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Par le Centre d'archives de Vaudreuil-Soulanges

Une pomme, une orange… ou un morceau de charbon ou des épluchures de patate… Les origines des étrennes ou des cadeaux

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22 décembre 2024
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Par Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Plus jeune j’ai souvenir, en compagnie de mon frère, d’avoir encerclé dans un catalogue les jouets souhaités en prévision de Noël. Cette pratique avait pour objectif d’identifier les candidats potentiels afin d’informer le père Noël de nos souhaits les plus profonds.

Lorsque nous étions trop gourmands, nos parents nous soulignaient les traditions de frugalité du passé des pommes et des oranges. Mais d’où vient cette tradition des cadeaux ?

Étrennes du Nouvel An

Donner des présents pour souligner la nouvelle année est une coutume très ancienne qui serait originaire de l’époque romaine. Les premières informations font état de branches coupées dans la forêt consacrée à la déesse Strena, déesse du Nouvel An, de la purification et du bien-être.

Il est important de souligner que le terme « étrennes » tirerait ses origines du nom de la déesse ou du bois qui lui était consacré et dont la signification est cadeau servant d’heureux pressage.

Concernant l’idée de donner des cadeaux aux enfants, la tradition remonterait au XIIe siècle avec la création de la légende de Saint-Nicolas et la mise en place des fêtes liturgiques. Il est intéressant de noter que dans un premier temps, c’est le petit Jésus qui distribue les cadeaux.

Les présents représentent les offrandes offertes à Jésus par les Rois mages. Il est question de vêtements, de bonbons ou de fruits. La notion d’obéissance et de bonne conduite est primordiale. Pour avoir droit à un présent, il faut le mériter en ayant été sage toute l’année et en ayant obéi à ses parents.

Dans certains pays de l’Europe du Nord se développe aussi la légende de Saint-Nicolas qui apporte les présents et de son antagoniste Père Fouettard qui punit les enfants qui n’ont pas été sages. Ils recevaient alors un bout de charbon ou des épluchures de patate pour les punir.

Cette tradition se transpose dès le début en Nouvelle-France. Il est possible de trouver, dans certains écrits de cette période, des listes et certains détails des étrennes échangées. On mentionne régulièrement des étrennes liées à la nourriture, aux pièces religieuses, aux bonbons, aux vêtements ou aux choses utiles pour la nouvelle année. Il est important de souligner que cette dynamique sera inchangée pour une longue période de l’histoire du Québec.

Évolution des cadeaux de Noël

Avec l’industrialisation et la création des grands magasins se transforment les traditions du temps des fêtes. Plus le temps avance et plus on remarque une marchandisation des festivités.

L’élévation du niveau de vie permet aux gens de libérer des sommes d’argent plus importantes pouvant servir pour les loisirs ou permettre de se gâter. Tranquillement, la période des fêtes et plus particulièrement le jour de Noël se métamorphose de la fête de la famille à la fête de l’enfance.

Les journaux profitent des semaines précédant les célébrations pour publier différents contes et légendes afin de développer une nouvelle mythologie et transformer l’application des valeurs. On passe d’une fête qui transmettait une certaine morale aux enfants à une volonté de retrouver l’émerveillement de l’enfance pour les adultes.

Les vitrines des magasins débordent de décorations et on élabore des mises en scène de plus en plus complexes pour favoriser la convoitise et attirer la clientèle. On offre des gammes de produits de plus en plus élaborées et diversifiées pour offrir en cadeaux.

Dans les vieilles publicités et les anciens catalogues, il est possible d’avoir une idée des cadeaux proposés selon les époques. Au milieu du XIXe siècle, on retrouve, notamment, les chevaux à bascule, les toboggans, les livres d’images, les albums à colorier et les intemporelles poupées.  Dans les années 1860, les jouets à la mode sont de fabrication allemande.

Puis vers la fin du XIX siècle, on remarque des jouets très genrés qui reprennent des rôles, des professions ou des équipements traditionnels. Pour les petites filles, il est toujours question des poupées sous toutes les formes, mais aussi des cuisinières, de vaisselle, des petits meubles, de peinture, etc.

Pour les petits garçons, les catalogues soulignent des jouets en fer ou en fonte comme des véhicules hippomobiles, des soldats de plomb ou des trains. Il y a aussi des outils de menuiseries, les jeux de blocs et les jouets mécaniques. Enfin, au début du XXe siècle, nous verrons l’arrivée des jeux de société.

Dans les publicités, les gens sont divisés selon le sexe et le groupe d’âge, de la petite enfance à l’âge adulte, et des cadeaux adaptés leur sont proposés. Rapidement, on retire les cadeaux de nature religieuse.

Noël est maintenant centré sur les symboles païens et commerciaux. Le clergé est très critique de cette nouvelle marchandisation qui éloigne les catholiques des valeurs chrétiennes.

Les Journaux et les catalogues ont joué un rôle majeur dans la mise en place d’un Noël plus commercial. Par exemple, c’est à travers les journaux illustrés que les Canadiens français découvrent le père Noël.

À la lecture des articles et des publicités, il est possible de voir un changement dans la raison d’être des présents. Rapidement, la publicité transmet le message d’offrir des présents pour vouloir faire plaisir à l’autre avec son cadeau plutôt que de lui donner quelque chose d’utile. Il faut trouver un présent qui sort de l’ordinaire et que nous ne sommes pas habitués à avoir.

Ces publications développent l’imaginaire et l’envie.

On donne les cadeaux le 25 décembre ou le 1er janvier?

En ce qui concerne la remise des cadeaux, historiquement, la communauté anglophone célèbre davantage le 25 décembre alors que le 1er janvier est la fête de la communauté francophone. Pour ces derniers, le 25 décembre est avant tout une fête religieuse. Pour les francophones, la dynamique va commencer à changer à la fin du 19e siècle.

Si pendant une certaine période, on offre des présents lors des deux journées, le 25 décembre finit par l’emporter. Il est important de souligner que comme Noël est la fête des enfants, l’accent publicitaire pour les cadeaux finit par y être centralisé.

La notion d’échange comme les étrennes du Nouvel An disparait, au profit de gâter le plus possible les enfants et donc de dépenser sans compter. On comprend rapidement l’avantage des marchands de vouloir accentuer cette vision.

En revanche, pour les classes populaires francophones, la transition pour le changement de date entre le Nouvel An et le 25 décembre sera complétée uniquement après la Seconde Guerre mondiale.

En terminant, avec les innovations comme l’invention du plastique et le développement des technologies de l’électronique et de l’informatique, nous avons vu exploser la diversité et la quantité des jouets et donc d’opportunité de cadeaux.

Malgré cela, certains classiques demeurent des incontournables. Finalement, plus que le cadeau, il ne faut pas oublier l’importance des sentiments et des valeurs familiales de bonheur et de partage liés aux festivités.


Nous vous souhaitons une belle période des fêtes et beaucoup de plaisir.

Auteur : Frédéric Laniel, archiviste, Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges

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