Une Néo-Brunswickoise nommée Mère nationale de la Croix d’argent
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Par La Presse Canadienne, 2024
Maureen Anderson a perdu ses deux fils lors de leur service outre-mer dans l’armée canadienne, même s’ils sont morts des années plus tard et sur un continent loin de la poussière brûlante et de la violence de la guerre en Afghanistan.
En grandissant, Ron Anderson était plus sérieux, «un petit combattant», se souvient sa mère. Son frère cadet Ryan était plus calme, plus doux. Tous deux se sont enrôlés dans l’armée avant d’avoir terminé leurs études secondaires, déjà certains de ce que serait leur cheminement de carrière.
«Mes fils ont été très gentils avec moi, et ils me manquent terriblement», a déclaré Mme Anderson en entrevue cette semaine depuis sa maison à Oromocto, au Nouveau-Brunswick.
Le sergent Ron Anderson, père de quatre enfants, s’est enlevé la vie en 2014 à l’âge de 39 ans. Ryan, également sergent et père de deux enfants, est décédé en 2017 à l’âge de 38 ans.
Mme Anderson n’aime pas discuter des détails sur la façon dont ils sont morts, mais elle attribue les deux décès au trouble de stress post-traumatique dont ils ont souffert en raison de leur long service militaire à l’étranger, notamment en Afghanistan.
La dame de 78 ans se rendra à Ottawa pour déposer une couronne de fleurs lors de la cérémonie nationale du jour du Souvenir, le 11 novembre, en tant que Mère nationale de la Croix d’argent de cette année. La Croix d’argent, également connue sous le nom de Croix du souvenir, est décernée aux mères ou aux veuves de soldats canadiens décédés en service actif ou à cause de celui-ci.
Mme Anderson dit que cette nomination est «un peu écrasante», mais elle affirme être honorée d’avoir été choisie par la Légion royale canadienne.
Une famille de militaires
Bien qu’elle ait perdu ses deux seuls enfants, elle dit qu’elle n’a jamais souhaité qu’ils choisissent une carrière différente. D’une certaine manière, une vie militaire semblait presque inévitable pour les deux.
Mme Anderson elle-même est la fille d’un vétéran canadien de la Deuxième Guerre mondiale. Son défunt mari, Peter, était soldat, servant dans le régiment The Canadian Guards sur la colline du Parlement, puis dans le régiment The Royal Canadian Regiment. Mme Anderson a elle-même a servi brièvement dans l’armée de l’air en tant qu’infirmière à Ottawa.
Elle a dit que Ron a décidé très tôt de suivre les traces de son père.
«C’était sa vie et il l’aimait», a-t-elle relaté, ajoutant que Ryan n’était pas loin derrière.
Un retour difficile
Ron est devenu un membre apprécié de l’armée, servant en Croatie, en Bosnie et au Kosovo avant d’effectuer deux missions en Afghanistan. Mais à son retour à la maison après son deuxième séjour là-bas, en 2007, sa mère dit qu’il avait changé – il est devenu distant et colérique. «Il n’était tout simplement plus le même», a-t-elle affirmé.
Après le décès de Ron, elle a appris qu’il avait reçu une récompense à Fredericton après avoir sauté d’un véhicule pour administrer les premiers soins à un jeune garçon sur le bord d’une route en Afghanistan, malgré le danger qui l’entourait. Ron n’en a jamais parlé à personne. «C’était sa façon de faire, mais nous étions dévastés lorsque nous avons reçu le certificat, pensant que nous aurions pu être là», a-t-elle raconté.
Ryan, a-t-elle dit, a commencé à «vraiment décliner» après la mort de son frère. Son mariage en a souffert et il est devenu isolé, triste et renfermé. Il a servi en Afghanistan aux côtés de son frère, ainsi que dans plusieurs autres déploiements à l’étranger, notamment en Bosnie, en Éthiopie et en Haïti.
Un article publié en juillet 2007 dans le «National Post» sur l’Afghanistan décrivait les dangers auxquels les frères ont été confrontés lorsqu’une série de bombes a frappé leur convoi alors qu’il se dirigeait vers la province de Kandahar pour prêter assistance à la police afghane.
L’article de Don Martin parle de Ron Anderson, qui a assisté à l’explosion d’un kamikaze et de Ryan qui se trouvait dans un véhicule qui a heurté un engin explosif improvisé, le tout seulement quelques jours après que six de leurs camarades soldats canadiens eurent été tués par une bombe au bord de la route.
Un meilleur traitement réclamé
Depuis le diagnostic de ses fils, Mme Anderson a publiquement appelé à un meilleur traitement pour les vétérans souffrant de trouble de stress post-traumatique. Elle se demande si Ryan prenait trop de médicaments et si les vétérans n’auraient pas besoin de plus de discussions, de contrôles et de médecins spécialisés. En fin de compte, cependant, elle n’a pas les réponses.
«Je ne sais pas ce qu’ils font pour les soldats, a-t-elle affirmé. Je ne sais vraiment pas, mais peut-être qu’ils n’en font pas assez.»
Elle a le sentiment que de plus en plus de personnes sont prêtes à parler ouvertement de ce trouble que par le passé et espère utiliser son titre de Mère de la Croix d’argent pour s’assurer que cela continue.
Mme Anderson, qui est à la retraite, dit qu'elle garde vivants les souvenirs de ses fils en regardant quotidiennement leurs photos et en se remémorant les bons moments. Elle a également six petits-enfants, dont l'un des fils de Ron qui s'est engagé dans l'armée, et plusieurs arrière-petits-enfants.
Elle se tient occupée en voyant des amis et en faisant du bénévolat dans sa communauté, notamment en aidant à la Campagne annuelle du coquelicot du jour du Souvenir. Et même si sa position de premier plan dans la cérémonie nationale de commémoration du 11 novembre de cette année sera quelque chose de nouveau, elle dit qu'elle a toujours assisté aux événements locaux du jour du Souvenir, peu importe où sa famille était en poste.
«Je n'ai jamais manqué un événement, qu'il pleuve, qu'il neige ou autre, a-t-elle témoigné. Donc, cela faisait partie du 11 novembre pour moi, toujours.»
Morgan Lowrie, La Presse Canadienne