Une île, quatre villes, quatre histoires, quatre bancs
Revivre 350 ans d’histoire de l’île Perrot en visitant quatre œuvres d’art
Le Comité du 350e de l’île Perrot et la Société d’histoire et de généalogie de l’île Perrot ont inauguré conjointement ce mercredi les quatre œuvres d’art rappelant, dans chacune des quatre municipalités de l'île, les célébrations du 350e anniversaire de la concession de l’île par l’intendant Jean Talon à François-Marie Perrot en 1672.
L'inauguration a pris des allures de visite guidée à travers l'île Perrot, alors que les convives se déplaçaient à bord d'un autobus, d'un site à l'autre, afin de découvrir les oeuvres.
La présidente du Comité du 350e de l’île Perrot et de la Société d’histoire et de généalogie de l’île Perrot, Lise Chartier, a profité de l'inauguration pour remercier ceux et celles, qui de près ou de loin, on permit la concrétisation du projet.
« Je vous dis merci, maires et conseillers de nos quatre municipalités, d’avoir encouragé notre Comité du 350e depuis le lancement de cette idée de célébrations il y a déjà 4 ans. Merci d’avoir permis aux équipes de vos villes respectives d’appuyer notre Comité tout au long de cette période », a-t-elle souligné.
Des bancs porteurs d'histoire
Prenant la forme de bancs de parcs, ces œuvres racontent en dessins et en textes des bribes de l’histoire des lieux où ils sont installés. L’artiste Fabienne Legrand a créé les dessins accompagnant de courts textes rédigés par la Société d’histoire et de généalogie de l’île Perrot.
« Pour la création des dessins qui illustrent chacune des histoires sur les bancs, j’ai dû composer avec un paramètre inhabituel pour moi, c’est-à-dire de créer des dessins exclusivement linéaires… Donc pas d’ombre, ou de lumière, comme j’ai l’habitude de le faire à l’acrylique ou à l’aquarelle. C’était donc un défi qui m’a obligée, ou permis, comme artiste, de développer une technique encore jamais explorée », a indiqué l'artiste résidente de Terrasse-Vaudreuil.
Faits de bois et d’acier, les bancs ont été conçus par la firme En temps et lieu. Présents lors de la tournée d’inauguration, les quatre maires de l’île ont exprimé leur satisfaction de voir réaliser leur souhait qu’un legs du 350e souligne de façon tangible la contribution de chacune de leur municipalité aux fêtes du 350e de l’île Perrot.
Une île, quatre villes, quatre histoires
Au total, quatre bancs, un par ville, ont été pensés et créés par Fabienne Legrand et la firme En temps et lieu.
Chaque banc rappelle un moment de la mémoire collective de l’île Perrot dans une des municipalités où se sont déroulées les fêtes.
À L'Île-Perrot, le banc a été aménagé au carrefour du Grand Boulevard et du Boulevard Perrot. L’œuvre évoque le poste de traite des fourrures de Brucy et la première route Montréal-Toronto traversant la ville de L’Île-Perrot.
« Sur l’illustration en surface, on reconnaît la station-service opérée par Hector Scraire dans les années 1920. La famille avait également exploité une épicerie aux « 4 coins » et leur maison familiale n’était pas très loin, près de la 6e avenue. Ils ont sans contredit contribué à l’essor de la ville. D’ailleurs, jusqu’en 1962, le Grand Boulevard portait le nom de boulevard Scraire. C’était le chemin principal pour traverser l’île entre les traverses, puis à compter de 1926 entre les ponts Galipeault et Taschereau jusqu’à l’ouverture de l’autoroute 20 en 1940. La dernière illustration fait état d’un peu tout ça. J’ai illustré les 4-coins, à ses débuts avec quelques maisons d’ouvriers, j’ai évoqué la station-service à nouveau, et en plan plus rapproché, une maison de pierres. Plus au nord, j’ai évoqué les marécages », poursuit l'artiste.
À Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, c'est à proximité de l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal que le banc a été installé. Celui-ci rappelle la construction de la première église, l’existence du magasin général et la venue d’immigrants anglais à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot.
« Pour ce banc, j’ai choisi d’illustrer l’église telle qu’on la connaît de nos jours, mais dans un environnement plus ancien, avec un terrain en pente sans le cimetière en paliers, et longé par un chemin qui se rendait jusqu’à la rivière...On voit aussi des fidèles se rendant à pied à l’église, accueillis par un célébrant. L’illustration suivante présente Jeanne Pilon qui a tenu avec sa sœur Lucienne le magasin général hérité de leurs parents. Ce commerce a eu pignon sur rue pendant 100 ans; il était situé en biais avec l’église. Un des habitués était Johnny Angel, un cultivateur de la Grande Anse qui passait beaucoup de temps au magasin, à jouer aux cartes, mais surtout à courtiser Jeanne Pilon, que l’on voit assise sur son tabouret, derrière son comptoir. Jeanne est demeurée célibataire tout comme sa sœur. Comme elle et sa famille ont marqué le cœur des Perrotdamois, une fleur a été créée en son honneur : Mademoiselle Jeanne, une hémérocalle. Juste à côté, en souvenir de la famille Angel, une malle de voyage avec un timbre-poste de Londres daté de 1860 », poursuit Fabienne Legrand
Dans le parc Bellevue à Pincourt, l’œuvre souligne la concession du fief Moreau, l’établissement de la ferme Daoust et la présence des Premières Nations aux rapides de Quinchien.
« Sur l’illustration de surface, on reconnaît cette maison (NDLR: La maison construite par la famille Daoust, là où se trouve actuellement le parc Bellevue) jugée trop coûteuse pour la restaurer, elle fut démolie il y a une dizaine d’années après son achat par la Ville de Pincourt. Le développement immobilier, tout autour, a connu son essor dans les années 1950-1960. Durant cette décennie, Pincourt a approuvé le lotissement appelé Bellevue Estate dont on reconnaît les maisons typiques de l’époque; elles coûtaient moins de 20 000 $. On voit également la maison centenaire de la famille LaFlèche et de Jean-Paul LaFlèche propriétaire d’une terre au bout de laquelle se situe la pointe LaFlèche. La baie en elle-même, aujourd’hui plus effervescente que jamais, fait la fierté des Pincourtois ! », confie l'artiste.
Finalement, dans le parc Gilles-Dicaire, à Terrasse-Vaudreuil, le banc remémore la traverse vers Vaudreuil, le complexe de la poudrière du début du XXe siècle et la naissance de la municipalité.
« Sur l’illustration en surface, j’ai exprimé ma vision de la traverse qu’opérait son fils François, surnommé « French » Laframboise. Jusqu’à l’ouverture des ponts en 1925, la pointe du parc Gilles-Dicaire a vu traverser nombre de personnes sur un chaland, ou un bac, ou une chaloupe jusqu’à proximité de la maison Trestler, ou même sur le pont des trains. La deuxième illustration représente plusieurs époques à la fois. On voit en haut la Poudrière avec de nombreux bâtiments. En dessous, j’ai imaginé le dentiste Alphonse Girouard, au moment, où il a rêvé cette agglomération », conclut, Mme Legrand.
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