Néomédia Vaudreuil-Soulanges continue cette semaine sa série sur l'histoire des églises de la région.

L'église de Saint-Michel, ainsi nommée par le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, sise à Vaudreuil-Dorion, est un monument classé immeuble patrimonial depuis 1957, et un joyau régional dans Vaudreuil-Soulanges.

La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, mais pas au terrain. Vingt-trois objets patrimoniaux classés sont associés au lieu. L'édifice a été érigé de 1784 à 1789 et a été ouvert en 1787.

Histoire

L'église de Saint-Michel est construite de 1784 à 1789 pour desservir la paroisse du même nom, fondée en 1771 dans la seigneurie de Vaudreuil. La paroisse a été appelée ainsi en l'honneur du seigneur Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière (1748-1822).

Avec l'aide de Sébastien Daviau, responsable des collections au Musée régional de Vaudreuil-Soulanges, Néomédia a fait le tour de la magnifique église. M. Daviau détient une maîtrise en histoire et une maîtrise en muséologie de l’Université de Montréal.

Voici quelques faits historiques que M. Daviau a mis en lumière :

« En 2024, on parle de la 241e année de la construction de l'église Saint-Michel de Vaudreuil. Les seigneuries de Vaudreuil et de Soulanges ont été créées en 1716. Jusqu'à tout récemment, on croyait que c'était en 1702, » raconte M. Daviau.

« La paroisse Saint-Michel a été fondée en 1773; auparavant elle était desservie par la paroisse Sainte-Anne-de-Bellevue, la Mission de l'île aux Tourtes et la paroisse Saint-Joseph-de-Soulanges (Les Cèdres), Saint-Régis et Saint-Anicet (19e siècle) », ajoute notre guide.

« M. Chartier de Lotbinière n'a pas implanté l'église où il la voulait originalement. À l'origine, il soouhaitait la positionner près de son manoir de 1765 (démoli maintenant), situé près du pont Taschereau actuel, rappelle le responsable du Musée. Les censitaires dont les terres étaient situées dans l'Anse de Vaudreuil trouvaient cela trop loin ».

Il se fait alors un consensus avec l'évêque Monseigneur Jean-Olivier Briand et le Seigneur Chartier de Lotbinière qui choisiront l'emplacement actuel.

En 1787, l'église était pratiquement vide, seuls les bancs du premier presbytère-chapelle (1772) étaient installés. Il faudra attendre jusqu'en 1792, pour que l'abbé Jean-Baptiste Deguire, responsable de la construction de l'église, choisisse le sculpteur de renom Philippe Liébert pour construire les premières pièces de mobilier : le tabernacle du maître-autel en 1792, le tombeau et la chaire (cuve et abat-voix) en 1793.

Liébert va également réaliser vers 1798 les chandeliers d'autel (recouverts de feuilles d'argent), le chandelier pascal ainsi que les deux autels latéraux, l'un dédié à Saint-Joseph, l'autre à Saint-Louis. Le personnage de Saint-Louis, présente de sa main le blason de la famille Chartier-de-Lotbinière, demandant ainsi la protection divine. « Comme l'indique l'historienne de l'art Édith Prégent, il s'agit d'une iconographie unique au Québec, comportant une composante patrimoniale identitaire, exclusivement rattachée à la paroisse », fait valoir M. Daviau.

La crypte de l'église Saint-Michel

Selon le Centre d'archives de Vaudreuil-Soulanges, l’église comprend une chapelle seigneuriale située dans le transept droit du bâtiment. Celle-ci est dédiée à la famille Chartier de Lobtinière-Harwood. Depuis la construction de l’église, les membres de la famille seigneuriale et leurs descendants ont été inhumés dans la crypte de l’église sous la chapelle.

Des stèles funéraires installées sur les murs de la chapelle rappellent l'existence de quelques défunts. La dernière inhumation d’un descendant de la famille seigneuriale dans la crypte a eu lieu en 2013. La crypte de l'église a été fermée en vertu d'une loi du Gouvernement du Québec il y a plusieurs années. 

