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Québec solidaire demande que les églises accueillent les personnes itinérantes

durée 13h50
12 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Québec solidaire appelle le gouvernement Legault à intervenir d’urgence pour mettre les espaces vides ou sous-utilisés des églises au service de la lutte contre la crise de l’itinérance à Montréal.

«C'est inacceptable de penser qu'on sacre le monde dehors du métro pour la nuit et qu'il n'y a rien d'autre, qu'il n'y a aucune autre place pour eux autres. Ça ne se peut pas», s’est insurgé le député solidaire de Saint-Henri - Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, debout sur le perron de l’église Sacré-Cœur-de-Jésus, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, en compagnie d’une petite délégation de députés de son parti.

«François Legault se fout de Montréal»

La porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, s’est montrée extrêmement sévère à l’endroit du premier ministre. «La crise de l'itinérance qu’on vit nous montre que la CAQ a encore une fois abandonné les Montréalais et les Montréalaises. François Legault se fout de Montréal», a-t-elle laissé tomber d’un ton aussi glacial que l’air ambiant de mercredi matin.

Québec solidaire affirme que le diocèse de Montréal s’est montré ouvert face à la possibilité pour le gouvernement de louer des espaces vides, tels des sous-sols d’églises, des salles paroissiales et autres pour y aménager des refuges temporaires ou des haltes-chaleur. Ruba Ghazal s’est adressée directement au premier ministre, estimant que le ministre responsable, Lionel Carmant, «fait ce qu'il peut, mais ce n'est clairement pas lui qui tient les cordons de la bourse».

«François Legault doit arrêter de détourner le regard sur cette crise», a-t-elle jugé, réclamant qu’un mandat soit donné aux CISSS et aux CIUSSS pour s’occuper de louer les espaces requis et fournir le personnel de soutien requis pour cette clientèle souvent délicate à gérer.

Pas le temps de couper

Consciente des contraintes financières imposées aux institutions de la santé, la porte-parole solidaire a fait valoir que non seulement la gravité de l’itinérance, mais aussi la situation économique actuelle, imposent une autre approche que celle de la lutte contre le déficit. «Avec la récession où on s’en va avec les tarifs de Trump, ce qu'on dit au gouvernement de la CAQ, c'est de ranger sa tronçonneuse de l'austérité dans nos services publics, d'arrêter de couper. Cette demande à Santé Québec de couper 1,5 milliard de dollars, le gouvernement devrait l'abandonner.»

«Ça va toucher aux services, ça touche déjà aux services et c'est sûr qu'en ce moment, avec la crise de l'itinérance, ça ne va pas régler la situation. Ce n'est pas le temps de s'occuper du déficit», a-t-elle plaidé.

«En 2021, je suis allé me faire vacciner dans le sous-sol d'une église qui avait été louée pour ça par les CIUSSS, a rappelé de son côté Guillaume Cliche-Rivard. Les CISSS et les CIUSSS sont capables de le faire, doivent l'organiser. On doit avoir ces espaces-là pour nos citoyens.»

Le député a dit que «ça coûte moins cher de s'occuper de la crise de l'itinérance que de ne pas s'en occuper», faisant valoir qu’une étude menée l’automne dernier évaluait à 75 000 $ le coût annuel qu’une personne à la rue représente pour la Ville de Montréal. Mais au-delà de ça, dit-il, l’itinérance occupe désormais l’espace montréalais à un point qui dépasse ce qui est acceptable. «J'ai pris le métro avec mon petit bonhomme de 3 ans et demi. Il m'a demandé: comment ça se fait qu'il y a un monsieur qui dort dans le métro?»

«Comment se fait-il que c'est à la Société de transport de Montréal de gérer ça actuellement?», s’insurge-t-il.

Les enjeux de cohabitation

S’il reconnaît que d’aménager des lieux pour accueillir les sans-abris dans les églises soulèvera inévitablement des enjeux de cohabitation, il avance une hypothèse que certains citoyens qui ont vécu ces enjeux seraient fort tentés de contester. «Je n'ai pas d'inquiétude sur le 'pas dans ma cour'. Les Montréalais et les Montréalaises, les Québécois et les Québécoises sont ouverts, sont consciencieux. Ils savent ce qu'on est en train de vivre et ils savent qu'on ne peut pas rester les bras croisés.»

Il n’écarte pas l’idée de porter cette quête en dehors de la métropole. «S'il y a de l'ouverture sur la proposition et si on voit que les choses bougent, c'est évident qu'après ça on va aller cogner à la porte de Québec, qu'on va cogner à la porte de Sherbrooke, de Trois-Rivières et d'ailleurs pour qu'on ait des propositions qui fonctionnent.»

Évidemment, les députés solidaires ont aussi beaucoup insisté sur l’urgence de construire du logement abordable, des maisons de chambres, des logements sociaux, répétant que l’inquiétante croissance de l’itinérance est le résultat direct de la crise du logement. «Le tiers des gens en situation d'itinérance le sont parce qu'ils ont été évincés de leur logement.»

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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