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Québec met sur pause le soutien aux élèves immigrants et autochtones

durée 18h42
27 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Québec a cessé de financer des mesures de soutien destinées aux élèves immigrants et autochtones, a appris La Presse Canadienne.

Les mesures favorisant «l'intégration et la réussite des immigrants» ainsi que «la réussite éducative des Autochtones» sont mises sur pause, a confirmé, lundi, le ministère de l'Éducation.

Au total, une quinzaine de mesures figurent dans la liste que le ministère a fait parvenir aux directeurs généraux des centres de services scolaires à la mi-décembre.

Parmi les autres mesures «retirées des règles budgétaires à compter de 2024-2025»: «les projets jeunesse en changements climatiques» et «l'initiation des élèves du secondaire à la démocratie parlementaire».

Cette décision touche directement les élèves, déplore en entrevue le président de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE), Nicolas Prévost.

«Il y a des écoles qui avaient des projets pour faire connaître la culture québécoise, (...) et tout ça va être mis sur la glace cette année. Il n'y en aura pas», a-t-il dénoncé.

À Laval, par exemple, on organisait souvent des voyages à Québec, à l'Assemblée nationale et dans certains musées, illustre le président de la FQDE.

«On parle toujours, nous, de faciliter l'intégration de nos nouveaux élèves. (...) Pour nous, c'était une façon de bien les accueillir, de bien les intégrer dans la communauté québécoise.»

Par ailleurs, la mise au rancart de la mesure de soutien pour les Autochtones, qui permettait notamment de financer des activités de vivre-ensemble, affectera particulièrement l'Abitibi et la Côte-Nord, selon M. Prévost.

Un porte-parole du ministère, Bryan St-Louis, a tenu à préciser dans un échange avec La Presse Canadienne que toutes les dépenses qui ont été approuvées avant le 13 décembre 2024 seront honorées.

Le reste est «mis sur pause temporairement», a-t-il indiqué.

Selon ses chiffres, en date du 13 décembre, 19,9 millions $ avaient déjà été approuvés pour la réussite des Autochtones; en comparaison, 18,9 millions $ ont été dépensés en 2023-2024.

La mesure de soutien aux élèves immigrants avait été financée à hauteur de 2,1 millions $ en 2023-2024. Au 13 décembre 2024, les sommes investies s'élevaient à 2,3 millions $.

La mise sur pause de ces deux mesures a néanmoins quelque chose d'étonnant, selon Corina Borri-Anadon, professeure au Département des sciences de l'éducation de l'UQTR.

«Quand on regarde autour de nous, ce sont quand même des enjeux de première importance», a-t-elle souligné en entrevue.

«Ces élèves-là vont devoir vivre dans un monde où on aura à poursuivre nos efforts de réconciliation avec les premiers peuples, à gérer la crise climatique, à trouver une façon de vivre dans une société ensemble. Je ne vois pas comment on peut s'en sortir», a-t-elle ajouté.

En novembre dernier, la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, avait déploré le peu de soutien offert aux élèves autochtones.

Elle soulignait dans son rapport que le ministère de l’Éducation «met encore peu d'actions en œuvre pour favoriser la réussite» de ces élèves.

Selon elle, les élèves autochtones ne reçoivent pas de soutien adapté à leurs besoins lors de leur transition entre une école de leur communauté et une école du réseau scolaire québécois. Ils ne reçoivent pas non plus suffisamment d'aide en français.

Le gouvernement Legault, qui est aux prises avec un déficit record de 11 milliards $, a demandé en décembre au réseau de l'éducation de faire un effort budgétaire de 200 millions $.

Certains centres de services scolaires ont choisi de couper dans l'aide alimentaire, l'achat de livres et les sorties culturelles, a rapporté Le Journal de Québec.

Lors d'une annonce dans une école à Prévost la semaine dernière, le premier ministre François Legault a nié vouloir faire des compressions en éducation.

Il a déclaré que les budgets n'ont cessé d'augmenter sous son gouvernement, et qu'il revenait aux centres de services scolaires de les gérer de façon rigoureuse.

«D'avoir un discours qui dit qu'il n'y a pas de coupures, c'est difficile à croire quand on a l'exemple concret de l'inverse», a réagi, lundi, Nicolas Prévost.

«On s'attaque aux jeunes, c'est notre société de demain. (...) C'est dommage de (...) faire deux pas en avant, puis deux pas en arrière, c'est difficile pour les milieux scolaires», a-t-il renchéri.

Caroline Plante, La Presse Canadienne

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