Procès de Coutts: une jurée est renvoyée pour s'être endormie en pleine audience

LETHBRIDGE, Alta. — L’un des jurés entendant les témoignages dans le procès pour meurtre et complot entourant le blocus frontalier de Coutts, en Alberta, a été congédié pour s’être endormie dans la salle d’audience.

Le juge de la Cour du Banc du Roi, David Labrenz, a déclaré vendredi aux jurés qu’il avait pris conscience que la jurée s’endormait lors d'un témoignage au procès d’Anthony Olienick et Chris Carbert.

«La jurée avait du mal à rester éveillée et on l’a observée à plusieurs reprises comme somnolente pendant le témoignage», a-t-il signalé au jury.

«Chacun de vous doit entendre les preuves et être en mesure plus tard de discuter des preuves et de vos impressions sur celles-ci avec vos collègues jurés lorsque vous délibérez», a-t-il rappelé.

Me Labrenz a demandé aux jurés de lui faire savoir s’ils avaient besoin d’une pause pour marcher, s’étirer ou prendre une collation.

«Parfois, écouter des preuves peut être assez fatigant. Parfois, ce n’est pas comme une émission de télévision scénarisée», a-t-il indiqué.

Le jury, composé de 14 membres — cinq hommes et neuf femmes — est désormais réduit à 13 personnes.

Ils entendent des témoignages depuis un mois à Lethbridge, en Alberta.

Lorsqu’ils se retireront pour examiner le verdict, l’un d’eux sera excusé pour porter le nombre final des délibérants à 12.

Deux jurés supplémentaires ont été excusés avant même le début du procès, dont un qui a déclaré au tribunal que le petit ami de sa sœur était un compagnon de cellule de l’un des accusés.

Anthony Olienick et Chris Carbert ont été arrêtés au début de 2022 après avoir participé à un blocus pour protester contre les restrictions liées au COVID-19 et les mandats de vaccination au poste frontalier très fréquenté entre le Canada et les États-Unis à Coutts. Le barrage routier a bloqué la circulation pendant deux semaines.

Le tout s’est terminé de manière pacifique et rapide après que la police a procédé à des arrestations et saisi des armes et des gilets pare-balles à proximité du lieu de la manifestation. D’autres armes, munitions et deux bombes artisanales ont ensuite été trouvées au domicile d’Anthony Olienick.

Un expert judiciaire de la GRC a témoigné vendredi que la poudre contenue dans des tuyaux était explosive.

Poursuite

Jusqu’à présent, les jurés ont entendu la Couronne présenter ses arguments.

Elle a présenté comme preuve des messages texte de l’accusé, ainsi que des saisies d’armes et des témoignages d’agents infiltrés.

Les agents, se faisant passer pour des volontaires lors du blocus, ont déclaré au tribunal que M. Olienick avait affirmé qu’il pensait que la GRC était l’outil du premier ministre «diabolique» Justin Trudeau et qu’elle méritait d’être pendue. Les policiers ont témoigné que l'accusé avait déclaré que si la police effectuait une descente dans le blocus, il «leur trancherait la gorge».

Dans une vidéo d’interrogatoire de la police montrée au jury, M. Olienick a nié avoir pris pour cible la police, mais a déclaré qu’il craignait une invasion des troupes des Nations Unies ou des communistes chinois.

Il se qualifiait, ainsi que les autres, de «chiens de berger» protégeant «le troupeau» des envahisseurs tyranniques.

Les jurés ont également pris connaissance de messages textes envoyés par les deux accusés.

Dans l’un d’entre eux, Chris Carbert met en garde sa mère contre la guerre et affirme qu’il est prêt à mourir, en lui disant: «Plus tôt vous vous réveillerez avec ce qui se passe, plus tôt vous comprendrez pourquoi je dois faire ce que je dois faire.»

Anthony Olienick, dans une série de messages, qualifie le blocus de dernier combat apocalyptique contre un gouvernement satanique. Dans un texte, l'accusé soutient qu’il ne s’en sortira peut-être pas vivant, disant à un ami: «Si je meurs, nourris mon chat et prends mes armes.»

Jeremy Simes, La Presse Canadienne