Dans Vaudreuil-Soulanges
Une troisième oeuvre pour sensibiliser à l'environnement signée Philippe Corriveau
Le Cycle Polymère est la plus récente oeuvre de Philippe Corriveau qui prend place au parc Emblème des Coteaux
À Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, l'oeuvre est installée dans un sous-bois au parc des Mouettes
À Pointe-des-Cascades, l'oeuvre prend place à la croisée d’un chemin et d’un sentier qui donnent accès à l’eau
Il y a une dizaine de jours, l’artiste Philippe Corriveau dévoilait une de ses créations qui prend place au parc Emblème de la Municipalité des Coteaux. Le Cycle Polymère est une oeuvre réalisée à partir de déchets retirés des berges et du littoral du lac Saint-François et du canal de Soulanges. Entrevue avec l’artiste au coeur de ce projet unique.
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Pour le créateur, il s’agit de la troisième réalisation de ce type qu’il confectionne pour les exposer dans trois municipalités de la région. « J’ai répondu à un appel d’offres du Comité ZIP du Haut-Saint-Laurent, il y a maintenant plus d’un an. L’an passé, la première oeuvre a été installée au parc des Mouettes à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot. Puis, à la fin de l’été passé, vers l’automne, celle de Pointe-des-Cascades a été inaugurée. Cette année, c’est la dernière de trois qui vient boucler la boucle de ce beau projet qui allie arts et environnement », lance-t-il au bout du fil.
Il est important de souligner que le projet a été rendu possible grâce à l’appui financier d’Environnement et Changement climatique Canada, le CACVS et la Municipalité des Coteaux.
L’environnement, au coeur des préoccupations de l’artiste
Même avant d’être l’artiste sélectionné pour prendre part à ce projet à vocation environnementale, cette thématique était déjà bien importante pour Philippe Corriveau. « J’étais déjà très intéressé par la récupération de matières plastiques et animé par le désir de récupérer celles-ci et d’en faire quelque chose d’autre. Déjà, au chalet familial, sur le bord du fleuve en Haute-Gaspésie, j’avais cette habitude de remplir un bac plein de plastique de toute sorte qui s’y trouvait. Par la suite, j’expérimentais avec de l’époxy et je confectionnais un moulage avec les éléments trouvés sur place », raconte-t-il.
C’était donc tout naturel pour Philippe Corriveau de déposer sa candidature après avoir pris connaissance de cet appel d’offres. « C’était dans mon ADN, j’avais déjà fait des oeuvres semblables. Au départ, je pensais que le projet ne compterait qu’une seule oeuvre et finalement je suis rendu à trois dans Vaudreuil-Soulanges. Les matières plastiques qui sont incorporées dans mes oeuvres sont issus de mon environnement. Je les ai recueillies au cours de la dernière année, mais elles provenaient aussi de corvées de nettoyage tenues dans les municipalités où les oeuvres prennent place», précise-t-il.
Pour celle des Coteaux, c’est à l’automne 2021 que le comité ZIP du Haut Saint-Laurent a procédé à une journée de nettoyage au parc Emblème de la Municipalité des Coteaux. En une demi-journée, une dizaine de personnes qui prenaient part à l’activité ont retiré des berges et du littoral du lac Saint-François une demi-tonne de déchets.
Une oeuvre qui respecte l’environnement et témoigne du présent
À la suite de cette corvée, certains déchets de plastique ont été confiés à l’artiste, afin que ceux-ci soient intégrés dans l’oeuvre d’art. « On dit parfois que l’art témoigne de l’époque de l’artiste qui l’a créée. Ce sera le cas cette fois-ci parce qu’on peut y apercevoir des vestiges de la période de COVID-19, soit des masques, des tests et des lunettes de protection. Je trouvais ça important de les montrer. C’est une réalisation faite avec de l’époxy qui est une archéologie du présent. On y trouve aussi des items qui font le lien avec la transparence de l’eau comme le plastique et les espèces de poissons qu’on retrouve dans le lac Saint-François, un aspect qui était aussi un des objectifs du projet.»
Selon le Comité ZIP du Haut-Saint-Laurent, cette étendue d’eau régionale abrite 56 espèces de poissons. « Au départ, je voulais toutes les incorporer dans l’oeuvre. Je les ai toutes dessinées au fusain, mais finalement, je me suis limité aux 5 qui sont les plus présentes à Les Coteaux et qui sont le plus touchées par l’ingestion du microplastique qui s’y retrouve. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le fleuve n’est pas si en santé, on peut y apercevoir encore beaucoup de matières plastiques», constate-t-il.
Notons que les supports sur lesquels reposent les oeuvres de M. Corriveau ont été confectionnés par le Comité ZIP. « J’ai répondu à l’appel d’offres en mars 2022. Ce qui est intéressant avec cette démarche c’est que chacune des trois oeuvres de Vaudreuil-Soulanges a sa propre particularité. À Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, les citoyens ne souhaitaient pas qu’elle obstrue l’eau. Elle a donc été installée dans un sous-bois. À Pointe-des-Cascades, elle prend place à la croisée d’un chemin et d’un sentier qui donnent accès à l’eau. Elle est placée devant la pierre comme à Les Coteaux.»
La température, un enjeu?
Est-ce que la météo parfois capricieuse du Québec, caniculaire en été et sibérien en hiver, est un enjeu lorsqu’on crée une oeuvre extérieure? « Absolument, à moins de faire une oeuvre en granit et en pierre. Le principal défi a été de choisir des matériaux pour assurer sa pérennité. Pour l’oeuvre des Coteaux, j’ai fait un moulage avec de l’époxy directement dans la structure. On peut aussi la retirer de son socle pour l’entretenir ou l’entreposer. Si quelque chose arrive, comme du vandalisme ou autre, ce sera facile à réparer. Une fois que la matière est bien prise, c’est aussi solide que le roc ou le verre trempé. Elle ne bougera plus», souligne-t-il.
Enfin, comment a-t-il apprécié son expérience? « Je suis très content et reconnaissant de la confiance des trois municipalités à mon endroit pour la réalisation de ce projet. C’est précieux qu’elles soient ouvertes à accueillir une oeuvre pour sensibiliser leur population sur la question environnementale. Je suis heureux qu’on ait fait de la place à un projet comme celui-là dans la région. J’ai adoré y participer. En tant qu’artiste, on cherche toujours un contexte significatif pour faire notre travail et développer notre technique au service du message. C’est ce que cette initiative m’a permis de faire. C’était super», conclut-il.
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