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Un patient devra débourser en moyenne 33 000 $ au Canada pour combattre un cancer

durée 04h01
9 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un diagnostic de cancer est toujours un choc pour la personne qui le reçoit et ses proches. Les premières pensées sont naturellement dirigées vers le pronostic, mais il y a aussi des répercussions financières. Au Canada, un patient cancéreux devra débourser en moyenne 33 000 $ pour son traitement et son rétablissement.

C'est ce que révèle un nouveau rapport publié lundi par la Société canadienne du cancer (SCC). Le document a été préparé en collaboration avec le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada.

Les résultats sont issus d'un logiciel qui fait de la projection de données à partir du croisement de données sociodémographiques et des données sur le cancer tirées des registres provinciaux et territoriaux.

Le calcul des coûts à défrayer par un patient et ses proches a été divisé en trois phases de soins, la première étant les traitements initiaux sur une durée de 12 mois. La deuxième phase est celle des traitements continus qui débutent après la première année de traitements jusqu'à un maximum de 10 ans. La troisième phase est la dernière année de vie, ce qui comprend notamment les soins palliatifs.

Les personnes atteintes de cancer et leurs proches aidants paient 20 % des coûts totaux du cancer au Canada, ce qui représentait un montant de 7,5 milliards $ en 2024, dont 5,2 milliards $ seulement pour la première année post-diagnostique. La SCC évalue que la portion à payer des patients pourrait grimper à 8,8 milliards $ par année d'ici 10 ans en raison de la hausse du coût de la vie et du vieillissement de la population.

En 2024, les coûts pour le système de santé devraient représenter 30,2 milliards $. À eux seuls, les coûts du cancer du poumon, du sein, colorectal et de la prostate devraient se chiffrer à 14,2 milliards $ pour le système de santé.

La première année après un diagnostic de cancer est la plus dispendieuse pour le patient, indique David Raynaud, gestionnaire principal, défense de l’intérêt public à la SCC. Il explique qu'il y a souvent une perte de revenu et de plus, les traitements sont plus intensifs, donc cela requiert parfois des équipements médicaux, des frais de transport et d'hébergement.

Pour aider les patients et leurs proches à réduire les coûts qui pèsent pendant plusieurs années, la Société canadienne du cancer demande aux gouvernements de poser des gestes concrets. «On peut penser à une diminution des coûts des médicaments contre le cancer, qu'ils soient donnés en établissement ou à domicile, un crédit d'impôt remboursable pour les proches aidants, ce qui n'est pas toujours le cas à travers le pays. On peut penser à une amélioration du congé avec protection d'emploi», énumère M. Raynaud. Il souhaite aussi davantage de soutien pour les déplacements et l'hébergement.

«On pense que si les gouvernements à travers le pays posent des gestes en ce sens là, on pourrait vraiment diminuer le fardeau financier sur les patients et les proches aidants. Nous, ce qu'on veut, c'est que ça soit le plus faible possible. Dans un pays riche comme le Canada avec un système de soins universel, ce n'est pas acceptable qu'il y ait autant de coûts qu'on ne voit pas ou qui sont un peu cachés pour les personnes qui ont un diagnostic de cancer», déplore M. Raynaud.

Inégalités

Le rapport souligne que les personnes avec un faible revenu, un revenu fixe et celles vivant en région rurale ou éloignée sont plus impactées par le fardeau financier d'un diagnostic de cancer. «Sans oublier les communautés mal desservies comme les nations autochtones, les Métis et les Inuits, qui ont aussi des coûts potentiellement plus élevés», ajoute M. Raynaud.

«On ne fait pas face aux difficultés financières suite à un diagnostic de cancer de la même façon. Il y a une asymétrie dépendamment de votre situation. Et ça entraîne qu'il y a des personnes qui choisissent de sacrifier ou de reporter une partie de leur traitement, ce qui est très préoccupant», commente-t-il.

Le rapport ne détaille pas la proportion des citoyens qui habitent en région éloignée et qui doivent se déplacer pour recevoir des traitements, mais selon le gestionnaire à la SCC, c'est un nombre important de personnes.

«Même quand on habite en banlieue d'une grande ville ou en périurbain, souvent les centres en cancérologie qui donnent les traitements dont vous avez besoin sont dans les grands centres, dit-il. Plus on est loin d'un grand centre, plus ça peut nous coûter cher en transport, mais aussi en hébergement. Plusieurs vont décidez de ne pas faire par exemple deux heures de voiture à aller et deux heures au retour en ayant reçu des traitements qui sont quand même lourds, soit une chirurgie ou de la chimiothérapie.»

La Société canadienne du cancer rappelle qu'elle a des ressources qui peuvent appuyer financièrement les personnes atteintes de cancer.

Des coûts élevés même au Québec

Même si la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) offre l'une des couvertures les plus généreuses au Canada, les patients de la Belle Province n'échappent pas aux dépenses élevées liées à leur maladie. M. Raynaud fait valoir que plusieurs choses ne sont pas couvertes, comme certains médicaments qui doivent être pris à la maison. «Il y a aussi beaucoup de frais auxquels on ne pense pas, comme des séances de physiothérapie ou des crèmes et des pommades. Ça fait que les coûts augmentent rapidement même au Québec», souligne-t-il.

Le gouvernement québécois offre un crédit d'impôt remboursable aux proches aidants, mais il est difficilement accessible, selon M. Raynaud, puisqu'il faut être proche aidant pendant 12 mois consécutifs. Il explique que les proches aidants d'une personne cancéreuse n'atteignent souvent pas ce seuil. «Il faudrait peut-être revoir ce crédit d'impôt pour qu'il soit plus accessible et que la réalité des personnes touchées par le cancer et leur proche soit représentée dans ce programme», suggère-t-il.

En parallèle de la diffusion du rapport, la Société canadienne du cancer a lancé une pétition qui devrait être remise aux gouvernements. Elle demande à la population d'exhorter les gouvernements de partout au Canada à rendre les soins contre le cancer plus abordables.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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