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Par le Centre d'archives de Vaudreuil-Soulanges

Le 150e du Sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes et le 50e du spectacle son et lumière

durée 18h00
1 décembre 2024
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Par Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Nous sommes en l’an 1874. Un nouvel homme religieux arrive au Collège Bourget pour prendre le poste de préfet de discipline. Cet homme est le Frère Ludger Pauzé. Fortement curieux de nature, il s’aventure éperdument dans la montagne de Rigaud à la recherche de beautés naturelles.

Il parcourt la montagne de long en large pendant ses temps libres, visite la croix au sommet, visite la gueule de l’éléphant, visite le ruisseau et les guérets. Il fut rapidement un amoureux de la nature qui entourait et côtoyait le Collège Bourget. 

C’est lors d’une de ses aventures en montagne au mois d’août 1874 que ce dernier découvre un ravin d’une beauté resplendissante. Il décide de faire de ce lieu, un lieu de recueillement en l’honneur de la Vierge Marie et en rappel aux apparitions qui avaient eu lieu à la grotte de Massabielle à Lourdes en France en 1858.

Il y construit une niche de 16’’ par 10’’ qu’il peinture de bleu et de blanc et qu’il pose sur un socle doré. À l’intérieur, il y insère une statuette haute de 10 à 12 cm (4 ou 5 pouces) de la Vierge Marie. Le tout est accompagné d’une petite lampe, de sorte qu’elle demeure éclairée même la nuit. 

Ce sont les modestes débuts du Sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes. Ce lieu original devint un lieu de recueillement et un lieu pour s’isoler dans la paix de la nature pour le Frère Pauzé qui était malade. Il s’y rendait fréquemment pour aller se ressourcer auprès de la Vierge Marie dans ce décor enchanteur. 

Ce lieu de recueillement attire rapidement l’attention et surtout l’intérêt de ses collègues religieux, notamment celui du supérieur du Collège, le Révérend Père François-Xavier Chouinard. Ce dernier trouve l’idée de Pauzé géniale. Il supporte Pauzé et souhaite rendre le lieu public. 

Presque immédiatement après que Pauzé eut créé ce nouveau lieu de repos et de recueillement, les élèves ainsi que le personnel religieux du Collège commencent à y effectuer des visites. À la fin des vacances et donc au début des cours au collège, les élèves viennent se recueillir au sanctuaire. Les élèves du collège furent donc les tout premiers pèlerins du sanctuaire.

Le deuxième emplacement

Le Père Chouinard se rend rapidement compte, par contre, que ce lieu est beaucoup trop isolé et difficile d’accès. Il propose donc de bouger le sanctuaire de quelques 30 mètres (100 pieds) plus bas et un peu plus à l’ouest.

Le 4 octobre 1874, accompagné des professeurs et des collégiens, le Père Chouinard, en procession et au chant de litanie, déplace la statuette pour aller l’installer sur les lieux que nous connaissons aujourd’hui. 

En 1875, on décide de remplacer la statuette originale qui est considérée comme trop petite. On la remplace par une statue de 160 cm (5 pieds) de haut en terre cuite et importée d’Europe qu’on place au pied d’un grand pin au sommet du rocher. Un fanal est posé à ses pieds pour bien l’illuminer.

Ce dernier sera pendant un certain moment sous la responsabilité de la famille Charlebois qui se chargeait de l’allumer et de l’entretenir. Plus tard, la tâche sera remise entre les mains des congréganistes de Saint-Viateur. Cette statue sera installée dans une nouvelle niche à 29 mètres (95 pieds) de hauteur, creusée dans le roc par le Frère Pauzé. 

Le Frère Pauzé, initiateur de ce projet grandiose, ne verra pas les beaux et grands jours du sanctuaire. Au mois de février 1875, gravement malade, il se rend à Montréal dans le Mile-End pour recevoir des soins de médecin, mais la maladie a trop progressé. Il décède le 16 mars 1875 à l’âge de 39 ans, alors qu’il était dans sa 20e année de vie religieuse. 

Le 21 mars 1886 marque le début d’une toute nouvelle épopée pour le sanctuaire. La Fabrique de la Paroisse de Rigaud cède un terrain de trois acres qu’ils avaient eux-mêmes acquis du seigneur de Rigaud à la communauté des Clercs de Saint-Viateur.

Ce terrain, au pied de la montagne, surplombe la ville et la plaine et se situe directement en arrière du Collège Bourget et juxtapose le cimetière de la ville. La condition ultime et absolue de ce transfert de propriété tel que stipulé dans le contrat était d’en faire un lieu de pèlerinage officiel. Le Curé Rémillard propose qu’une chapelle soit installée au sommet du rocher. 