Selon M. Daviau, environ 150 corps y seraient enterrés. Ce dernier souligne également qu'il y aurait encore des descendants des familles Chartier de Lotbinière-Harwood vivant dans la région.

Selon le répertoire du patrimoine culturel du Québec

Entre 1856 et 1859, la façade est démolie et remplacée en accord avec les courants néoclassique et néogothique. Elle a aujourd'hui perdu les créneaux qui ornaient les rampants du pignon. La sacristie est allongée en 1868. Deux ans plus tard, le clocher est détruit dans un incendie et immédiatement reconstruit selon le même modèle. La paroisse acquiert en 1871 un orgue fabriqué par le facteur Louis Mitchell (vers 1823-1902). Il est installé dans la galerie du bras nord du transept.

L'intérieur prend son apparence actuelle en 1883 lorsque le peintre-décorateur François-Xavier-Louis-Édouard Meloche (1855-1914) réalise le décor en trompe-l'oeil avec l'assistance de son collaborateur Toussaint-Xénophon Renaud (1860-1946). Au cours des travaux, certains ornements exécutés par Achim disparaissent et l'orgue est déplacé dans la tribune arrière.

L'église de Saint-Michel est classée en 1957. Elle se trouve dans un environnement relativement bien préservé, puisque le presbytère, le cimetière paroissial, un couvent, l'ancien palais de justice et l'ancien collège Saint-Michel (classé en 1961) l'entourent encore. L'église abrite un ensemble de 23 biens mobiliers classés en 1965.

La paroisse Saint-Michel aujourd'hui

La paroisse Saint-Michel est sise au 414, boulevard Saint-Charles. Depuis trois ans, elle est dirigée par Gabriel Parent, gérant de fabrique : « J'adore cet emploi, j'apprends beaucoup, c'est très motivant », confie le responsable.

La paroisse offre une banque alimentaire qui dessert Vaudreuil-Dorion et 151 familles, avec également un service de dépannage alimentaire. 

« Une collecte de fonds est également organisée à chaque année avec le Club Optimiste Vaudreuil-Dorion pour amasser des fonds pour la formation liée aux sacrements de première communion et de confirmation, pour les jeunes de Vaudreuil-Dorion, Vaudreuil-sur-le-Lac et Pointe-des-Cascades », ajoute M. Parent.

« La paroisse Saint-Michel organise de plus une guignolée à chaque année, chapeautée par Élyse Schmidt Viau », précise le gérant.

Outre les messes, les funérailles, les sacrements, la paroisse organise également diverses formations, dont les cours de catéchèse : vous pouvez demander une fiche d’inscription au bureau paroissial. Pour s'informer sur les cours, on peut contacter la paroisse en consultant leur site Web pour tous les détails. Les cours débuteront les 6 et 7 octobre au sous-sol de l'église Très-Sainte-Trinité.

M. Parent se réjouit que la fréquentation aux messes à Saint-Michel ait augmenté, de même que les sommes amassées aux quêtes dans la dernière année. Toutefois, on ne roule pas sur l'or; les dîmes ont diminué, les services funéraires également. » 

Le Ministère de la culture et des communications couvre une partie des frais mais c'est souvent par projet spécifique. « Tout ce qu'on reçoit est immédiatement déposé dans notre compte de banque "patrimoine" », mentionne M. Parent.

M. Parent raconte que plusieurs employés à temps partiel augmentent parfois leur charge de travail sans être rémunérés pour des heures supplémentaires, à cause de leur budget insuffisant.

Il aimerait que des visites de l'église Saint-Michel soient à nouveau organisées, ce qui a déjà été le cas, mais il y a eu perte d'une subvention à cet effet.

Selon M. Daviau, du Musée Régional de Vaudreuil-Soulanges, l'église Saint-Michel n'est pas en péril, est en très bonne santé et elle intéresse beaucoup de visiteurs.

Toutefois, comme on le sait avec toutes les églises qui ont éventuellement changé de vocation et qui ont été transformées, rien n'est jamais gagné d'avance.