suite, il se fait engager dans une station de ski de Banff, avant d'embarquer sur un bateau, un emploi qui lui mènera aux quatre coins du monde. 

En janvier 1972, il décide de poursuivre son voyage à pied et en sac à dos et de traverser le désert du Sahara pour se rendre en Afrique avec un compagnon de voyage. « Ça nous a pris neuf mois. On a vécu plein d'aventures et dormi à la belle étoile. On a croisé des scorpions et des serpents à maintes reprises et dormi dans la jungle près des éléphants et des girafes. On a vraiment pu voir comment les gens vivaient et comprendre les autres cultures. Je suis revenu à la maison en avion à la fin novembre et j'ai eu tout un choc culturel.» 

Quelques semaines après son retour, il décroche un emploi comme représentant commercial pour une entreprise minière de la Georgie. « C'était une grosse job avec voiture fournie et un bon salaire. Je voyageais beaucoup pour des réunions ou rencontrer des clients. Puis, un jour, alors que je me rendais à Philadelphie pour une réunion, j'ai eu une révélation en voyant la UNE du Times Magazine. On y voyait la photo d'une pierre tombale en gros plan sur laquelle il était écrit: Ci-gît le cerveau de X qui, à 40 ans, a cessé de penser. J'ai compris que c'était moi. J'ai démissionné dans les semaines qui ont suivi après trois mois en poste. » 

Une rencontre déterminante 

C'est à la suite de cet épisode que la vie met sur le chemin de Pierre Faucher le propriétaire d'une érablière située sur le chemin du Petit-Brûlé à Rigaud, M. Lefèvre. Après avoir discuté avec un ami, ce dernier mentionne à Pierre Faucher qu'il cherche à faire l'acquisition d'un terrain à la campagne.

« Après mon retour à la maison, j'ai pris mon sac et ma vieille minoune et j'ai décidé de partir à la découverte de l'ouest de l'île de Montréal et de la campagne à Rigaud.» 

Rapidement il déniche un emplacement situé dans le secteur du Petit-Brûlé à Rigaud où le lot de terre borde une rivière et a une vue imprenable sur la montagne de Rigaud. Après avoir négocié le prix, il l'annonce à son ami qui lui avoue plutôt qu'il souhaite s'établir...à Hudson. Qu'à cela ne tienne, Pierre Faucher achète le terrain pour y construire sa maison. 

Pour concrétiser ce projet, il fait appel à des connaissances. Parmi elles, on retrouve M. Lefèvre, à qui Pierre Faucher a l'habitude de donner des coups de main de temps en temps. Ce dernier est propriétaire d'une petite cabane dans le bois où il récolte du sirop d'érable. Un jour M. Lefèvre propose à Pierre Faucher de l'aider à construire sa galerie si ce dernier accepte de l'aider pendant le temps des sucres. 

C'est là que le déclic se fait pour M. Faucher qui découvre qu'il aime travailler dans la nature, participer au cycle de production du sirop et vivre comme le faisait nos ancêtres.

Malgré ce premier contact avec le monde acéricole qui l'a marqué profondément, Pierre Faucher décide de rester dans le coin et ouvre une succursale de l'entreprise Bo Jeans au 115 rue Saint-Pierre, en plein coeur du village de Rigaud en 1975. Un des clients du magasin est Eugène Séguin qui possède la Sucrerie de la Montagne, une toute petite cabane, mais qui peine à fournir à l'ouvrage, car il est seul. M. Faucher accepte donc de l'aider alors que sa femme Sandy gère la boutique de vêtements du couple. 

« Finalement, j'ai acquis son entreprise en 1978. À ce moment-là, la source d'eau était située à 300 pieds de la cabane. On a fait plusieurs modifications et agrandissements au fil des ans pour que ça prenne l'apparence de ce que c'est aujourd'hui. Puis, en 1982, on a décidé d'ouvrir à l'année. En 1984, on a fait la UNE du Times Magazine. Par la suite, on n'a jamais regardé en arrière. »

Malgré qu'il approche des 80 printemps, Pierre Faucher n'a pas perdu sa passion. « Il demeure à 0,5 kilomètre de la cabane, alors il vient faire son tour tous les jours.», témoigne son fils Stefan qui gère l'entreprise à ses côtés depuis 2003. 

Aujourd'hui, plus de 40 ans après son rachat par Pierre Faucher, la Sucrerie de la Montagne continue de briller sur la scène internationale. L'endroit accueille, annuellement, des touristes de partout dans le monde pour leur faire découvrir les merveilles culinaires d'ici comme le sirop d'érable ou encore, les garder à dormir dans l'un de ses chalets rustiques aménagés sur la propriété de la famille Faucher.

Père et fils se font un devoir pour que chaque visiteur se sente comme chez lui à la Sucrerie de la Montagne. 

 

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