Une question de rétention
Une pénurie de main-d’oeuvre malgré la croissance démographique dans Vaudreuil-Soulanges
La pénurie de main-d'œuvre qui frappe actuellement le Québec n’exclut pas la région de Vaudreuil-Soulanges, qui connaît depuis des années l’une des plus fortes croissances démographiques de la province. La majorité des gens quittent toutefois pour des régions voisines pour le travail.
« Quand on roule sur le territoire de la MRC, c’est presque rendu anormal d’avoir une entreprise qui n’a pas une affiche qui dit “nous recrutons” », déplore Philippe Roy, directeur de la planification et enjeux régionaux du Développement Vaudreuil-Soulanges (DEV).
Selon lui, la région fait plutôt face à une rareté qu’une pénurie de main-d'œuvre. « On sait que les gens sont là. On a quand même une MRC populeuse, mais on a beaucoup plus de gens qui habitent le territoire qui y travaille », indique-t-il.
Sur les 65 000 citoyens qui se déplacent quotidiennement pour le travail, 60% quittent le territoire, alors que 40% voyagent entre municipalités ou à l’intérieur de celles qu’ils habitent selon M. Roy.
C’est pourquoi le DEV, en partenariat avec la Chambre de commerce et de l'industrie de Vaudreuil-Soulanges (CCIVS) et Synergie, multiplie les stratégies afin de promouvoir les emplois locaux comme avec la campagne Employeurs de qualité.
La Table de l'emploi, dont DEV est partenaire, organise aussi des événements de recrutement comme le Salon emplois de qualité, qui aura d’ailleurs lieu de manière virtuelle du 18 au 22 octobre prochain.
Des programmes d’accompagnement aux entreprises sont aussi disponibles afin d’offrir des formations aux employés, « ce qui pourrait faire en sorte que des individus qui sont présentement au sein d’une entreprise puissent continuer à acquérir des connaissances et des habiletés afin de progresser dans la même entreprise », ajoute M. Roy.
Une réalité municipale
La pénurie de main-d'œuvre affecte tous les secteurs d'activités, même l’administration municipale. Les plus petites municipalités, souvent plus éloignées des centres urbains, vivent maintenant avec un roulement constant de personnel.
« Les jeunes viennent, prennent de l’expérience, les plus grosses villes offrent plus et on les perd [...] Ce n’est pas simple pour les municipalités. Souvent on monte des projets avec une personne, et elle quitte en plein milieu », informe Yvon Chiasson, maire sortant de Saint-Zotique, impliqué également sur le plan des ressources humaines à la MRC de Vaudreuil-Soulanges.
Lorsque quelqu’un reste plus de trois ans, c’est un exploit pour M. Chiasson. Des municipalités sont ainsi contraintes de faire appel à des firmes externes ou encore à se partager du personnel entre elles.
Avant le déclenchement des élections, les municipalités de Saint-Polycarpe, de Pointe-des-Cascades et de Vaudreuil-sur-le-Lac se partageaient la même directrice générale.
Pour Yvon Chiasson, cette problématique a aussi été accentuée par la Prestation canadienne d’urgence (PCU) cet été, alors que la plage de Saint-Zotique et d’autres municipalités ont eu beaucoup de mal à recruter pour des emplois étudiants.
Un impact sur le développement économique
Même s’il avoue qu’un impact est perceptible, Philippe Roy n’est pas prêt à dire que cela freine le développement économique de la région. Il faut néanmoins selon lui être responsable lorsqu'un nouvel employeur s’installe sur le territoire. «On n’ira pas chercher une entreprise qui va amplifier le problème », assure-t-il.
M. Roy mise ainsi sur la rétention des travailleurs, que ce soit par le salaire, mais aussi par les conditions de travail, des activités au sein de l’entreprise, permettre le télétravail, ainsi que d’autres avantages.
« Les employeurs sont plus conscients que ce qu’ils ont entre les mains c’est une denrée qui est d’intérêt et d’importance, de prendre soin de leur monde encore plus », considère-t-il.
La région s’apprête à connaître aussi à connaître d’importants changements, comme l’arrivée de l’hôpital de Vaudreuil-Soulanges, où le recrutement est géré par le projet de l’hôpital, mais aussi d’autres chantiers qui pourraient favoriser la rétention des travailleurs.
« Avec le pont de l’île aux Tourtes qui s’en vient et les différents travaux, il va vraiment y avoir un enjeu de circulation qui pourrait aussi entrer dans les valeurs des citoyens, soit de consommer local, de passer plus de temps en famille et d’être moins dans la voiture », conclut-il.
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