Dès le 21 mai 1886, on commence les travaux pour le réaménagement total du sanctuaire. On procède au dynamitage et à la construction de la route taillée dans le roc par les élèves du collège et des bénévoles.

La statuette originale de Pauzé est perdue à tout jamais à ce moment-ci. Deux hypothèses s’interposent : la statuette aurait été détruite ou perdue lors d’un dynamitage ou bien un malfrat s’en serait emparée. 

En octobre 1886, on enlève la statue de 160 cm (5 pieds- la 2e statue du sanctuaire) et on la place en face du Collège en haut de l’avenue. Deux nouvelles statues sont installées dans la grotte au sanctuaire soit une de la Vierge Marie et une de Bernadette (témoin des apparitions de 1858 en France). Le 17 octobre 1886, on procède à l’inauguration officielle des nouveaux lieux face à plus de 1000 pèlerins venus sur place. 

En 1887, on procède à la construction de la chapelle de bois au haut du rocher selon les plans de E-F Meloche. Elle sera inaugurée les 9 et 17 octobre de la même année. C’est la même que l’on peut toujours visiter et observer aujourd’hui. 

En 1889, on assiste au premier pèlerinage effectué par des gens venant de l’extérieur. Ce sont les Sœurs de Saint-Anne (36 religieuses) avec leurs élèves du couvent de Lachine qui arrivent par bateau pour venir prier Marie.

En 1890, c’est l’ouverture de la ligne de chemin de fer entre Vaudreuil et Rigaud, ce qui amène un nombre imposant de nouveaux pèlerins, le premier train arrivant le 15 août. Les bateaux furent entre autres beaucoup utilisés par les pèlerins irlandais venus de Montréal. 

En 1895, le Père Houle accompagné de ses élèves construisent une nouvelle route à flanc de montagne partant de la cour des élèves jusqu’au sanctuaire. On agrandit le site en faisant du déblaiement et du terrassement. En 1898, on construit un chemin partant de la chapelle et se rendant jusqu’au Guérets pour les touristes. 

De 1888 jusqu’au début de la Première Guerre mondiale en 1914, le sanctuaire tentera de faire venir le plus de pèlerins possibles. La popularité des lieux est en constante croissance. 

La période difficile des deux guerres mondiales

La Première Guerre mondiale freine grandement cet élan. Le sanctuaire doit réduire de beaucoup ses activités, et ce, même jusqu’à quelques années après la guerre. De 1916 à 1922, les pèlerinages seront réservés seulement aux gens du Collège Bourget et de la région immédiate.

Il faut beaucoup d’efforts après la guerre pour ramener les foules sur place. Les autorités du sanctuaire doivent négocier fortement avec les autorités du chemin de fer et on entreprend de fortes campagnes de propagande pour que les pèlerins soient à nouveau au rendez-vous. 

Pour que le sanctuaire reprend du tonus, on donne plus de latitude pour les pèlerinages, l’horaire des messes et les divers offices célébrés dans la chapelle ou en plein-air. On ouvre également dès le mois de mai et on amplifie les programmes de fête.

Tel était le modus operandi jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En 1932, l’Association de Notre-Dame-de-Lourdes est créée pour renforcer les liens entre les pèlerins et le sanctuaire. Fait intéressant à noter, en 1937, des trains spéciaux proviennent d’Alexandria (Ontario), d’Ottawa, de Saint-Hyacinthe et de Valleyfield. 

La Deuxième Guerre mondiale vient elle aussi mettre un frein aux activités du sanctuaire. Au cours des trois premières années de la guerre, les visites continuent normalement, mais à partir de 1942, les mesures de guerre commencent à affecter durement le sanctuaire et ses opérations. Il n’y a plus aucun train et autobus à tarif réduit jusqu’en 1946. De 1942 à 1946, il n’y eut qu’un seul pèlerinage officiel. 

Le renouveau du sanctuaire

Dans la même veine qu’après la Première Guerre mondiale, on recommence à investir dans le sanctuaire après la guerre pour que les gens reviennent sur place. En 1947, la route menant au sanctuaire est goudronnée, le service téléphonique est installé et on aménage un nouveau chemin menant aux guérets. 

Les années 1950 marquent vraiment un renouveau pour le sanctuaire. Le nombre de visiteurs est fort surprenant et les améliorations et rénovations faites au sanctuaire sont nombreuses. Sans compter également plusieurs événements marquants. En voici quelques-uns pour comprendre l’importance de cette décennie dans l’histoire du sanctuaire.

