Les producteurs de la Montérégie-Ouest pourraient subir les contrecoups
Tarifs douaniers à 25%: l'industrie acéricole est inquiète
La menace de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes, mesure qui entrerait en vigueur le 1er février prochain, inquiète les Producteurs et productrices acéricoles du Québec. On fait le point avec le directeur des communications de la PPAQ, Joël Vaudeville.
En Montérégie-Ouest, l’industrie acéricole représente 1,2 million d’entailles qui sont la propriété de 245 entreprises. De ce nombre, 14 % sont certifiées biologiques. Annuellement, on y produit 5,7 millions de livres de sirop d’érable qui ont une valeur totale sur le marché de 18,8 millions de dollars.
Plus précisément, dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges, on dénombre 31 entreprises acéricoles et un total de 151 714 entailles. La production annuelle de sirop d’érable pour ce coin de pays est de 700 919 livres pour une valeur de 2,3 M$.
Dans Beauharnois-Salaberry, on compte 28 entreprises acéricoles qui cumulent 96 517entailles. La production annuelle de cette région s’élève à 445 909 livres de sirop d’érable pour une valeur de 1,4 M $.
À l’échelle nationale, c’est 239 millions de livres de sirop d’érable qui ont été produites en 2024. De ce nombre, 100 millions prennent le chemin des États-Unis.
M. Vaudeville ne cache pas que la PPAQ est inquiète face à la volonté de M. Trump. « Si ses menaces entrent vraiment en vigueur, ça aura un impact important sur notre industrie, c’est certain. Mais en ce moment, on peut se demander s’il y aura des tarifs. Ils devaient s’appliquer le 20 janvier dernier, et ça a été remis au 1er février prochain. On peut aussi se questionner: si des tarifs sont mis en place, seront-ils vraiment de 25 %? Si c’est le cas, ce sera inquiétant, car entre 60 % et 65% du sirop d’érable produit en Montérégie est exporté aux États-Unis pour être vendu dans les supermarchés», informe-t-il.
Grâce à l’entente de libre-échange Canada-Europe, le doux nectar sucré produit par l’industrie acéricole peut aussi être exporté en Europe. « Un total de 8% de la production mondiale est acheminé en Allemagne et 6% le sont au Royaume-Uni et en France. Si les tarifs douaniers de 25% entrent en vigueur, on peut anticiper que ça aura un impact sur la facture des consommateurs. Il faudra aussi s’attendre à un impact sur les ventes du sirop d’érable chez nos voisins du Sud. On peut aussi, peut-être, s’attendre à une hausse des demandes sur le marché européen. Une fois qu’il est prêt, le sirop d’érable a une durée de vie de dix ans. Donc, si on se retrouve avec des surplus, il sera envoyé vers notre réserve stratégique.»
Pour les non-connaisseurs, la réserve stratégique assure un approvisionnement constant des marchés, indépendamment de l'ampleur de la récolte. « En temps normal, le sirop qu’on y envoie n’est pas payé aux producteurs tout de suite, mais seulement quand il est vendu. Or nous avons des discussions actuellement avec le gouvernement provincial pour voir s’il serait possible d’offrir une rémunération aux producteurs en attendant que le sirop de la réserve soit vendu si les tarifs imposés sont mis en application. »
De son propre aveu, M. Vaudeville tente de garder la tête froide par rapport aux menaces de Trump. « On ne sait pas si les tarifs se sont appliqués et si oui, à combien ils se chiffreront. On étudie actuellement tous les scénarios.»
Si les tarifs entrent en vigueur, M. Vaudeville ne craint que cela entraîne une déstructuration du produit. « Si tous les supermarchés américains décident de ne plus en mettre sur les tablettes, ce serait problématique. Quelques commerçants ont comme stratégie de stocker le plus possible le sirop d’érable, ce qui peut être une bonne option. Il peut y avoir des enjeux d’espaces qui s’imposent toutefois, mais ça peut être une bonne option », conclut-il.
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