On procède à l’installation de lampadaires et à l’agrandissement du stationnement. En 1951, on installe des toilettes modernes; en 1954, on construit une nouvelle chapelle en pierres rouges de style ogival au bas du rocher où les messes seront tenues. L’année d’après, on construit un grand escalier qui monte derrière la chapelle ogivale, l’escalier rose. 

En 1957, c’est au tour de la construction de l’abri-restaurant et du magasin moderne. En 1958, on célèbre le 100e anniversaire des apparitions de Lourdes en France. Le Cardinal P-E Léger tient les célébrations et on couronne la Vierge de Notre-Dame-de-Lourdes. Le 17 août 1958, le Sanctuaire est qualifié de sanctuaire national par le Cardinal Léger. 

1959 sera particulièrement occupée : on ajoute 150 nouveaux bancs devant la chapelle de pierres rouges. C’est aussi l’année de la première messe sur le nouvel autel de marbre installé dans la chapelle. Entre 1959 et 1961, on construit les 10 confessionnaux qui seront officiellement terminés en mai 1961. 

Fait important des années 1950 à noter, à partir de 1951, l’argent qui est récolté au sanctuaire est conservé sur place et n’est plus envoyé au Collège Bourget comme c’était le cas auparavant. Cet argent sert à entretenir et à améliorer les lieux. 

Les balbutiements pour la construction d’une basilique au haut des rochers ont également lieu en 1959. Cette basilique que l’on voulait nommer ‘’Chapelle de la reconnaissance à Notre-Dame-de-Lourdes’’ a été pensée par l’architecte Jean-Marie Lafleur qui avait fait les plans. En 1962, on lance même une campagne de financement pour sa construction. Ce grand rêve restera justement un rêve puisqu’on abandonne finalement ce projet grandiose. 

Le 13 août 1965, le sanctuaire obtient finalement son autonomie. Le 23 octobre, la charte est émise et la Corporation du Sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes voit le jour. 

Le spectacle son et lumière

L’an 1974 annonce l’arrivée du spectacle son et lumière. Pour célébrer le centenaire du sanctuaire, le Père Raoul Préseault des Clercs de Saint-Viateur et ses collaborateurs confient aux Productions André Morin Inc., la confection d’un spectacle son et lumière en trois volets qui se déploie dans un décor naturel.

Il s’agit d’une représentation nouveau genre alors qu’on utilise les procédés de l’électro-acoustique. Les paroles, chants et musique sont enregistrés sur bandes magnétiques et les jeux et lumières sont commandés par un système électrique. La voix sera celle d’André Chenail, ancien annonceur de Radio-Canada.

Le spectacle sera présenté quatre fois par semaine, soit les dimanches, mardis, jeudis et samedis, ce dernier ayant une durée d’approximativement une heure. 

Ce spectacle nouveau genre avait pour but d’évoquer la fondation du Lourdes canadien et d’inviter le visiteur à participer à une cérémonie religieuse exaltant la foi. Initialement, il avait été planifié de présenter ce spectacle pendant 5 ans, mais il finira par être représenté jusqu’en 1995. 

Les guérisons

Un texte sur l’historique du sanctuaire n’en est pas un sans mentionner quelques exemples de guérisons dites miraculeuses qui ont eu lieu sur place. 

En l’an 1890, Marie-Claire Labrèche est atteinte de rhumatisme inflammatoire paralysant ses mouvements. Elle se déplace à l’aide de béquilles et d’une canne. On lui fait une messe où tous prient pour elle et on l’amène devant la statue de la Vierge. Elle repart finalement en marchant seule. En reconnaissance, son mari construit et fait un don d’un autel qui sera placé dans la petite chapelle. 

En 1945, Pierrette Laberge de Montréal, 9 ans, est atteinte d’eczéma chronique depuis l’âge de 2 ans. Elle est guérie après s’être lavée avec l’eau bénite du robinet de Lourdes. 

En 1949, Monique de Montréal, 5 ans, souffre d’une paralysie intestinale depuis sa naissance. Lors d’un pèlerinage, elle gravit les escaliers à genoux pour demander sa guérison. Elle les redescendit en courant, son entrain et son appétit soudainement revenus. 

Conclusion 

Aujourd’hui, au 21e siècle, le sanctuaire est toujours bien vivant et populaire. On estime qu’environ 40 000 personnes le visitent chaque année. Des activités et des événements y ont toujours lieu, et chaque année une programmation est mise en place.

 On continue à entretenir les lieux d’une manière exemplaire et le site demeure encore en 2024 un joyau de la région de Vaudreuil-Soulanges. 

Auteur : Michaël Dicaire, responsable des fonds et collections, Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges. 

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